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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Décembre 1870. Une jeune courtisane rouennaise, Elisabeth Rousset, alias Décembre 1870. Une jeune courtisane rouennaise, Elisabeth Rousset, alias Boule de suif, monte dans une diligence en partance pour Le Havre avec neuf autres voyageurs. Objet de toutes les attentions, bonnes ou mauvaises selon les circonstances, la jeune femme connaîtra bien des tourments à l'occasion d'une halte à l'Hôtel du Commerce du bourg de Tôtes, en Normandie, occupé par les troupes prussiennes. Sa réputation de femme « légère » ne jouera malheureusement pas en sa faveur puisqu'elle découvrira, à ses dépens, l'abîme insondable de l'absurdité des comportements humains.

Pour écrire son récit, Guy de Maupassant s'inspire d'un fait divers historique et réel qui survint à une jeune actrice de théâtre de Rouen. Il insiste plus particulièrement sur la profondeur insoupçonnée du gouffre de la bêtise humaine dans lequel se débattent, toutes classes sociales confondues, les imbéciles heureux de la bien-pensance….
Ainsi, le romancier caricature, d'un trait de plume volontairement excessif et ironique, la perversité de l'âme humaine qu'il égratigne avec délectation, passant en revue les multiples facettes qu'elle peut afficher, en fonction des intérêts recherchés par les individus et dans le souci permanent de la sauvegarde de leur réputation. Et dans cette nouvelle, le lecteur découvrira toute une brochette de personnages qui nagent en permanence entre deux eaux ; des personnalités troubles qui oscillent continuellement entre l'hypocrisie, la jalousie, l'avarice, l'envie, le vice, l'orgueil, la traîtrise, l'indifférence… et bien d'autres mauvais penchants, inhérents à l'espèce humaine !

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Je ne connaissais pas l'histoire; quel gang d'ignobles individus autour de l'héroïne du récit! J'ai vraiment été indigné par leur comportement hypocrite, outré par leur égocentrisme, fâché de leur manque total de reconnaissance. Si Maupassant voulait démontrer que ni les titres de noblesse, ni la richesse, ni les opinions politiques vertueuses, ni la dévotion n'étaient garants de la dignité la plus élémentaire, d'un minimum de savoir-vivre, d'un soupçon de probité intellectuelle, bref d'un peu de respect de la personne humaine, il a parfaitement réussi. J'ai profondément haï ce ramassis de profiteurs sans scrupules et compati à la souffrance d'Élizabeth.

L'auteur expose avec conviction le snobisme, la rouerie, la bassesse, la lâcheté. Mais il aborde aussi la notion si actuelle de consentement, ce qu'on refuse à dame Rousset à cause de son métier. C'est très bien écrit, le récit est fin et percutant, à preuve la révolte viscérale que ce livre m'a inspirée. Peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais certainement une lecture marquante. Je m'en souviendrai longtemps.
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Après la victoire des Prussiens en 1871, un groupe de voyageurs fuit l'avancée des troupes d'occupation. Parmi eux, un riche industriel, des aristocrates et une prostituée. Dans la précipitation du départ, nul n'a songé à prendre des provisions et c'est Boule-de-suif qui sauve la situation. Pourtant, quelque temps après, ces voyageurs se montreront infâmes avec la prostituée lorsqu'elle sera dans le besoin. Maupassant montre à travers cette nouvelle l'hypocrisie des relations sociales et la lâcheté des hommes. Bouleversante et d'une rare cruauté, cette nouvelle est un des grands chefs-d'oeuvre de l'auteur.
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Boule de suif/Guy de Maupassant
« La femme, une de celles appelées galantes, était célèbre par son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de Boule de suif. Petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des petits doigts bouffis, étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante et tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue, tant sa fraicheur faisait plaisir à voir ; sa figure était une pomme rouge, un bouton de pivoine prêt à fleurir, et là-dedans s'ouvraient, en haut, des yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui mettaient une ombre dedans ; en bas, une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser, meublée de quenottes luisantes et microscopiques. »
Telle était Mademoiselle Élisabeth Rousset, surnommée Boule de suif. Une jeune personne sans manières et sans malice.
Cette nouvelle écrite en 1879 fut considérée comme un pur chef d'oeuvre par Gustave Flaubert. Ce fut le premier grand succès De Maupassant.
L'action se situe durant la guerre de 1870 contre les Prussiens.
Un groupe de personnes fuit en diligence l'ennemi qui envahit la ville de Rouen.
Toute une série de faits et d'attitudes vont traduire au sein de cette diligence puis dans une auberge, l'hypocrisie et la bassesse allant jusqu'à l'infamie, des bourgeois nantis et de deux bonnes soeurs à l'égard de la jeune Élisabeth Rousset.
Dans un style limpide époustouflant, avec les mots justes et un regard sans complaisance sur ses contemporains et l'humanité en général, Maupassant évoque finement et avec subtilité la vanité et la fatuité des « honnêtes gens », sans jamais porter de jugement, laissant au lecteur seul ce soin. le pessimisme foncier de l'auteur transparait avec vigueur dans ces lignes.
Comme le disait Brassens, les « honnêtes gens » ne sont pas toujours ceux que l'on pense.
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Boule de Suif, ou l'hypocrisie à l'état pur. L'histoire d'une prostituée, ui de part ses bonnes actions et ses idées amadoue ses compagnons de voyages. Mais quand elle ne veut pas coucher avec l'officier prussien, ce qui pourtant leur permetterait de partir... Une fin bien triste pour une femme qui a mis de coté sa dignité et ses idées pour faire plaisir à des amis. Des amis qui lui crache au visage, dénonce son impudeur et ne lui rendent même pas la pareille. La méchanceté des femmes et leur orgueil face à leur sauveuse, leur mot coupant, franchement à la place de cette pauvre Elisabeth, qui n'aurais pas pleuré?
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C'est avec un immense plaisir que j'ai retrouvé Maupassant. J'avais lu Boule de suif à l'école secondaire, je me rappelais que ça m'avait plu mais gardais juste en mémoire l'image d'une petite femme rondelette dans une diligence. C'était vague… J'avais envie de faire l'expérience d'une lecture audio, j'ai saisi l'occasion de « relire » cette nouvelle figurant parmi les livres du domaine public. Essai transformé et convaincant !

Maupassant situe l'histoire en 1870 en Normandie, au moment où les troupes prussiennes chassent l'armée française. Dix personnes désireuses de quitter Rouen pour se rendre à Dieppe et fuir l'occupation prussienne s'installent dans une diligence. Il y a un comte et son épouse, un couple de la haute bourgeoisie, un de la petite bourgeoisie, deux bonnes soeurs, un démocrate, et une femme de petite vertu à la chair généreuse et que l'on surnomme pour cette dernière raison, Boule de suif.

Au début du voyage, elle est maintenue à distance par ceux de la « haute »; mais lorsque le voyage s'étire, et que prévoyante, elle a emporté un grand panier rempli de victuailles, les ventres gargouillants de ses compagnons mettent leurs préjugés en sourdine et acceptent, avec reconnaissance croit-on, les offres de se rassasier de Boule de suif. La voilà donc devenue fréquentable.

Arrivés à l'auberge d'étape, ils se voient tous contraints de prolonger leur séjour par un officier prussien au bon plaisir duquel Boule de suif, patriote jusqu'au bout des ongles, a refusé de céder.

Et c'est là que Maupassant nous démontre tout son talent en décrivant finement l'opportunisme, l'individualisme, la condescendance, le dédain, le mépris de la soi-disant bonne société, qui d'abord offusquée de cette scandaleuse demande, retourne sa veste devant l'égoïsme de la femme de joie qui les prend tous en otage, et jette sans vergogne Boule de suif dans les bras de l'officier ennemi, après l'avoir convaincue par des tours de passe-passe subtils.

Les réflexions, les dialogues des protagonistes sont jubilatoires; la fin l'est moins.

On peut encore lire beaucoup de choses entre les lignes de cette nouvelle, c'est un excellent condensé des turpitudes des être humains et des castes.



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Lire Maupassant, c'est avoir la certitude de se régaler.
Ce recueil de nouvelles me le prouve encore, tant il est qualitatif.
Boule de Suif, que je n'avais pas lu depuis mes années collège, est une nouvelle savoureuse, qui est le parfait exemple du mouvement littéraire auquel appartient Maupassant : le réalisme.
Ce voyage dans le temps instantané est encore plus prodigieux avec des nouvelles aussi courtes. Ça marche toujours.

Quasiment toutes les histoires sont d'un cynisme incroyable, tout en étant drôles au possible. « La dot », « La parure » ou encore « la serre » sont à se tordre de rire. D'autres, plus coquines, sont un régal (« le crime au père Boniface », « le lit 29" qui est particulièrement savoureuse…).

Tout cela, dans une écriture simple, loin d'être pompeuse, et avec un talent indéniable.
Preuve en est, la nouvelle « la moustache », une nouvelle entièrement consacrée à… Une moustache !

Évidemment, l'époque où ont été rédigées ces nouvelles fait que le traitement des femmes est vraiment déroutant.
Cependant, c'est un véritable témoignage de cette époque, signe que le voyage dans le temps est réussi.

Bref, je conseille ce recueil à tout le monde, en particulier à ceux qui veulent essayer Maupassant. Ces nouvelles sont un pur exemple de tout ce qu'il sait faire, et vous donnera envie de passer à des romans tels que "Bel-Ami" ou "Une Vie".

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Probablement l'une des nouvelles les plus connues de Guy de Maupassant, une fois de plus il démontre son talent à scruter et révéler les travers de la (bonne) société du 19ème siècle.
Ce conte nous propose une réflexion sur le patriotisme confronté aux intérêts individuels, mais il s'agit surtout d'une charge féroce sur une certaine société, une fois de plus l'auteur nous livre un conte plutôt cruel au parfum d'injustice avéré et à l'immoralité certaine.
Je suis à nouveau bluffé par cette facilité à créer une histoire aussi solide et dense en si peu de pages, il faut peu de mots à Guy de Maupassant pour installer un contexte et des personnages bien dessinés qui deviennent chacun l'incarnation d'une vertu ou d'un vice. Un récit vivant et naturel qui se boit autant qu'il se lit tant les dialogues et les observations sont pertinents, quelle maestria !
Rouen, pendant la durant la guerre de 1870, est occupée par les Prussiens, des bourgeois soucieux de protéger leurs intérêts tentent de fuir la ville en diligence. Parmi eux se trouve une prostituée, celle qu'on surnomme Boule de suif...
La suite se déguste simplement, si les moeurs ont évoluées, il apparaît évident que les travers d'hier sont encore ceux d'aujourd'hui et c'est ce qui rend ce conte intemporel et donc tout à fait actuel.
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quel talent !! Ce Guy de Maupassant
comment conter une histoire aussi courte mais avec autant d'images et de vérité du côté obscure de l'âme humaine ?
comment raconter en 70 pages une histoire qui tient sur ses pieds comme une chaise alors que d'autres on besoin de 500 pages pour nous la conter approximativement
un grand conteur
donner moi une idée de la prochaine nouvelle De Maupassant que je pourrais lire avec autant de plaisir svp ....
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******

« Boule de Suif » est le chef-d'oeuvre incontestable de Guy de Maupassant !
Un régal de lecture que j'ai relu sur Litteratureaudio.com, aspiré par le charme vocal de la très regrettée Victoria.
Cette nouvelle fut écrite à l'initiative d'Émile Zola proposant à de jeunes écrivains de publier un recueil collectif de nouvelles « Les soirées de Médan » rassemblant des histoires de naturalistes français. Il sera publié en 1880. Auparavant, en 1879, Maupassant en fera une lecture publique à ses amis.

Dans l'hiver 1870, en plein repli de l'armée française et l'envahissement de la ville de Rouen par l'armée prussienne, une diligence tirée par 6 chevaux emmène des négociants fortunés qui veulent rejoindre Dieppe. Ils sont dix, entassés dans la voiture : un couple de marchands de vin, un propriétaire de filatures, officier de la Légion d'honneur et sa très jeune femme, un couple d'aristocrates très riches, deux bonnes soeurs marmottant des prières, un démocrate désirant se rendre au Havre.
La dernière passagère, seule, est une de ces femmes que l'on nomme galantes, « petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis… appétissante et courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir ». Son embonpoint lui avait valu le surnom de Boule de suif.

Des chuchotements, les mots de « prostituée », « honte publique », courent parmi les honnêtes femmes en apercevant Boule de suif. Les conversations alimentent tout le voyage. La faim tenaillant les passagers, un geste attire tous les regards : Boule de suif sort tranquillement un panier de victuailles et commence à manger. « Mon Dieu, si j'osais offrir à ces messieurs et à ces dames... », dit Boule de suif voyant les regards affamés. « Nous acceptons avec reconnaissance, madame ». Ils se mettent à manger avec appétit. Certains parlent même de « charmante compagne ».

La nuit venant, la voiture s'arrête dans une auberge occupée par des Prussiens. Un officier allemand les invite à sortir : « foulez-fous tescendre, messieurs et tames ? ». On allait se mettre à table lorsque le patron de l'auberge arrive et dit que l'officier prussien désire voir mademoiselle Élisabeth Rousset. Il s'agissait du nom de Boule de suif. « Oh la canaille ! la canaille ! » dit-elle en revenant rapidement, rouge, furieuse. Tout le monde se couche.
Le lendemain, les voyageurs apprennent que l'officier, inflexible, a donné l'ordre de ne pas atteler pour continuer le voyage. Il demande à nouveau mademoiselle Élisabeth Rousset. Les voyageurs ne comprenant pas, Boule de suif est obligée, exaspérée, de leur parler : « Ce qu'il veut ?... ce qu'il veut ?... Il veut coucher avec moi ! » crie-t-elle. Une nouvelle journée passe dans le désoeuvrement, et tous les voyageurs retournent se coucher.

Plusieurs jours passent, sans départ. L'aigreur monte envers Boule de suif. La femme du marchand de vin éclate : « Nous n'allons pourtant pas mourir de vieillesse ici. Puisque c'est son métier, à cette gueuse, de faire ça avec tous les hommes, je trouve qu'elle n'a pas le droit de refuser l'un plutôt que l'autre. » Égrillardes, certaines des femmes finissent par plaisanter, avec un petit frisson : « Il n'avait qu'à dire : « Je veux », et il pouvait nous prendre de force avec ses soldats. ». Les yeux brillaient. On lançait des blagues grivoises. le comte décide enfin de s'occuper de l'affaire. Insistant, il appelle Boule de suif « ma chère enfant ». Elle leur rendrait service… Puis en la tutoyant gaiement : « Et tu sais, ma chère, il pourrait se vanter d'avoir goûté d'une jolie fille comme il n'en trouvera pas beaucoup dans son pays. »

Boule de suif disparait. « Ça y est », pense-t-on. Une gaieté de soulagement s'installe. « Et l'on ne dormit que très tard, assurément, car des filets de lumière glissèrent longtemps sous les portes. le champagne a de ces effets-là ; il trouble, dit-on, le sommeil. »

Le lendemain, Boule de suif reparait, honteuse, et la voiture repart. Les passagers l'évitent. « Heureusement que je ne suis pas à côté d'elle. », dit la femme du marchand de vin. Affamés, ils sortent des provisions, rien pour Boule de suif. le mépris des occupants l'accable et elle se met à pleurer dans l'indifférence générale. Madame Loiseau a un rire muet de triomphe et murmure : « Elle pleure sa honte. »


« Un chef-d'oeuvre de composition, de comique et d'observation », disait Flaubert sur « Boule de suif ». Comment ne pas approuver le respect admiratif du maître envers son élève.
Ce récit est un texte politique et subversif, souvent hilarant. Impossible de ne pas ressentir le sentiment de profonde humanité recherché par l'auteur envers cette pauvre femme que l'hypocrisie, la bêtise d'une société bourgeoise, aristocrate et religieuse, engoncée dans ses certitudes sur la morale, rejette socialement.

***
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