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sur 396 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Être un rêveur, espérer en une vie meilleure, dans cet eldorado que représentent les États Unis d'Amérique pour une famille camerounaise.

Le rêve américain a quand même la gueule de bois dans cette période des subprimes. Pas le meilleur moment pour une intégration réussie! Les américains de souche vont vivre une crise financière sauvage, et l'espoir en l'élection d'un président noir n'ouvre pas aux lendemains enchantés.

Les rêves sont une chose, mais pour Jende et Neni, la réalité se résume à la Green Card ou à la clandestinité.
Jende a beau trouver un excellent emploi de chauffeur pour un banquier de Wall Street, et Neni être étudiante, leur situation reste précaire. En attente du sésame tant espéré, ils vont se battre, travailler avec acharnement, et découvrir un monde où la réussite est incontournable et la consommation frénétique.

J'ai lu ce livre avec un vrai plaisir (je dirais même compulsivement) dans les pas de personnages hauts en couleur dans un contexte social ciselé. C'est le parcours d'une immigration courageuse, déterminée à la réussite par tous les moyens pour protéger la famille et améliorer le quotidien. Réalité transposée et déformée pour la famille américaine confrontée à son propre tsunami personnel et professionnel.

Le fossé entre les deux familles en présence, le décalage des deux cultures, la confrontation des valeurs humaines rendent le récit passionnant, avec une réflexion subtile sur les notions de classe sociale, de race et de mariage. Ici chacun poursuit ses rêves comme il le peut.

Imbolo Mbue est une conteuse captivante, qui offre un premier roman pétri d'humanité et de gravité et aussi de naïveté, de légèreté et de cocasserie.
Elle nous laisse sur la question d'un rêve africain possible...
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Critique de la version audio.
Première fois que je "lis" un livre audio. C'est très plaisant d'écouter une belle histoire tout en faisant autre chose, avec tout de même un petit inconvénient chez moi... les interruptions ne peuvent se signaler par un marque-page, et pour reprendre l'écoute, il faut parfois quelques manipulations et retours en arrière.
Mais ce fut une très agréable découverte. La narration, par Julien Chatelet, offre à chaque personnage une personnalité bien marquée, c'est un véritable plaisir que de l'entendre prendre des intonations africaines sans forcer le trait. Vraiment formidable !
Bien sûr, l'histoire en elle-même est belle... je crois que tous les avis s'accordent la-dessus... alors, tout ça a fait de cette lecture un véritable bonheur !
Pour ceux qui ont beaucoup apprécié la version livre... je peux conseiller la version audio, ils en auront probablement une nouvelle vision.
Je vais confier ce livre audio à ma mère qui, elle, ne voyant plus, en écoute déjà depuis quelques années... je suis presque sûre qu'elle aimera aussi.
De sa part et de la mienne, un grand merci aux organisateurs de Masse Critique et à Audiolib pour cet envoi.
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Voici venir les rêveurs, le livre de la rentrée littéraire 2016 à ne pas manquer !

Des coups de coeur partiels, j'en ai régulièrement. Quelques fois, je craque pour un personnage singulier, d'autres fois c'est pour une histoire originale ou la sensibilité d'un récit. Je suis assez réceptive à ce qu'un roman souhaite raconter. J'ai eu un coup de coeur pour « Voici venir les rêveurs » de Imbolo Mbué, mais ce coup de coeur ci, il est entier. Ce roman, pourtant profond, est porté par la légéreté du mode de vie africain. Imbolo Mbué y parle de l'immigration vue par un couple de Camerounais, mais aussi de l'envie, du besoin d'avoir plus et d'espérer une vie meilleure.

En attente de leur régularisation, Jende et Neni vivent à New York. Jende à la chance de décrocher un emploi de chauffeur pour un membre de la direction de l'une des plus grosses banques de la place. Conscient de la chance qu'il a, Jende n'a de cesse d'exceller dans son travail. Mais la crise de 2008 ébranle le monde financier et touche de près les deux hommes...

J'ai adoré ce roman. Tout d'abord pour les personnages, Neni et Jende, ce couple d'immigrés qui veut coûte que coûte rester aux USA. Jende est un homme intègre et sage, Neni a le feu qui bout en elle. Bien qu'elle respecte son mari, comme il est de coutume en Afrique, on suit son américanisation. Neni refuse l'idée d'une possible extradition et est prête à tout pour rester aux Etas-Unis. Jende lui est conscient que son salaire lui permet de payer les études de sa femme qui souhaite devenir pharmacienne et d'envoyer de l'argent à Limbé lorsque sa famille le sollicite. Et c'est là qu'on découvre un style de vie tellement différent du nôtre. La famille a qui on doit envoyer de l'argent, le respect des anciens, même s'il y a injustice et la force des traditions qui fait que même à plusieurs millier de kilomètres, il est impossible de se détacher de son passé.

Dans « Voici venir les rêveurs », Imbolo Mbue met en évidence deux visions des USA. Celle vue d'un immigré africain et celle des autochtones, qui plus est, des nantis. J'ai particulièrement aimé Jendé qui est un homme d'une grande sagesse. Conscient de la chance qu'il lui est offerte, il reste très terre à terre. Bien qu'étant un homme fier, il est aussi extrêmement humble et travailleur. Durant tout ce roman, on assiste à l'évolution et à l'intégration de Neni, Africaine de coeur, elle se rêve en Américaine moderne au grand désespoir de son mari. le patron de Jende et Cindy son épouse, sont l'archétype du couple riche qui n'a pas conscience de sa chance. le bonheur semble vouloir les fuir. Lui s'oublie dans le travail, elle sombre dans l'alcoolisme et la dépression. La crise économique viendra attiser le feu qui brûle entre les maris et femmes. le moment pour eux tous de se remettre en question et de reprendre leur vie en main.

"Voici venir les rêveurs" de Imbolo Mbue est un livre à découvrir absolument, pour le fond mais aussi pour la forme, car s'immerger dans l'histoire c'est un peu s'inviter dans le quotidien d'une famille Camerounaise.

Ce roman rejoint la catégorie coup de coeur du blog !

Pourquoi cette lecture ?

J'ai choisi ce titre dans le catalogue des éditions Belfond sur Netgalley.fr. Nous étions au mois de mai, et je n'en avais pas encore entendu parler. J'ai été attirée par la couverture ethnique mais surtout par le résumé. Les habitués de ce blog savent que j'aime lire tout ce qui traite de l'immigration, quelle qu'elle soit. Je ne pouvais donc pas passer à côté de ce roman.

Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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Jende Jonga, Camerounais, est venu en Amérique parce que c'est le pays où tout est possible. D'ailleurs sa belle, Neni a pu le rejoindre comme étudiante avec leur fils Liomi. Il a même enfin décroché un job de chauffeur pour une riche famille blanche. Il ne lui reste qu'à obtenir la grenn card grâce une demande d'asile.
Clark quant à lui est cadre chez Lehman Brothers. Avec son épouse Cindy il semble former un couple parfaitement heureux. Pourtant Clark est accro au travail d'autant qu'il sent venir le scandale lié aux risques pris par la banque. Tandis que Cindy est toujours inquiète pour sa famille.
Au fil des heures passées dans la voiture des liens de confiance se créent entre Jende et son employeur. Neni aussi travaille momentanément pour Cindy.
Quand la crise des subprimes éclate les deux familles vacillent.

Ce roman correspond exactement à ce que je recherchais, un récit sur les difficultés qui attendent les immigrants. Mais il va au-delà. Si les Jonga vont changer leurs objectifs, de gré ou de force, la famille riche aussi va subir de grandes transformations.







Au delà du problème de l'immigration, il y a la peinture de deux familles. Les deux maris sont des hommes qui font de leur mieux, mais leur façon de régler les problèmes sont différents. Clark fuit dans le travail et cherche la détente auprès de prostituées. Jende essaie de prendre soin de sa femme mais ne semble pouvoir envisager de la laisser agir sans lui demander son avis. Quant aux épouses, Cindy n'hésite pas à parler d'égale à égal avec son mari même si c'est la plupart du temps dans des disputes alors que Neni ne voit pas d'autres solutions que se soumettre lorsqu'elle ne peut convaincre le sien.

Un livre sur l'Amérique vue à travers deux types d'expérience totalement différentes, mais aussi sur deux façons d'envisager le couple et la famille.

Dommage que ce soit l'unique livre de Imbolo Mbue.
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J'ai lu goulûment les 420 pages de ce livre sans pouvoir m'arrêter, avide et presque inquiète de savoir ce qui allait arriver à ces personnages terriblement attachants, pleins d'humanité, fous d'amour pour l'Amérique et prêts à tout pour y rester.
L'histoire est toute simple, elle est celle de beaucoup…
Jende Jonga, originaire de Limbé, au Cameroun, où il travaillait pour le conseil municipal, vit depuis peu à New-York. Il multiplie les petits boulots, fait la plonge dans les restaurants de Manhattan, vit dans les sous-sols d'un foyer, mange ce qu'il trouve. Et pourtant, il ne veut pas repartir : il en est bien persuadé, son avenir est ici, sa vie aussi.
C'est en Amérique qu'il pourra s'accomplir, devenir un homme, s'enrichir. Il y croit dur, a une volonté de fer et il fera tout pour que ça marche.
Très vite, il fait venir Neni, sa femme et Liomi son fils. Et l'aventure à trois commence… Leur rêve ? La Green Card, espèce de « sésame ouvre-toi », qui leur permettrait enfin de dormir en paix et de rêver d'un avenir meilleur. En attendant, il faut trouver un avocat, payer, passer et repasser au bureau de l'Immigration afin de régulariser leur situation.
Leur état d'anxiété est indescriptible. Heureusement, Jende va finir par décrocher un travail digne de ce nom : il va devenir le chauffeur de Clark Edwards, banquier chez Lehman Brothers. Costume, cravate, « oui Monsieur, non Monsieur ». Ponctuel, serviable, affable, discret, intègre, aimant infiniment celui qu'il sert, souffrant de voir son patron inquiet ou anxieux, Jende est une perle et se coule parfaitement dans ce nouveau rôle qu'il souhaite assumer jusqu'à la fin des temps…
Sa femme reprend ses études de pharmacie et le petit Liomi s'amuse bien à l'école…
Mais, nous sommes en 2007, la crise des subprimes est là et le tremblement de terre est imminent…
Pourquoi ai-je aimé ce livre ?
Certainement parce que les personnages sont, comme je le disais au début, extrêmement attachants : je vous assure, on tremble littéralement pour eux. Leur malaise est là, palpable, insondable. Leur volonté de devenir citoyens américains si essentielle, si existentielle que l'on se dit que c'est, pour eux, une question de vie ou de mort.
Ce qui est extrêmement touchant en même temps, c'est leur immense naïveté et leur optimisme infini : ils y croient, ils le veulent, ils ont la foi et l'on espère de tout coeur pour eux qu'ils y arriveront… En attendant, ils vivent dans leur petit deux pièces de Harlem plein de cafards…
J'ai beaucoup aimé aussi, dans cette oeuvre, les échanges, les dialogues entre Clark, le riche cadre et Jende, le pauvre chauffeur : l'un a tout, l'autre n'a rien et pourtant va naître entre eux une véritable fraternité qui est belle à voir et tant pis si ça fait mélo, j'assume ! Une scène finale entre eux m'a vraiment beaucoup touchée. Si j'ai pleuré ? Je ne vous le dirai pas, vous vous moqueriez…
On découvre aussi que sur cette terre d'Amérique, l'intégration n'est pas si simple, loin de là ! Et puis, au fond, posons-nous les vraies questions, comme disent les politiques : quelles sont les valeurs proposées par ce pays de rêves ? Les gens y sont-ils plus heureux qu'ailleurs ? La vie que mène Clark laisse rêveur… Bien sûr, il a de l'argent… bien sûr, sa femme peut s'acheter des vêtements Gucci ou Valentino, bien sûr la vue qu'ils ont sur Manhattan de leur appartement est à couper le souffle mais… sont-ils heureux ? Pas sûr !
Vraiment, ne boudez pas votre plaisir, vous allez vous régaler, ce serait vraiment dommage de s'en priver !

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Un livre, un rêve, une destinée.
Jende camerounais émigre avec femme et enfant à New York.
A l'espoir d'une vie meilleure succède désenchantement et désillusion.
C'est fort et poignant.
Le lecteur vit à travers Jende toutes les frustrations et déceptions liées à l'immigration.
Un joli texte, une jolie histoire, un joli rêve.
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Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Belfond pour l'envoi de ce premier roman d'une auteure dont j'aurai envie de poursuivre la découverte si elle poursuit dans l'écriture.
En effet, j'ai beaucoup aimé le fond et la forme de ce premier roman. le fond c'est l'histoire d'une famille ordinaire camerounaise qui quitte son pays pour la terre promise (les Etats-Unis) dans l'espoir de vivre une vie meilleur et surtout d'offrir un avenir plus radieux à ses enfants.
La forme ce sont des chapitres courts, des dialogues, du rythme, de la fougue, de la passion, du rire, de l'émotion, de la colère, de la révolte.
J'ai beaucoup apprécié la manière dont Imbolo Mbue incarne avec ses personnages le drame de l'immigration, le choc des cultures (africains d'un côté, américains de l'autre), la pauvreté, la fierté, la volonté de s'en sortir sans perdre son âme, renier ses valeurs. J'ai apprécié la profondeur des réflexions sur la crise, sur le couple, sur les changements inévitables quand on quitte son pays, sur l'éducation, sur la pauvreté, sur la frontière qui sépare les blancs et les noirs. J'ai trouvé le ton juste et j'ai été très touchée par les Jonga : Neni et Jende et les Edwards : Cindy et Clark.
L'argent ne fait pas le bonheur, même s'il y contribue grandement. Vous ne partagez pas ce point de vue ? Imbolo Mbue vous le prouve à travers son premier roman Voici venir les rêveurs. Les rêveurs, ce sont les époux Jonga qui voient la green card comme un eldorado. Au fil du roman, ils s'apercevront que le parcours pour l'obtenir est semé d'embuches. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? A vous de le découvrir en vous plongeant dans ce premier roman. Personnellement, j'y ai pris beaucoup de plaisir.
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Quel image avons nous dans les médias de l'immigration, des clandestins..... Des bateaux surchargés, la misère,, des migrants à l'agonie, des émeutes dans certains centres, la peur, des peuples qui veulent à tout prix échapper à la guerre.
Imbolue Mbue rend hommage à cette population montrée du doigts. Elle fait honneur au Cameroun et à sa terre d'accueil, les Etats Unis. A travers la famille de Jende Jonga, père de famille, époux dévoué qui souhaite le meilleur avenir possible pour ses descendants, l'auteur raconte une autre face de l'immigration clandestine. Une face avec plus d'espoir et de dignité.
Jende va débarquer au Etats Unis avec des rêves pleins la tête. Installé dans un quartier pauvre d'Harlem, il côtoie tous les jours par son travail de chauffeur le gratin de Wall Streets, la richesse, les hommes d'affaires et leur femme au foyer.... Devenir chauffeur pour un richissime banquier va lui faire toucher du doigts le St Graal, à ses yeux possibilité d'obtenir la Green Card.
Deux familles que tout oppose (la Famille Jonga et Edwards) vont partager leur tracas du quotidien, se découvrir leur culture, s'écouter, se confier, négocier..... Deux familles où il n'y a pas seulement l'argent qui les oppose. Il y a aussi les valeurs familiales, le rôle de la femme dans le couple, les attentes pour nos progénitures, nos espérances pour l'avenir. Deux familles qui vont rencontrer des problèmes sur les aléas de la vie et lecteur se retrouvera à pointer du doigt les deux clans.
Franchement l'auteur offre une autre image des clandestins. Elle ne prend aucune position et brosse parfois un portrait peu reluisant des protagonistes, qu'il soit américain ou camerounais. Elle apporte une certaine dignité au sans papier. Je repense aussi au tandem Mme Edward/Neni, deux femmes prêtes à tout pour sauver les apparences, pour leur famille. Une confrontation que j'ai adoré lire malgré l'issue tragique.
De plus, l'auteur offre un final des plus déroutant. Une autre issue de l'immigration. Une prise de position qui m'a surprise et émue.
Un premier roman touchant, intéressant, émouvant avec un zest d'humour. Il offre une image plus digne de l'immigration. Il donne de l'espoir. Je le conseille.
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Un petit bijou que ce "Voici venir les rêveurs"! Imbolo Mbue nous décrit avec justesse, au travers des vies de Jende et Neni, sa femme, toutes les difficultés et tous les espoirs qu'engendrent le rêve de vivre aux États-Unis pour des africains venus à sa conquête. On y trouve les différences et le choc culturel (parce que s'en est vraiment un énorme!), le mode de vie , de vision de la vie et de ses écueils mais également la recherche du bonheur, d'une certaine liberté (comme par exemple pouvoir s'extirper d'une classe sociale de par sa propre réussite et non de par sa naissance) et d'un acharnement au traval pour prouver que tu es venu dans ce pays pour y trouver une place et non pour en vivre à ses crochets. Mais tout cela ne compte pas pour le service de l'immigration et la lutte, le combat est difficile, long, administratif, fait de peurs, d'angoisses et d'espoirs. Jende et Neni ne veulent que la réussite pour être fiers d'offrir à leurs enfants un avenir, un futur qu'ils ne peuvent pas avoir au Cameroun.
L'histoire est simple: Jende, Camerounais, part aux États-Unis grâce à son cousin, afin de pouvoir gagner assez d'argent pour épouser Neni et faire venir celle-ci, ainsi que Liomi, son fils, auprès de lui. Il y parvient. Suite à cela, Neni, qui veut devenir pharmacienne, entre aux États-Unis avec le visa étudiant et poursuit ses études. Mais cela coûte cher et la vie est difficile. Quand Jende arrive à se faire embaucher comme chauffeur d'un dirigeant de Lehman Brothers, il croit pouvoir enfin toucher du doigt ce rêve américain tant espéré! Mais 2008 et la crise arrivent et tout s'effondre...
Imbolo Mbue nous retrace tout ce cheminement avec brio. C'est émouvant, touchant, drôle, cynique. Je recommande vivement la lecture de ce livre qui est au niveau d'Americanah" de Chimamanda Ngozi Adichie.
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Chaque jour, Jende Jonga se réjouit d'avoir pu obtenir un travail de chauffeur auprès de Clark Edwards, banquier chez Lehmann Brothers. Il va pouvoir faire venir son fils et sa femme Neni qui projette de faire des études de pharmacie aux États-Unis. le minuscule logement du Bronx leur semble un palais, ils font tout leur possible pour s'adapter, se conformer au mode de vie américain de leurs rêves. Car c'est bien du rêve qu'il s'agit dans ce roman, et de la profondeur du fossé qui le sépare de la réalité… Jende et Neni sont vraiment des personnages excessivement attachants, leur petit garçon, Liomi, aussi. Pour autant, les membres de la famille Clarks, représentants de la classe moyenne supérieure new-yorkaise, ne sont pas montrés comme imbus d'eux-mêmes ou foncièrement désagréables. L'auteure a eu la subtilité de créer des personnages qui aient de multiples facettes et qui tous, puissent être sympathiques à un moment ou à un autre.
L'envers du rêve américain est en passe de devenir un genre littéraire à part entière, et ce thème ne manque pas d'intérêt, surtout lorsqu'il s'agit du point de vue des immigrés illégaux. Ce roman de Imbolo Mbue a la finesse de ne pas s'arrêter à ce seul point de vue, mais à alterner avec les angoisses d'une famille américaine typique, et très aisée, confrontée à la crise économique. Jusqu'à quel point ces deux familles pourront se rapprocher est l'un des éléments-clefs du livre. L'autre étant de savoir si les Jonga pourront obtenir des cartes vertes.
Ce roman aurait été un coup de coeur si je n'avais pas déjà lu, et aimé, Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie, Tous nos noms de Dinaw Mengestu et le ravissement des innocents de Taiye Selasi
Toutefois, si tous ces romans ont un point commun évident, celui de Imbolo Mbue est passionnant à plus d'un titre, notamment parce qu'il s'inscrit dans une actualité récente, lors de la crise des subprimes aux États-Unis, et parce qu'il donne à voir différents points de vue, notamment la différence de ressenti entre hommes et femmes, chacun n'attendant pas la même chose d'une installation dans un nouveau pays. J'ai particulièrement aimé ce premier roman d'Imbolo Mbue pour les beaux portraits de Jende et Neni, authentiques, touchants, et pleins d'humanité, restés fidèles à leur famille au Cameroun qui les sollicite bien trop souvent, de même qu'à leurs souvenirs de là-bas, mais manifestement sous le charme de leur nouveau pays malgré les difficultés.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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