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Critique de Pecosa


« Je cherche l'honneur pour moi et le profit pour vous. »

Dans la province de Valence, la ville de Gandia est connue pour être le berceau de la famille Borja (Borgia), et des grands noms du Siècle d'Or valencien, parmi lesquels Joanot Martorell, auteur d'un roman chevaleresque considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale. Mentionné dans le Quichotte par Cervantes qui le qualifie de meilleur livre du monde (« Válame :Oios!, dijo el Cura dando una gran voz, i que aquí esté Tirante el Blanco! - Dádmelo, compadre, que hago cuenta que he hallado en él un tesoro de contento y una mina de pasatiempos (…) Dígoos verdad, señor compadre, que por su estilo es éste el mejor libro del mundo; »), probable source d'inspiration pour Shakespeare (Beaucoup de bruit pour rien), ce premier roman de langue catalane paru en 1490 est étonnement moderne. Mille pages, 487 chapitres se lisent avec entrain.

Le Breton Tirant le Blanc instruit par le chevalier devenu ermite Guillaume de Warwick, accomplit des exploits, de la cour d'Angleterre au siège de Rhodes, accompagne le roi de France, parcourt l'empire grec, lutte contre les Turcs, se rend en Berbérie, s'éprend de la princesse Carmesine, tente d'échapper à la convoitise de la Veuve Reposée, puis finit ses jours … comme un Homme…

De Tirant le Blanc, je n'avais lu que quelques extraits dans des anthologies catalanes. La présente édition met en lumière l'étonnante modernité de cet ouvrage écrit il y a plus de cinq siècles. Chez Martorell, le merveilleux, les monstres, les animaux extraordinaires, les lieux imaginaires, le féérique, la recherche de l'aventure pour l'aventure sont absents. Certes, Tirant cherche l'honneur, défend la chrétienté, désire s'acquitter de tous ses devoirs. Mais il se meut dans un monde réel, l'Angleterre, le pourtour méditéranéen (Sicile, Constantinople, Tlemcen…), narre des fêtes, des épisodes historiques comme le siège de Rhodes, même s'il prend de grandes libertés avec la réalité. Il utilise autant sa force que son intelligence et son sens de la stratégie, possède des qualités morales mais aussi des défauts. Il n'est donc pas seulement un modèle de vertu, pieux, fidèle, généreux. Chez Martorell, les personnages sont faits de chair et d'os, ont des appétits charnels et des faiblesses. Tirant le Blanc est un roman sensuel, l'amour n'y est pas que Courtois, et les Chevaliers y sont des Hommes.

Je remercie les éditions Anacharsis au très tentant catalogue et Babelio pour l'envoi de ce classique de la littérature reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.
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