Ce qui est avéré, c'est que Joachim Peiper n'éprouve aucune difficulté pour se recaser, puisqu'à peine parti de chez Porsche, le voilà chez Volkswagen ; plus précisément à la concession Moritz Autohaus de Reutlingen, à quelque 40 km de Stuttgart. Là, il brûle les étapes et occupe rapidement un poste de responsabilité à la promotion des ventes.
Mais s'il n'a pas bénéficié de l'un des vingt mille passeports argentins offerts par Perón, s'il ne fut pas l'un des hôtes de la trop célèbre "colonie Dignitad" de Santiago, ou l'un des innombrables nazis récupérés par choix par les États-Unis, l'Égypte, la Bolivie ou l'Union soviétique, Peiper n'a peut-être pas seulement choisi la France parce que le terrain n'y était pas cher et qu'il avait eu le coup de foudre pour le "petit Traves", ni encore parce que, comme le disait son fils "il aimait la France, son atmosphère, son mode de vie, que c'était l'époque De Gaulle-Adenauer et qu'il était persuadé que nos deux pays seraient désormais de bons voisins".
Alors, après la clarté et les simplifications de l'immédiat après-guerre, à la faveur de la guerre froide et de la confusion idéologique qui s'empare du monde, si Hitler, Himmler, Goering et quelques autres gardent tout leur pouvoir répulsif, voici que ceux que' l'on présente comme de "purs soldats", voire des "soldats purs", les Hess, les Skorzeny et les Peiper acquièrent peu à peu une sature héroïque.
Pourtant, sous les fards et les peintures de guerre, la réalité est bien différente.
À côté des vêtements, les papiers rangés dans un tiroir et un porte-documents sont de toute évidence d'une importance capitale. Il y a là les papiers d'identité de Peiper, ses carnets de vaccination, une assurance-vie, une lettre-testament destinée à sa femme, un exemplaire de Mein Kampf dédicacé par Hitler à son officier, ainsi que le manuscrit des souvenirs de l'ex-nazi français Gilbert Gille, L'Ultime assaut.
L'affaire Peiper est une vieille histoire, fort mystérieuse, sur laquelle il semble que "tout a été dit". Et pourtant la vérité n'est pas fixée. Le livre de M. Roger Martin, grâce à une foule de détails habilement mis en évidence, donne à cette surprenante et dramatique histoire un éclairage nouveau et, si tout la vérité n'est pas faite, nombre d'hypothèses qui n'avaient pas été avancées le sont à présent.
Frédéric Pottecher (Préface)
Si l'on n'y prend garde, demain les enfants apprendront que Touvier et Peiper étaient des patriotes, Bouquet et Papon de grands serviteurs de l'État, Jean Moulin un agent du K.G.B., les camps d'extermination du bidon et qu'à Auschwitz on n'a gazé que les poux.