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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Probablement l'une des nouvelles les plus connues de Guy de Maupassant, une fois de plus il démontre son talent à scruter et révéler les travers de la (bonne) société du 19ème siècle.
Ce conte nous propose une réflexion sur le patriotisme confronté aux intérêts individuels, mais il s'agit surtout d'une charge féroce sur une certaine société, une fois de plus l'auteur nous livre un conte plutôt cruel au parfum d'injustice avéré et à l'immoralité certaine.
Je suis à nouveau bluffé par cette facilité à créer une histoire aussi solide et dense en si peu de pages, il faut peu de mots à Guy de Maupassant pour installer un contexte et des personnages bien dessinés qui deviennent chacun l'incarnation d'une vertu ou d'un vice. Un récit vivant et naturel qui se boit autant qu'il se lit tant les dialogues et les observations sont pertinents, quelle maestria !
Rouen, pendant la durant la guerre de 1870, est occupée par les Prussiens, des bourgeois soucieux de protéger leurs intérêts tentent de fuir la ville en diligence. Parmi eux se trouve une prostituée, celle qu'on surnomme Boule de suif...
La suite se déguste simplement, si les moeurs ont évoluées, il apparaît évident que les travers d'hier sont encore ceux d'aujourd'hui et c'est ce qui rend ce conte intemporel et donc tout à fait actuel.
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Excellent ! Mais pourquoi n'avais-je donc encore jamais lu Boule de suif, qui n'est pourtant pas la moins connue des nouvelles De Maupassant ?
J'ai tout simplement adoré. Ce magnifique vibrato à la dignité humaine, à la fois révoltant, injuste et si poignant est orchestré de main de maître. Aaah cette fin … elle vous laisse la marque à vif d'une main sur la joue, et au coeur.

Sur fond de guerre de 1870, un groupe de 10 individus, issus de classes sociales et de confessions politiques différentes, fuient ou quittent Rouen en diligence. Noblesse, bourgeoisie, clergé, royaliste, bonapartiste, républicain et celle que l'on surnomme Boule de suif, une prostituée, vont devoir se fréquenter, ou à tout le moins ne pas pouvoir s'éviter, le temps d'un trajet. Vous vous doutez bien que Boule de suif va faire tache dans ce convoi. Pourtant, la brave fille, n'hésite pas à généreusement partager son repas avec les autres passagers affamés (eux, n'avaient pas prévu que leur première étape serait aussi longue) et parvient à faire vaciller les barrières sociales. Cette « bonne » société qui l'accompagne serait-elle capable dépasser ses préjugés ?

Maupassant nous délivre un échantillon des travers et de la bassesse humaine avec beaucoup de finesse et d'acuité. Il a une manière d'extraire le jus (et le pus) de l'âme humaine par la simplicité des gestes, des faits ou des actions, et même par d'insignifiants détails, comme par exemple l'attribution « spontanée » des places des voyageurs dans la diligence, qui rend l'histoire intemporelle. Il n'a même pas besoin de forcer le trait pour que cela devienne un déploiement d'hypocrisie, d'égoïsme, de vanité, de coalition, de lâcheté et j'en passe. C'est qu'il ne faut pas plaisanter avec les « bonnes moeurs » et plus encore quand un Prussien vient troubler la fête…
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J'ai lu cette nouvelle de Maupassant d'une seule traite car je l'ai trouvé totalement captivante malgré que le contexte humain soit ignoble à mon goût.

Plusieurs personnes tentent de quitter Rouen, occupée par les Prussiens. Parmi eux se trouvent Boule de Suif, une prostituée qui va être utilisée bien malgré elle. A travers différentes facettes de l'histoire, l'auteur va condamner le comportement humain qui peut être cruel, inhumain et illogique que ce soit en temps de guerre ou non.

J'ai été profondément touchée par cette prostituée qui dès le départ du voyage est jugée de part son mode de vie. Quand la classe supérieure se retrouve en position de faiblesse, ils savent amadouer les gens pour pouvoir tirer un profit total. C'est ce qui se passe avec Boule de Suif qui avait prévu suffisamment de vivres pour son voyage et va offrir généreusement ce qu'elle a à tous ceux qui l'entourent malgré qu'ils se soient montrés odieux avec elle.
Un semblant d'humanité laisse à penser qu'ils vont la respecter pour ce qu'elle a fait pour eux.
Cependant à la première difficulté rencontrée, ils ne se gêneront pas de la jeter en pâture au premier officier venu.
Ce livre renferme toute l'hypocrisie de l'humanité et comme le dit si bien Maupassant « Il ne faut jamais résister aux gens qui sont les plus forts. » Bien que je ne sois pas d'accord avec ce concept, il est totalement d'actualité malgré les 200 ans qui nous séparent de cet écrit.
Un monde où, les riches ou les gens aux pouvoirs, se croient au-dessus de tout même des libertés fondamentales.

Ce livre m'a tellement bouleversé que j'avais envie de gifler tous ses personnages qui me répugnaient au possible. Malgré tout j'apprécie la finesse de l'écriture et l'intelligence avec laquelle cette nouvelle a été tournée. Maupassant voulait dénoncer certains travers de l'époque et je pense qu'il a parfaitement réussi.
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J'ai écouté cette longue nouvelle ce matin et avec la voix que j'avais apprécié la première fois, et je n'ai pas vu passer le temps !

J'aime beaucoup Maupassant, cette façon de condamner les travers de la société et des hommes sans avoir l'air d'y toucher ! L'histoire se passe au moment de l'entrée des Prussiens dans Rouen en 1870. 10 personnes prennent place dans une diligence : un couple de commerçants, un couple de bourgeois, un couple de nobles, deux religieuses, un démocrate et enfin, une prostituée, la patriotique Élisabeth Rousset, surnommée “Boule de Suif”. Les dialogues sont suffisamment explicites pour qu'on se les imagine tous.

Dans la précipitation seule "Boule de Suif”, que tout le monde connait de vu et de réputation, a pris des vivres et partage avec les autres. La diligence fait halte pour la nuit dans une auberge déjà occupée par les Prussiens. le lendemain matin elle ne repart pas, l'officier prussien l'interdisant tant que Boule de Suif ne couchera pas avec lui, ce qu'elle refuse.

Le premier matin, tous sont d'accord avec elle, choqués par le chantage de l'officier mais les jours passent, l'ennui augmente et petit à petit les passagers font pression sur elle pour qu'elle accepte.

C'est là que toute la dextérité et le doigté De Maupassant apparaissent pour décrire l'hypocrisie de la bonne compagnie, le mépris dont elle fait preuve envers celle sans qui le voyage aurait pris fin. C'est brillant, finement amené, le dégoût des méchantes gens et la peine ressentie pour Elisabeth nous parlent au coeur.

Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge SOLIDAIRE 2021
Challenge XIXème SIECLE 2020
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Je ne connaissais pas l'histoire; quel gang d'ignobles individus autour de l'héroïne du récit! J'ai vraiment été indigné par leur comportement hypocrite, outré par leur égocentrisme, fâché de leur manque total de reconnaissance. Si Maupassant voulait démontrer que ni les titres de noblesse, ni la richesse, ni les opinions politiques vertueuses, ni la dévotion n'étaient garants de la dignité la plus élémentaire, d'un minimum de savoir-vivre, d'un soupçon de probité intellectuelle, bref d'un peu de respect de la personne humaine, il a parfaitement réussi. J'ai profondément haï ce ramassis de profiteurs sans scrupules et compati à la souffrance d'Élizabeth.

L'auteur expose avec conviction le snobisme, la rouerie, la bassesse, la lâcheté. Mais il aborde aussi la notion si actuelle de consentement, ce qu'on refuse à dame Rousset à cause de son métier. C'est très bien écrit, le récit est fin et percutant, à preuve la révolte viscérale que ce livre m'a inspirée. Peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais certainement une lecture marquante. Je m'en souviendrai longtemps.
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C'est avec un immense plaisir que j'ai retrouvé Maupassant. J'avais lu Boule de suif à l'école secondaire, je me rappelais que ça m'avait plu mais gardais juste en mémoire l'image d'une petite femme rondelette dans une diligence. C'était vague… J'avais envie de faire l'expérience d'une lecture audio, j'ai saisi l'occasion de « relire » cette nouvelle figurant parmi les livres du domaine public. Essai transformé et convaincant !

Maupassant situe l'histoire en 1870 en Normandie, au moment où les troupes prussiennes chassent l'armée française. Dix personnes désireuses de quitter Rouen pour se rendre à Dieppe et fuir l'occupation prussienne s'installent dans une diligence. Il y a un comte et son épouse, un couple de la haute bourgeoisie, un de la petite bourgeoisie, deux bonnes soeurs, un démocrate, et une femme de petite vertu à la chair généreuse et que l'on surnomme pour cette dernière raison, Boule de suif.

Au début du voyage, elle est maintenue à distance par ceux de la « haute »; mais lorsque le voyage s'étire, et que prévoyante, elle a emporté un grand panier rempli de victuailles, les ventres gargouillants de ses compagnons mettent leurs préjugés en sourdine et acceptent, avec reconnaissance croit-on, les offres de se rassasier de Boule de suif. La voilà donc devenue fréquentable.

Arrivés à l'auberge d'étape, ils se voient tous contraints de prolonger leur séjour par un officier prussien au bon plaisir duquel Boule de suif, patriote jusqu'au bout des ongles, a refusé de céder.

Et c'est là que Maupassant nous démontre tout son talent en décrivant finement l'opportunisme, l'individualisme, la condescendance, le dédain, le mépris de la soi-disant bonne société, qui d'abord offusquée de cette scandaleuse demande, retourne sa veste devant l'égoïsme de la femme de joie qui les prend tous en otage, et jette sans vergogne Boule de suif dans les bras de l'officier ennemi, après l'avoir convaincue par des tours de passe-passe subtils.

Les réflexions, les dialogues des protagonistes sont jubilatoires; la fin l'est moins.

On peut encore lire beaucoup de choses entre les lignes de cette nouvelle, c'est un excellent condensé des turpitudes des être humains et des castes.



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Un texte français de 1880 qui a inspiré du cinéma russe des années Staline grande terreur, deux ans plus tard un réalisateur qui, in fine, soutint Nixon (John Ford tourna Stagecoach où Boule de suif devient la prostituée Dallas) et un film de 45 sur la France collabo (Christian Jaque), c'est sûr, un tel texte touche à l'universel. le personnage de la prolétaire prostituée face aux représentants du capital et de la morale dans le huis clos d'une diligence, c'est aussi fort que Gavroche ou Quasimodo, même si Disney hésite encore pour le dessin animé et Rodgers et Hammerstein pour le musical à Broadway. J'ai pensé tout du long à Grisélidis Réal, la vraie Elisabeth Rousset, qui à chaque fois que je la lis me colle les larmes, tout comme Boule de Suif.
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« Boule de Suif » est le chef-d'oeuvre incontestable de Guy de Maupassant !
Un régal de lecture que j'ai relu sur Litteratureaudio.com, aspiré par le charme vocal de la très regrettée Victoria.
Cette nouvelle fut écrite à l'initiative d'Émile Zola proposant à de jeunes écrivains de publier un recueil collectif de nouvelles « Les soirées de Médan » rassemblant des histoires de naturalistes français. Il sera publié en 1880. Auparavant, en 1879, Maupassant en fera une lecture publique à ses amis.

Dans l'hiver 1870, en plein repli de l'armée française et l'envahissement de la ville de Rouen par l'armée prussienne, une diligence tirée par 6 chevaux emmène des négociants fortunés qui veulent rejoindre Dieppe. Ils sont dix, entassés dans la voiture : un couple de marchands de vin, un propriétaire de filatures, officier de la Légion d'honneur et sa très jeune femme, un couple d'aristocrates très riches, deux bonnes soeurs marmottant des prières, un démocrate désirant se rendre au Havre.
La dernière passagère, seule, est une de ces femmes que l'on nomme galantes, « petite, ronde de partout, grasse à lard, avec des doigts bouffis… appétissante et courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir ». Son embonpoint lui avait valu le surnom de Boule de suif.

Des chuchotements, les mots de « prostituée », « honte publique », courent parmi les honnêtes femmes en apercevant Boule de suif. Les conversations alimentent tout le voyage. La faim tenaillant les passagers, un geste attire tous les regards : Boule de suif sort tranquillement un panier de victuailles et commence à manger. « Mon Dieu, si j'osais offrir à ces messieurs et à ces dames... », dit Boule de suif voyant les regards affamés. « Nous acceptons avec reconnaissance, madame ». Ils se mettent à manger avec appétit. Certains parlent même de « charmante compagne ».

La nuit venant, la voiture s'arrête dans une auberge occupée par des Prussiens. Un officier allemand les invite à sortir : « foulez-fous tescendre, messieurs et tames ? ». On allait se mettre à table lorsque le patron de l'auberge arrive et dit que l'officier prussien désire voir mademoiselle Élisabeth Rousset. Il s'agissait du nom de Boule de suif. « Oh la canaille ! la canaille ! » dit-elle en revenant rapidement, rouge, furieuse. Tout le monde se couche.
Le lendemain, les voyageurs apprennent que l'officier, inflexible, a donné l'ordre de ne pas atteler pour continuer le voyage. Il demande à nouveau mademoiselle Élisabeth Rousset. Les voyageurs ne comprenant pas, Boule de suif est obligée, exaspérée, de leur parler : « Ce qu'il veut ?... ce qu'il veut ?... Il veut coucher avec moi ! » crie-t-elle. Une nouvelle journée passe dans le désoeuvrement, et tous les voyageurs retournent se coucher.

Plusieurs jours passent, sans départ. L'aigreur monte envers Boule de suif. La femme du marchand de vin éclate : « Nous n'allons pourtant pas mourir de vieillesse ici. Puisque c'est son métier, à cette gueuse, de faire ça avec tous les hommes, je trouve qu'elle n'a pas le droit de refuser l'un plutôt que l'autre. » Égrillardes, certaines des femmes finissent par plaisanter, avec un petit frisson : « Il n'avait qu'à dire : « Je veux », et il pouvait nous prendre de force avec ses soldats. ». Les yeux brillaient. On lançait des blagues grivoises. le comte décide enfin de s'occuper de l'affaire. Insistant, il appelle Boule de suif « ma chère enfant ». Elle leur rendrait service… Puis en la tutoyant gaiement : « Et tu sais, ma chère, il pourrait se vanter d'avoir goûté d'une jolie fille comme il n'en trouvera pas beaucoup dans son pays. »

Boule de suif disparait. « Ça y est », pense-t-on. Une gaieté de soulagement s'installe. « Et l'on ne dormit que très tard, assurément, car des filets de lumière glissèrent longtemps sous les portes. le champagne a de ces effets-là ; il trouble, dit-on, le sommeil. »

Le lendemain, Boule de suif reparait, honteuse, et la voiture repart. Les passagers l'évitent. « Heureusement que je ne suis pas à côté d'elle. », dit la femme du marchand de vin. Affamés, ils sortent des provisions, rien pour Boule de suif. le mépris des occupants l'accable et elle se met à pleurer dans l'indifférence générale. Madame Loiseau a un rire muet de triomphe et murmure : « Elle pleure sa honte. »


« Un chef-d'oeuvre de composition, de comique et d'observation », disait Flaubert sur « Boule de suif ». Comment ne pas approuver le respect admiratif du maître envers son élève.
Ce récit est un texte politique et subversif, souvent hilarant. Impossible de ne pas ressentir le sentiment de profonde humanité recherché par l'auteur envers cette pauvre femme que l'hypocrisie, la bêtise d'une société bourgeoise, aristocrate et religieuse, engoncée dans ses certitudes sur la morale, rejette socialement.

***
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Boule de Suif est sans nul doute l'une des plus célèbres nouvelles De Maupassant, et je comprends parfaitement les raisons d'une si grande célébrité. En effet, Boule de Suif a tout ensemble : le comique, les personnages, le rythme… Dans cette chronique féroce de la fin du Second Empire, Maupassant dénude la société de son temps, et révèle les grivoiseries qui se cachent derrière les apparences distinguées.
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Quel hypocrisie, c'est affreux, ignoble... Maupassant décrit l'hypocrisie et la méchanceté à la perfection avec ce court récit. J'en reste toujours aussi révolté !
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