Il y a des livres qu'on aurait voulu écrire, où à chaque page on se dit « j'adore cette phrase, il faut que je la note ». Evidemment Martha fait partie de ceux-là pour moi. Ce brillant récit où nous découvrons Martha qui ne vas pas très bien, ne va pas bien du tout, va un peu mieux ? Pas trop non …
Je lui ressemble un peu, des hauts, des bas, des périodes de vide intense où plus rien ne compte, où le monde fait peur, peur à vouloir rester sous un meuble en attendant que ça passe, mais quoi ? Alors ça s'en va mais ça revient, ce trou noir, les objets qu'on lance à travers la pièce, les méchancetés qu'on crache aux autres, celles qu'on se murmure en permanence. Cette idée que tous les autres sont mieux que nous, que nous on vaut que dalle, qu'on est bon à rien, transparents, on va disparaître, ce serait bien non ? Autodestruction. Autour les autres souffrent aussi. Et pourtant, Martha est formidablement aimée, par sa soeur Ingrid, c'est fusionnel ! Par son père, merveilleux poète maudit qui croit en elle de bout en bout ; et depuis toujours par Patrick, être écorché qui a gravité toute sa vie autour d'elle, l'a attendue, l'a chérie.
Que dire ? sinon « Lisez ce roman ! », le parcours de cette femme terriblement captivante du fait de ses fêlures, de sa maladie innommée (je soupçonne un trouble maniaco-dépressif* mais je ne suis pas spécialiste ici), son humour, ses liens, sa tendresse si touchante. Les gens intacts sont tellement moins intéressants n'est-il pas ?
J'enchaîne les livres qui commencent par la fin ces derniers temps, mais je préférerais dire qu'Evidemment Martha termine par le début … car la fin c'est le début d'autre chose non ?
Merci à
LE CHERCHE MIDI éditeur et Babelio Masse critique privilégiée pour l'envoi de ce coup de coeur.
*Le trouble bipolaire (maniaco-dépression) est un trouble psychiatrique caractérisé par une fluctuation anormale de l'humeur oscillant entre phases de dépression (mélancolie), d'euthymie (humeur normale) et d'accès maniaques.