AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 52 notes
5
5 avis
4
12 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Atara Stern et Mila Heller, deux jeunes filles de familles juives hassidiques, cherchent à échapper à leur destin.

En août 1940, la Roumanie est contrainte de rétrocéder à la Hongrie la partie Nord de la Transylvanie. Dans les déplacements forcés de population, les Hongrois sont regroupés au Nord et les Roumains au Sud. Les Saxons, colons allemands restés en Roumanie, sont incorporés dans la Wehrmacht. Après la chute du régime hongrois de Miklos Horthy, qui les a relativement préservés, les Juifs sont déportés et livrés aux Allemands en 1944.

Deux enfants juifs hassidiques transylvains, Josef et Mila, échappent à la mort après avoir vu leurs familles anéanties. Josef est sauvé par une fermière catholique. Plus tard, c'est lui qui soustrait Mila à la mort et la conduit auprès du rabbin hassidique Satmar, Zalman Stern, le père d'Atara.

Après la guerre, Mila et Atara, élevées comme des soeurs, suivent la famille à Paris. Bien que fréquentant une école laïque, elles sont soumises aux règles très strictes de la communauté. Mila accepte, mais Atara se rebelle. Elle découvre que le Rebbe, chef religieux du mouvement, a quitté la Hongrie pour la Suisse en 1944, à la suite d'une négociation entre le sioniste Rudolf Kastner et le nazi Eichmann. On reproche au Rebbe d'avoir été épargné alors que sa communauté mourait dans les camps. Petit à petit, les découvertes d'Atara l'éloignent de sa famille, qu'elle finit par quitter. Mila épouse Josef, mais leur union ne donne pas naissance à une lignée pure.

Je suis interdite initie aux rites et aux traditions du judaïsme orthodoxe où l'adhésion stricte à la loi, celle de la Torah, est fondamentale. L'utilisation de termes hébreux accentue encore l'immersion dans un monde très codifié. Avec un style dépouillé et concis, Anouk Markovits revient sur le sort des Juifs de Hongrie. Elle raconte aussi l'histoire de sa communauté et l'histoire de sa famille. Atara la rebelle, c'est elle.

Un roman authentique et prenant qui ne juge pas, mais éclaire sur le parcours d’Anouk Markovits et le monde dont elle est issue.


Commenter  J’apprécie          313
Avant de nous plonger très prochainement dans les romans de la rentrée littéraire 2014, retour sur un beau livre passé hélas un peu inapercç de la rentrée de septembre dernier.

Ce beau roman nous fait entrer dans l'univers des juifs hassidim ultra orthodox où toute action dans la vie est soumise à des lois extremement strictes sans aucun écart possible. le récit commence au début de la guerre et nous suivons les personnages.

L'histoire de Mila et de Joseph nous émeut particulièrement car malgré leur amour ils sont despespérement prisonniers de leur religion jusqu'au drame final; l'auteur sait, comme dans les bons romans, nous faire partager cette souffrance de cette famille enfermée dans ses croyances et ses inteprétations pour le moins équivoque des textes religieux. Un récit intelligent, émouvant et qui fait réfléchir...
Lien : http://www.baz-art.org/
Commenter  J’apprécie          211
Quel livre!

Avec les années noires de l'extermination juive en Europe se sont multipliés les déplacements, contraints ou volontaires, de populations survivantes, constituant une vaste diaspora qui n'a jamais aussi bien porté son nom de peuple errant.

Après la guerre, en exil comme tant d'autres, la famille du rabbin Zalman s'installe à Paris, venant de Transylvanie. Chez ces juifs Hassidim, on vit dans la crainte du père, car dans la crainte de Dieu. Grand érudit de la Thorah, Zalman veut imposer soumission, études des livres saints et tempérance à ses enfants, fascinés par un pays nouveau.
Coutumes, costumes, contraintes les marginalisent. L'éducation par devoirs et interdits fait le quotidien, assortie de culpabilité dans l'inévitable transgression de la jeunesse.

Quitter sa famille et choisir l'indépendance pour s'instruire sera un acte de courage remarquable pour l'une des filles qui y perdra sa famille, tandis que l'autre suivra la voie tracée d'un mariage arrangé dans sa communauté, pour le meilleur et le pire...
Entre Paris et New York, le destin des individus est peu de chose face au fondamentalisme religieux.

Chacun choisit le chemin qui lui convient.
Mais en toute chose, l'excès me semble condamnable, l'humanisme, la tolérance et le libre arbitre devraient être la règle.
L'argumentaire de ce roman m'a donc émue, révoltée et sidérée, face à une religion dogmatique, rouleau compresseur indifférent aux sentiments des êtres.

Une lecture rendue pourtant agréable par une écriture qui privilégie les sensations, les bruits, les odeurs, montrant de l'amour et de la poésie dans un monde familial compliqué. Une lecture difficile, mais dont la qualité narrative force l'intérêt et captive, en nous mettant en immersion dans la culture juive(glossaire en fin de livre), et en nous instruisant sur la différence de l'autre.
Commenter  J’apprécie          212
Je suis admirative car Anouk Markovits réussit à écrire un roman, apparemment pour partie autobiographique, sans porter de jugement négatif sur cette communauté hassidique alors qu'on a rapidement envie de hurler face à tant de «traditions» qui pour moi, font surtout preuve d'un obscurantisme affirmé.
L'histoire débute en 1939 en Transylvanie et se termine à Williamsburg (Brooklyn) en 2007.
On traverse donc presque soixante dix ans d'histoire mais rien ne bouge dans cette communauté où l'on vit une foi intransigeante, reclus, sans aucun lien avec le monde extérieur. Il y est question d'amour et d'amitié mais c'est difficile (c'est un euphémisme...) d'être heureux, surtout pour les femmes, quand le poids de la religion et ses contraintes sont si prégnants.
Le roman est construit en cinq livres, rappelant les cinq livres de la Torah (Pentateuque). Il comporte de nombreuses références à ce texte et un glossaire en fin de livre permet de comprendre quelques termes d'hébreu.
J'imagine qu'Anne Markovits qui a quitté sa famille ultra orthodoxe à l'âge de 19 ans a du vivre un déchirement entre sa foi et son besoin de liberté. A travers son roman, elle nous restitue ici brillamment et sans manichéisme cette douloureuse expérience.
Commenter  J’apprécie          150
J'ai découvert « Je suis interdite » dans la liste « Livres étrangers sélectionnés pour le Fémina 2013 » Comme je fais toujours confiance à Babelio, j'en ai sélectionné quelques-uns dont celui d'Anouk Markovits. Disons en introduction que le roman aurait également mérité de figurer dans la superbe liste « le livre qui vous a bouleversé »…
Alors que ses parents sont exécutés par les nazis, Mila est secourue par Joseph, lui-même orphelin de guerre, qui va la conduire à bon port chez Zalman Stern. La fillette va grandir dans cette famille aimante, développer une relation forte avec Atara, l'aînée du couple. Joseph, quant à lui, sera envoyée dans une communauté juive hassidique aux Etats Unis, pour y être élevé selon la Loi religieuse.
La religion tient une place centrale dans la vie des personnages, une religion pratiquée avec ferveur, qui guide chaque acte du quotidien, dont la Loi est la seule vraiment reconnue. Mila et Atara, en grandissant, choisissent des voie différentes. La première va totalement se conformer, accepter le cadre et les règles strictes imposées par les Hassidim. Elle sera mariée à Joseph ; leur amour sera bien fragile cependant lorsqu'ils auront à arbitrer entre leur propre bonheur et/ou respecter la Loi.
Atara, après que son père l'ait battue parce qu'elle n'avait pas respecté Sabbat, fermera son coeur à la tradition et s'enfuira. Pour elle, pas de retour possible : elle sera bannie définitivement de la famille, de la communauté.
Pour les deux jeunes femmes, le choix de vie sera complexe – les confrontant chacune à des paradoxes. Impossible d'être juive à moitié ici : on se soumet aux règles, pas d'autres alternatives sinon que la fuite.
Dès les premières pages on est accablé par le poids de la religion : Zalman Stern, alors adolescent, fait un rêve érotique et les émois que cela suscite en lui génère une culpabilité terrible. le contexte est ainsi posé d'emblée : lorsqu'on est juif et hassidique, on contrôle son corps, on ne se laisse pas aller des pulsions, l'intimité elle-même est rythmée par des règles (les pénitentiels chrétiens sont rédigés sur le même modèle).; la Torah a une réponse pour toute situation de la vie terrestre. C'est à la fois très sécurisant – pas besoin de se perdre dans des débats intérieurs puisque tout a déjà été édicté – et extrêmement oppressant.
Anouk Markovits dépeint ici, avec pudeur et distance, sans jugement, tout ce qui peut effrayer dans cette forme extrême de religiosité : une pratique impitoyable où l'individu ne peut jamais être sujet de sa vie mais toujours l'objet de Dieu ; une Loi qui empêche de penser, de questionner, où la soumission au groupe et à la communauté est totale. Dans l'Europe de l'après-guerre, de la Shoah, où de nombreux enfants –tels les personnages principaux ici – se sont retrouvés orphelins, appartenir à une communauté est sans doute vital. Ce sont aussi ces valeurs que l'auteur nous fait partager.
J'ai souffert pour Mila, Joseph et Atara, j'ai compati au fait qu'ils ne puissent pas être vraiment artisans de leur destin. Lorsque j'ai refermé le livre (que j'ai lu d'une traite)et essuyé une larme, j'étais contente d'avoir fait un bout de chemin avec eux, d'avoir plongé au coeur d'une culture si étrangère à la mienne.
Commenter  J’apprécie          90
Saga familiale et religieuse à travers quatre générations d'une famille juive orthodoxe hassidique, originaire de Transylvanie, ayant fui le nazisme, installée entre Paris et New-York.
Ce roman nous donne un aperçu sans concession ni complaisance mais sans aucun jugement non plus du fondamentalisme juif et de la loi rabbinique. Cette famille de juifs orthodoxes, et principalement le père de famille, le rabbin Zalman, vit dans la crainte de Dieu et dans une pratique stricte, austère de la religion (hormis les chants qui donnent un peu de gaieté et de joie dans tout ça !) où tout contact avec le monde extérieur et profane est proscrit, où tout n'est que codes et rituels. Cette communauté fermée est hostile à toute modernité. Et la notion du libre-arbitre – qui s'oppose au destin – la volonté de Dieu – n'existe pas. Et c'est là tout ce qui oppose Mila (recueillie par la famille Stern après le massacre de sa famille) qui va vivre sa foi avec dévotion à Atara, la fille aînée des Stern, sa soeur de coeur qui, elle, va rapidement vouloir s'échapper de ce carcan religieux qui l'étouffe. « Etait-ce être sans coeur que de rêver d'une vie à soi ? » se demande Atara. « Atara s'était mise à lire de plus en plus, elle lisait sur le chemin de l'école et au retour, elle lisait en classe, le livre sous le pupitre, elle lisait la nuit à la lueur d'une lampe de poche sous l'édredon». Plus elle découvre les livres profanes, plus l'enseignement judaïque fondamentaliste qui lui est délivré lui semble devoir être remis en cause, ainsi que les interprétations hassidiques de la Torah. Mais pour Atara, choisir son chemin et son destin (pour s'instruire notamment ailleurs que dans les livres sacrés), c'est quitter sa famille, pour toujours car aucune compromission n'est possible ni aucun retour. Mila suivra la voie du mariage arrangé mais heureux et plein d'amour avec Josef, son compagnon d'enfance, à New-York mais elle transgressera les règles elle aussi, dans le secret.
La notion de péché (et donc de culpabilité) et de souffrance du peuple juif est omniprésente et pesante dans ce roman. « Quand Dieu commande qu'un enfant doit payer pour les pêchés de ses parents », cette phrase résume bien la pression qui pèse sur les épaules de cette famille hassidique, à commencer par les enfants, pratiquant la religion à la lettre, sous peine d'être châtiés et de compromettre la venue du Messie.
Anouk Marcovits nous montre une religion extrême, rigide, qui nie toute décision personnelle dans sa vie et dans ses choix, puisque c'est Dieu qui guide la vie. Et l'amour (celui de Josej et Mila) dans tout ça devient compliqué quand il faut s'en tenir aux diktats de la Torah !
Livre bouleversant pour une lecture enrichissante, tellement que j'ai eu envie et besoin de me documenter pour mieux le comprendre et aller plus loin dans la réflexion. Une lecture tout sauf passive. On dit que les bons romans ouvrent des mondes, et celui-ci n'échappe pas à la règle.
Commenter  J’apprécie          50
Depuis la Transylvanie juste avant la Deuxième Guerre Mondiale, en passant par Paris après la guerre, jusqu'à Williamsburg aux USA, le roman fait revivre quatre générations d'une famille Satmar. Une plongée passionnante dans la vie d'une famille juive orthodoxe, un sujet qui me fascine depuis de nombreuses années.
On suit pas à pas l'évolution des deux soeurs Satmar : Mila, dont la foi s'intensifie au fil des années et Atara, qui remet en cause la doctrine fondamentaliste en découvrant en cachette le monde des livres et du savoir. Un récit presque autobiographique si l'on en croit la bio d'Anouk Markovits, qui a fuit aux Etats-Unis pour échapper à un mariage arrangé…
Commenter  J’apprécie          40
C'est une lecture enrichissante qui nous permet de vivre une véritable immersion dans les milieux hassidiques. On peut être stupéfait du jusqu'au boutisme de certaines pratiques évoquées dans le texte mais le livre permet de poser de nombreuses questions essentielles. Dans quelle mesure l'observation rigoureuse des lois religieuses peut-elle nous rendre heureux ? Où puiser ses forces pour se défaire de ces liens ? Sommes-nous responsables des fautes de nos aïeux ? La langue pudique et juste, rend, quant à elle, les personnages touchants et nous met dans l'incapacité de porter le moindre jugement sur eux.
Commenter  J’apprécie          30
Voilà une lecture qui m'a laissée pensive et plutôt bouleversée. Durant la seconde guerre mondiale, Josef et Milz, deux enfants juifs échappent à la mort et chacun d'entre eux se retrouve le seul survivant de leur famille respective. Josef, sauvé et élevé par une jeune femme catholique, rejoindra, après la guerre, une communauté juive hassidique aux Etats Unis, pour y être élevé selon la Loi religieuse. Mila quant à elle, grandira à Paris auprès d'une famille hassidique. Elle y rencontre Atara qui deviendra à la fois sa soeur et sa meilleure amie. Mila et Atara grandiront ensemble et seront initiées à la tradition hassidique. Leur manière de voir les choses et l'existence qu'elles mèneront prendront cependant des tours très différents. Si Mila se conformera aux règles strictes imposées par la religion, Atara, elle, se rebellera, perdant sa famille mais gagnant sa liberté.

Si la religion tient une grande place dans ce livre, l'auteur y aborde aussi la question du train de Kastner qui a longtemps fait débat au sein de la communauté juive. Elle nous parle des souffrances du peuple juif et de l'après guerre, de l'exil, du poids de l'éducation, de la famille, du couple.

Ce livre nous conte l'histoire de plusieurs générations dont les personnages sont prisonniers. Prisonniers du fait de ne pouvoir vivre leur religion durant la guerre et de "trop" la vivre ensuite. Comment concilier son désir de liberté et son appartenance à une communauté? Peut on commettre une transgression afin de permettre la transmission? Est ce trahir les siens que de vouloir s'instruire et rêver d'une autre vie? Doit on choisir entre foi et amour? Est on responsable des fautes commises dans le passé? Tant de questions auxquelles se retrouvent confrontés les personnages.

Avec subtilité et respect, sans jugement, l'auteur, qui elle même a fui sa communauté afin d'échapper à un mariage arrangé et suivre des études laïques, nous dépeint là un monde clos et intransigeant mais où l'amour est bel et bien présent.

Je suis interdite est un livre à la fois beau et angoissant. Un livre qui ne laisse pas indifférent.


Lien : http://tantquilyauradeslivre..
Commenter  J’apprécie          20
Étrange destinée.
De Transylvanie à New York, la vie de Mila aurait pu être douce et calme, mais la magnifique histoire d'amour qui avait si bien commencée va s'écrouler, Mila a transgressé les règles strictes imposées par la religion.
Ce roman fait pénétrer le lecteur dans un univers plutôt méconnu où amour et foi ne sont pas toujours compatibles.
A découvrir sans tarder.
Commenter  J’apprécie          20



Autres livres de Anouk Markovits (1) Voir plus

Lecteurs (100) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}