Bien plus que de l'ivoire
Parc national Kruger, Afrique du Sud, 2018
-Oui, il m'a dit d'aller à l'école du gouvernement et de faire toutes les études nécessaires afin de consacrer ma vie à sauver les éléphants, avant qu'ils aient tous disparu. C'était dans son rêve. Et il a ajouté que c'était mon devoir, en tant que fille d'un peuple en voie d'extinction.
- Donc, c'est à cause d'un rêve que tu te retrouves à patrouiller à deux mille kilomètres de chez toi (...)
Depuis quelque temps, l'équipe scientifique, qui étudie et soigne les animaux du parc, s'est enrichie d'une nouvelle recrue. C'est la première fois qu'une fille du peuple san remplit cette fonction. Après des études de zoologie et de médecine vétérinaire, Ganema a décidé de se spécialiser dans la sauvegarde des éléphants du parc Kruger. Comme une mission, par respect pour son défunt grand-père, Kunta, le chaman. Loin de chez elle, de son peuple, de sa famille. (p. 104)
Le lord reste un moment prostré, rejoint par Sanda. Il l'imite lorsque le contremaître se met à psalmodier dans sa langue en caressant la trompe de l'animal. Les bouddhistes croient au karma et à la réincarnation. Dans sa prière, Sanda souhaite à Rajah de se réincarner en homme... ou du moins en femme, dans un premier temps. Car dans sa religion, naître femme est un stadei nférieur dans la hiérarchie des êtres vivants, néanmoins supérieur à l'éléphant.
- Eh bien moi, je ne lui souhaite pas de se réveiller en être humain, commente Fiona. Si c'est cela que nous proposons aux vieux animaux, alors non, cela ne vaut pas la peine. ("L'Hospice des éléphants ", p. 85)
Cette nuit-là, Fiona réfléchit. Elle pense que son père, Sanda et les cornacs sont bien insensibles. Certes, tous paraissent aimer les éléphants, mais parfois, elle se dit qu'ils ont bien peu de compassion et de reconnaissance pour leurs compagnons de travail. ( "L'Hospice des éléphants", p. 83)