Depuis longtemps les plantations de marijuana ne suffisaient plus à atténuer la misère et on avait beau sacrifier des taureaux, le maïs et le bétail de Cerocachi n'avaient plus rien de concurrentiel. L'agriculture de la Sierra Madre ne pesait plus face aux arrangements économiques mondiaux auxquels personne là-haut ne comprenait rien, le maire karatéka pas plus que les autres.
C'est un très bel habit, dans les bleus, un peu défraîchi, on a rajouté des punaises pour les brillants, mais c'est un vrai, fabriqué par un tailleur.
Ils n'ont pas pu franchir le col, sûrement à cause des éboulements sur la route ou pire. Les gens tombent souvent dans les ravins par ici. Rassurez-vous, ce ne sont pas toujours les mêmes.
Les gens les plus riches vivaient dans des quartiers surveillés, cernés de gardes et de barbelés. Les plus pauvres devaient se sentir terriblement pauvres et libres.
La deuxième vache était plus ronde et plus aristocratique. Elle sortit lentement du toril en marchant tel un cerf indolent plombé de grosses fesses.
Adela distribua des oranges que chacun éplucha à sa manière. Le vieux trancha son orange en quartiers, avec la peau, pour en presser le jus entre ses dents. Miguel façonna une fleur avec un tourbillon d'écorce. Harper n'avait aucun style pour les oranges.
Rouler avec une femme dans les immensités de l'Amérique, c'était la posséder pour un moment
Les lumières de la nuit éclairaient le vêtement de Magdalena qui devenait bleu ciel, puis vert émeraude, puis jaune safran, puis rouge sang, puis blanc à nouveau. L’étoffe ne tenait plus sur son corps que par le miracle de sa silhouette et la main d’Antonio sans laquelle sa robe serait tombée.
La deuxième vache était plus ronde et plus aristocratique. Elle sortit lentement du toril en marchant tel un cerf indolent plombé de grosses fesses.
Pour la mère de Harper, il n’était pas envisageable de repasser du côté du Mexique, ni même de s’approcher de la frontière, quelle qu’en soit la raison. Des décennies après son arrivée, elle en faisait encore des cauchemars. Elle ne voulait plus que cette frontière existe dans aucun de ses souvenirs et les nombreux reportages à la télévision qui montraient des migrants traqués par les patrouilles lui donnaient immanquablement l’envie de boire un grand verre d’eau pour se laver. Elle avait tellement souffert qu’elle ne se sentait plus solidaire de rien ni de quiconque. Sa vie était faite de cuisines suréquipées, de pelouses bien vertes et de servitude feutrée. Elle ne résidait pas dans la banlieue cossue, mais elle avait l’honneur d’y travailler et vivait avec les siens dans le modeste quartier de Chino. Sa maison n’était pas grande, les rues n’étaient pas toujours bien fréquentées, mais les choses semblaient s’arranger avec le temps.