La Femme de mon Rêve
(Sonnet)
Un front majestueux où plane le génie,
Des yeux illuminés par le feu d'un grand coeur,
Une bouche au sourire exempt de tour moqueur,
Une voix dont le calme exhale l'harmonie;
Une âme qui du lis égale la blancheur,
Que les souffles impurs ni les ans n'ont ternie,
Dont le charme m'inspire une estime infinie,
Qui dans les sombres jours sait garder sa fraîcheur ;
Telle est la vision dont je cherche la trace
A travers les beautés des vierges de ma race,
Comme on cherche un soleil qui rayonna sur nous.
Oui, je veux te revoir, image bien-aimée,
Aspirer de plus près ton âme parfumée,
Devant mon idéal tomber à deux genoux.
Montréal, 25 novembre 1899.
Gloire au Vainqueur
Salut, vaillant athlète, élu de la Victoire !
L'orgueil national électrise les cœurs,
En ce jour où le monde acclame dans la gloire
Les Canadiens vainqueurs.
En partageant le sort de l'homme qui voyage
A travers les périls, dépourvu de secours,
Mieux qu'un de tes rivaux, tu payas ton hommage
A la loi du concours.
Jamais homme porté sur une aile rapide
N'effleura comme toi le tortueux sentier
Qui ceinture la terre et qui s'offre perfide
Au faible aventurier.
Dans ta course, semblable à l'éclair qui rayonne,
Tu traças sur le Globe un cercle lumineux,
Dont l'éclat resplendit, triomphale couronne,
Sur ton front radieux.
Prince, honneur à ton nom qui figure la race
Par toi victorieuse aux yeux de l'Univers !
L'écho de ton exploit, qui bondit dans l'espace,
Vole au delà des mers.
Honneur à Marion, mentor de ta détresse !
Honneur au chef hardi qui tous deux vous guida,
Au ferme nautonier qui dirige "La Presse" !
Honneur au Canada !
Déclin du XIXe Siècle
(Sonnet)
Encore un pas géant, ô siècle de lumière !
Couronne ton passé, puisque tu vas finir.
Tu descends au tombeau dans ta vigueur première :
A tes fils ne dois-tu léguer qu'un souvenir?
Un siècle ne meurt pas. Regardant en arrière,
Les peuples de demain, fiers, sauront te bénir.
Pour éclairer le monde, au bout de ta carrière,
Va nourrir de ton feu l'astre de l'avenir.
Que tes derniers rayons, allumant l'espérance,
Enflamment la foi pure au cœur des nations,
Et nous verrons grandir les générations.
De la guerre qui tue apaise la souffrance,
Conserve au Canada son air de liberté,
Et monte jusqu'au ciel de l'immortalité.
Montréal, 1er janvier 1900.