Un miracle

Ouvrez ce magnifique roman, vous sentirez l'air iodé de la Bretagne. Tournez les pages de cette incroyable histoire, vous partirez sur les sentiers embaumés de l' île de Batz.
La plume de @_victoriamas_ est poétique et envoûtante. Elle chante merveilleusement la lumière changeante et les couleurs de la Bretagne.

L'histoire :

Soeur Anne, religieuse chez les Filles de la Charité, reçoit d'une de ses condisciples une prophétie : la Vierge va lui apparaître en Bretagne. Envoyée en mission sur une île du Finistère Nord balayée par les vents, elle y apprend qu'un adolescent prétend avoir eu une vision .

Mais lorsqu'il dit « je vois », les autres entendent : « J'ai vu la Vierge. » Face à cet événement que nul ne peut prouver, c'est toute une région qui s'en trouve bouleversée. Les relations entre les êtres sont modifiées et chacune est contrainte de revoir transformé son rapport au monde, tandis que sur l'île, les tempêtes, les marées, la végétation brûlée par le sel et le soleil semblent annoncer un drame inévitable.

La Bretagne est une terre de légende et les bretons de fervents catholiques. Je n'oublierai pas Isaac, son père Alan, Hugo, son père Michel et soeur Anne; autant de personnages blessés que Victoria Mas incarne et immortalise dans une quête haletante de miracles.

Situer l'action de cette histoire Bretagne, Roscoff, Île de Batz est de la première importance. Lorsque l'on parle miracle, on pense à Religion, croyance, pardon et évidemment à Marie, la vierge.
Il y'a des années, des siècles (1830), Soeur Labouré est visitée par la Vierge.
A Soeur Anne est informée que cette même Vierge des églises apparaîtra en Bretagne. Elle réclame plus qu'elle se laisse proposer une mission à Roscoff (35).
La vierge va bien apparaître. Mais c'est à un jeune garçon, Isaac, qu'elle va se signaler.
Il n'a pas fallu longtemps aux brebis de l'éternel pour croire que la traînée blanche de Concorde était un signe de Dieu (Le crabe tambour)pour leur montrer le chemin. Il n'en faudra guère plus pour adhérer à la vision d'Isaac
Bien sûr c'est un roman. Alors vous pensez bien que les choses vont se compliquer.
Je ne vous ai pas parlé de l'entourage d'Isaac ni du vivier social de ce coin du Finistère sud.

Il fallait à Virginia Mas transformer l'essai marqué avec son premier roman, l'excellent "Bal des folles". C'est fait. Score : 7-0

Un peu facile de faire un post sur les sorties littéraires attendues. C'est clair qu'après la pépite :"le bal des folles" et ce, malgré la résonance à "La salle de bal", nous l'attendions au détour du chemin, Victoria Mas et elle a fait fort, très fort.

Une deuxième pépite ? Peut-être. La connerie reste que j'ai embrayé sur ce livre, juste après avoir lu le dernier mot, de la dernière phrase, du dernier chapitre de : "L'homme peuplé" de Franck Bouysse.

Et Franck Bouysse, tu ne peux pas lutter.

Lorsque je commence à livre, je pars. Je décompose les mots et je crée les paysages : L'Ile de Batz, j'y met les embruns et l'odeur de la mer, j'ajoute le froid du vent et le gris-bleu du ciel. Et je pose les personnages à qui je donne des traits physiques dont j'entends le froissement de la robe pour soeur Anne, la beauté d'Isaac, le regard d' Hugo. Et puis l'auteur me pousse dans le dos, impulse le mouvement.

Sauf que je me suis hyper ennuyée. le prologue plombe l'ambiance, les personnages sans vraiment d'interactions entre eux, insulaires sur une même ile. Il y a un tas de gens sur cette île : Hugo, Isaac, Maden, La famille Bourdieu, et pourtant toutes ces vies ne font que se frôler, sans vraiment se croiser. Soeur Anne débarque de Paris, dans sa volonté d'être l'actrice d'un miracle, de voir cette Vierge si, trop vénérée (?). Sa vie, sa dévotion fait qu'elle mérite ce miracle. Victoria Mas brode avec minutie à chacun, une vie ou simplement une description détaillée d'un caractère. Elle pose des marqueurs, la trame d'une broderie qu'elle va pouvoir travailler point par point, pendant que nous cherchons, par dessus son épaule, à découvrir la finalité de ces points posés.

J'insiste et je reviens sur ces habitants insulaires qui se côtoient sans se connaitre, jusqu'à créer pourtant une masse qui s'agglutine, en foule, près de l'autel de la Vierge. L'individu fait partie d'un tout. Beaucoup de chroniques évoque l'axe de la religion et néglige l'axe de l'univers, abordé en filigrane, via Hugo. Nous sommes infimes dans un tout. La foule n'est pas là pour prier, et l'envie a remplacé la dévotion.

Une écriture fine, délectable, raffinée, sophistiquée

Texte médiumnique, mystérieux et la volonté de gratter, un peu, si je voulais atteindre le sang, sens, essence de l'histoire. Et là, le talent de l'auteur éclate en pleine gueule dans l'aboutissement au miracle. Ouais, je suis exaltée, mais pas comme Soeur Anne. Un miracle il faut pouvoir savoir l'accepter. Alors qu'il se produit, qu'il se déroule sous ses yeux, c'est la frustration et la jalousie qui habite Soeur Anne. Et elle ne voie rien de ce qui Est.

Si brusquement en milieu de livre (non, en fait à la fin), je m'aperçois que j'ai plongé, que je ressens cette sensation lorsque vous êtes dans une petite église de campagne froide et que brusquement les rayons de soleil éclairent l'habitacle à travers un énorme vitrail que vous n'aviez même pas vu en entrant. Tu suis ?

Victoria Mas pose ici, ce que je nomme la Boussole sociale, le ressenti à un moment T ne sera pas le même à un autre. (cf :" Une prière pour Owen" de John Irving). Si le texte peut sembler fortement axé sur la religion, et la relation de nos jours à la religion. Cette (ces ?) religions qui ont su rassembler les hommes et qui les séparent aujourd'hui.

Voilà, je suis amoureux(se) pour une raison, elle a su, comme F.Bouysse, F.Thilliez introduire des codes littéraires.

Une histoire savamment écrite et dirigée, pas facile d'accès, voulu, je pense par l'auteur qui pour moi, cherche avec ce deuxième opus à fidéliser son lectorat comme les Thilliezmania et j'adhère à tous ses labyrinthes.

Ada Charlie
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J'avais beaucoup entendu parler de Victoria Mas et de son roman le bal des folles mais n'avais pas encore eu l'occasion de le lire. Vierge de tout a priori ou attente je décidai donc de me lancer dans la lecture de ce second roman, Un miracle, faisant fi du dieu Chronos.

Le roman démarre par un prologue, nous sommes en 1830 à Paris, rue du Bac, au sein du couvent où vivent les Filles de la Charité. La Vierge Marie vient d'apparaître à Soeur Labouré marquant ainsi au fer rouge l'histoire des lieux et en faisant, du même coup, sa renommée.

Retour à nos jours, Soeur Anne, qui est religieuse au sein de cette même Communauté, à Paris, se voit révéler un secret par l'une de ses condisciples : la Vierge va lui apparaitre en Bretagne. Or, hasard (?), une place se libère sur une île du Finistère Nord, tout près de Roscoff. Pour Soeur Anne, il s'agit du signe qu'elle attendait depuis de nombreuses années et elle décide de s'y rendre séance tenante.

La religieuse trouvera-t-elle sur place ce qu'elle est venue chercher ? Qu'en sera-il de sa foi, fortement ébranlée au moment où elle entend dire par les îliens qu'un jeune garçon, Isaac, dit avoir eu une vision ?

Sur cette île la vie est rude, et l'histoire de chaque famille est marquée par la mer qui a emporté qui un père, un frère, un mari. Dès lors, l'arrivée de Soeur Anne concentre toutes les attentions et avec Isaac, adolescent fragile et sensible et ses "visions", les habitants veulent croire aux miracles et à la main de Dieu se posant sur leur île.

J'ai beaucoup aimé le style de Victoria Mas. L'auteure a su créer une atmosphère singulière et mystérieuse dès les premières lignes lors de son prologue.

Nous découvrons à travers le regard de Soeur Anne le Finistère Nord, une île balayée par les vent, qui vit au rythme des marées et de la pêche du jour. Les croyances et légendes ancestrales rythment la vie des habitants.

L'auteure fait monter crescendo la tension qui tenaille les habitants de plus en plus impatients d'assister aux apparitions. Elle est parvenue à montrer comment, d'un coup, toute une population se retrouve bouleversée et voit son quotidien chamboulé par l'invisible et l'insaisissable.

A travers son récit nous découvrons l'humain dans son côté le plus lumineux mais également le plus sombre. L'auteure nous fait ressentir l'impatience des croyants, las d'attendre la manifestation divine promise et qui semblent au bord de l'implosion.

Tandis que la nature se met au diapason de cette lente et intense attente, elle place ainsi ses personnages si attachants sur le fil du rasoir et nous fait craindre le pire pour eux à chaque page.

Isaac semble bien fragile, lui qui vit seul avec son père Alan face à cette foule dévote. Michel Bourdieu leur voisin, très pieux qui vit avec sa femme et leurs enfants Julia et Hugo lutte avec ses propres démons, incapable semble-t-il d'accepter ces apparitions. Et Madenn, tenancière du seul bar-restaurant du coin, véritable point d'ancrage de tous les îliens, qui veille comme une louve sur Isaac, véritable mère de substitution depuis la mort de cette dernière.

Au fil des pages, le lecteur de plus en plus fébrile, perçoit l'implosion qui semble imminente.

Ne passez pas à côté de ce roman réussi, si prenant et singulier !
Lien : https://mgbooks33.blogspot.c..

Soeur Rose le lui a assuré : « La Sainte Vierge apparaitra en Bretagne ». Voilà pourquoi soeur Anne, qui prie la Vierge depuis l'âge de ses 13 ans et qui est entrée dans la Congrégation des Filles de la Charité depuis 20 ans, quitte Paris pour rejoindre Soeur Delphine qui a justement besoin d'aide. Dans la petite île de Batz, le miracle va-t-il avoir lieu ?

Quand j'ai commencé à lire, moi qui ne suis pas très croyante, je me suis dit : « c'est trop religieux pour moi ! » Une voix qui tire Soeur Catherine de son sommeil , en 1830, pour l'attirer dans la chapelle où elle rencontre la Vierge ; une soeur qui , de nos jours, attend un miracle…Et puis, je me suis laissée prendre. Car on est loin de la lumière divine et de la paix intérieure…Beaucoup de personnages cachent une part d'ombre, comme Soeur Anne qui a vécu un traumatisme dans son enfance… le récit n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît, car il contient des éléments qui ne prennent sens pour le lecteur , qu'à la fin. Et quelle fin ! Je fais attention à ne rien dévoiler, mais j'ai particulièrement aimé cette fin « à tiroirs » qui fait réfléchir. Donc, oui, je recommande ce livre !