Comment avait-il pu passer à côté de tant de beauté? Il avait l'impression de se réveiller, de découvrir le bonheur de vivre. Ce décor était pourtant si simple! Il en était resté subjugué. Il connaissait ce jardin depuis toujours, mais aujourd'hui il pouvait apprécier sa beauté. L'émotion humidifiaut ses yeux.
Les Jacques sont des gens admirables… Jacques Brel à la chanson, Jacques Prévert aux rimes et moi, Jacques Muller aux pinceaux !
- Je peux vous aider, mademoiselle, questionna-t-il.
Il essaya d'être poli, mais sa voix trahissait son énervement. Il avait horreur d'être observé. Il assimilait cela à du voyeurisme violant son intimité.
- Pourquoi toutes les peintures représentant l'automne sont lugubres ?
Jacque ne sut que répondre. Ses yeux s'étaient agrandis et sa bouche restait résolument fermée. Jamais on ne lui avait fait ce type de remarque.
Jacques était incrédule. Il n’avait pas souvenir d’avoir bu une seule fois dans sa vie du thé. Il n’était pas anglais et même s’il possédait un chat il ne pensait pas ressembler aux grand-mères racontant leurs ragots autour d’une théière fumante.
Une lueur automnale éclairait le salon désormais transformé en atelier. Durant l’été, les chansons du Grand Jacques provenant de la porte d’entrée laissée ouverte avaient attiré quelques curieux. Guidés par l’odeur du cigare, après quelques pas dans un couloir, ils découvraient alors sur leur gauche une pièce garnie de tableaux attendant un acheteur. Près de la fenêtre, avec vue sur le couloir, le peintre travaillait sur son chevalet. Peignant de sa main droite, fumant de sa main gauche.