Citations sur Wendat (22)
J’ai souvent rencontré des gens que l’on pouvait catégoriser de « séduisants » à New York. Mais lui, c’est autre chose. Il ne rentre dans aucune case. Il n’a ni l’allure du gendre parfait ni celle du séducteur inaccessible. Caleb revêt une aura bien plus profonde que le commun des mortels, comme s’il portait en lui la marque indélébile de tout son peuple. Il n’est pas simplement attirant, il est beau, beau dans son ensemble, comme on le penserait d’une œuvre, d’un héros qui nous inspire, d’un homme ayant changé le cours de l’Histoire. Beau au point de faire naître chez ceux qui le regardent admiration et respect, de manière innée.
Il boit une longue gorgée de café et je l’observe. Ses traits sont détendus, il semble apaisé comme seuls les anges en sont capables. Cet homme me fascine par ses contrastes. Son calme olympien, la mesure de ses mots, son allure, tout chez lui connote aussi bien le calme et la réflexion que la puissance et la fougue, un peu comme un feu qui brûlerait, caché sous le lit d’une rivière. Impossible et pourtant…
Une fille me plaît, je lui plais, on s’envoie en l’air. Point barre. Et crois-moi, ça ne te ferait pas de mal de lâcher un peu du lest de ce côté-là. T’es en train de te transformer en curé, Cal’, fais gaffe.
Elle a l’éloquence d’une politicienne et fait preuve d’un engagement féroce. Afin de mener à bien ses projets d’avenir, elle a décidé de rejoindre la ville du monde où l’on observe la plus large concentration de descendants wendats : Wendake.
Ses racines wendat ont la même importance pour lui que pour moi. Nous sommes fiers de nos origines et avons à cœur de faire vivre cette culture dans le monde moderne, en partie grâce aux célébrations de la fête annuelle. Un moyen pour nous de communiquer avec nos ancêtres, sans doute.
On n’abandonne pas un être vivant à son sort, pas dans mon monde. Alors je réitère mes efforts, chaque jour, pour que Shaeten m’accepte dans le sien. D’ailleurs, ce long chemin de reconstruction a déjà commencé.
Il a beau me chambrer, il le sait aussi bien que moi : je connais mon métier par cœur, et personne ne saura mieux s’y prendre que moi avec les chevaux. Gagner leur confiance, c’est ce que je m’évertue à faire depuis l’enfance. Ensuite, je deviens leur meilleur ami, protecteur et maître. Pour ça, aucune aide matérielle moderne, juste une bonne dose de psychologie équine et une patience à toute épreuve.
Cette fille est devenue ma moitié au fil des années. Son tempérament de feu m’a montré la voie à suivre pour dépasser mes peurs et me faire une place dans la grande ville qu’elle habitait déjà depuis quelque temps déjà quand je l’y ai rejointe. Son attitude positive en toutes circonstances m’a insufflé la force de ne jamais me laisser abattre.
Son regard noir semble d’une profondeur insondable. Ses longs cheveux lui parviennent jusqu’en bas du dos, et j’aurais payé pour en avoir de si soyeux, si lisses aussi. Son charme n’est pas anodin, il n’a rien d’une gravure de mode. Il est à l’opposé des hommes stéréotypés. Un homme dont l’aura me plonge dans les tréfonds d’une culture oubliée, comme s’il portait en lui la force de ses racines. C’est une beauté brute, presque animale. On ne tombe pas en émoi devant pareille vision, on se contente de l’admirer, dépassé par la splendeur à laquelle elle nous renvoie : l’aura d’une autre époque où nos futilités ne trouvent pas leur place.
Consciente de m’égarer dans ma contemplation, je me contente de le remercier une nouvelle fois avant de tourner les talons en direction de mon lodge.
Il a beau ressembler à un serial killer, c’est juste une impression. Et puis ce n’est pas comme si t’étais perdue au milieu de nulle part, dans un coin où le téléphone ne passe même pas…