«Une simple formalité » est un roman historique à travers lequel il est possible de s'approcher et de comprendre la Sardaigne de 1820 prête à être consignée dans les mains des propriétaires terriers, déterminés, conscients et sans scrupules, et à rester sous leur pouvoir pendant des nombreuses années.
Naître dans le Sud signifie souvent porter, pendant toute son existence, la sensation ancestrale d'avoir été dérobé, d'avoir subi une injustice, mais trop rarement ces sentiments sont accompagnés de la prise de conscience de l'incapacité à se révolter. Dans ce roman, l'auteur, pointe le doigt sur un véritable manque de volonté plus que contre une incapacité individuelle.
Giuseppe Masala décrit très bien la peur absolue de déstabiliser l'état des choses, la stupidité et la lâcheté de qui, tout en ayant la possibilité d'agir, non seulement ne le fait pas, mais en plus empêche les autres de se rebeller.
L'auteur nous raconte ses personnages sans disparité de traitement : il ne souligne pas les caractéristiques humaines, n'est pas empathique envers eux et n'exprime pas de jugements moraux. Il raconte les événements de façon analytique, avec la méthodologie caractéristique d'un expert en phénomènes économiques, avec l'intention de décrire les images et les détails, tout en laissant au lecteur la faculté de tirer ses propres conclusions. Si le sujet principal du roman est le « Capitalisme », l'autre point d'intérêt central, prégnant dans la Sardaigne de l'époque et même dans celle actuelle, est sans doute le « Paradoxe », dans lea mesure où coexistent des phénomènes fortement contrastés.
À ce propos, je me souviens d'un passage marquant de ce roman,, où est décrite la réaction du propriétaire de la taverne qui, prévenu par son fils de la probable présence d'un cadavre, espère que le garçon soit en train de dire la vérité pour l'épargner des moqueries du public, si ce fait s'avérait un mensonge : métaphore pour souligner le coté grotesque, probablement d'un peuple entier, de focaliser son attention sur le moindre mal ».