Les jeunes sont trop occupés avec leur propre vie. Et il est facile d'oublier que vos parents ont une vie eux aussi. Des sentiments. Que ce n'est pas parce que l'on vieillit que cela disparaît.
« Regarde-nous maintenant. Piégés sur ce petit morceau de terre au bout du monde. A nourrir notre douleur et notre culpabilité. Nous regardons notre passé avec déception et notre futur avec crainte. Et rien de tout cela ne te fait remettre ta foi en cause ?
-C’est dans la nature même de la foi d’être constamment mise à l’épreuve. Ce serait de la suffisance de la considérer comme acquise. En faisant cela, on perd sa relation à Dieu.
-Trop facile.
-Ça n’a rien de facile. Crois-moi, la foi n’a rien de simple ou de facile quand la vie est en train de s’écrouler.
-Alors pourquoi tu persistes ?
-Peut-être à cause de cette sensation que tu as de n’être jamais seul…»
Il n’y a rien de plus fort que de se retrouver responsable d’une autre vie. Tu commences à faire attention à la tienne.
La foudre s'abattit si près de Fin qu'il se baissa instinctivement et se laissa tomber à genoux, l'image de la vallée devant lui imprimée sur la rétine. Un pays étrange et brutal couvert par les résidus des explosions glaciaires vieilles de plusieurs millions d'années. Pendant un moment, il n'entendit plus rien et ses narines s'emplirent de l'ozone qui se diffuse dans l'air après les décharges électriques orageuses.
Les meilleures amitiés sont celles où il n'est pas nécessaire de parler pour combler les silences.
"Qu'est ce qui nous est arrivé, Donald?" Il réfléchit à sa propre question. " Je veux parler de nos espoirs, de nos attentes. Quand nous n'étions que des mômes et que la vie n'était rien d'autre que des possibilités. Tout ce que nous voulions être, tout ce que nous aurions pu être."
Un homme est en droit de prendre à la terre que le Seigneur nous a donnée. Et il l'a donnée à chacun de nous, Fin. Tu ne peux pas l'emporter avec toi quand tu meurs alors comment quelqu'un peut-il penser la posséder de son vivant ?
Le soleil d’été avait commencé à tourner lentement, irrémédiablement, vers l’équateur, posant chaque soir un peu plus tôt un voile obscur sur les Hébrides. Ces longues nuits où flottait encore la lumière du jour, et pendant lesquelles il était parfois possible de voir le soleil se lever et se coucher en même temps, étaient loin.
Cela ne faisait pas si longtemps que l'ensemble des terres de Lewis n'appartenaient plus à un seul propriétaire, une époque où les habitants qui louaient des fermes et travaillaient la terre étaient à peine mieux traités que des serfs.
Ainsi, autrefois, lorsqu'il avait été décidé que l'élevage des moutons était plus rentable que la culture du sol, de nombreux fermiers avaient été expulsés et envoyés dans des endroits choisis pour eux ,au Canada ou en Amérique, avec guère plus de prise sur leur avenir que les esclaves que l'on avait arrachés du continent africain .
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L'été paraissait ne pas vouloir finir.
L'éclat jaune des potentilles sauvages qui poussaient parmi les fougères agrémentaient d'une touche dorée le paysage où même la bruyère avait perdu ses couleurs.
Les minuscules pétales se balançaient dans la brise qui forcissait, venue de l'océan, chargée de l'odeur de la mer
et du parfum encore léger de l'hiver.