Selon ses propres mots, traverser le pays pour remonter la piste d'un esclave n'était pas pour lui un métier. C'était un art.
[…] aussi longtemps que les fauves n’auraient pas leurs historiens, les récits de chasse tourneraient à la gloire du chasseur.
[Mais] si nous n’avons plus de rêves, alors nous sommes déjà morts. Que nous importe de vivre, même libres, si nous ne vivons qu’à moitié ?
Certains fermaient les yeux, se laissant envahir par la musique, comme s'il s'agissait d'une nourriture de l'âme. Elle tenait ce don de sa mère, qui l'avait elle-même hérité d'une mère ayant grandi dans le ventre de l'Afrique, où les femmes du clan prétendaient que son chant parlait aux esprits.
Telles les danseuses d'un ballet lugubre, les captives lèvent leur outil au-dessus de leur tête et la rabattent en cadense, dessinant un jeu d'ombres et de lumière sur les parois de la galerie.
J'ignore encore que mes compagnons et moi venons de mener à son terme la plus vaste évasion d'esclaves de l'histoire des États-Unis.