La Vénus de Botticelli Creek

- Ton thé est bon, lança Martha. Qu'est-ce que c'est ?
- Celui qui se trouvait dans le placard de ma soeur. (p. 36)

- J'essaie de trouver n'importe quelle raison pour ne pas devoir sauter directement à la conclusion logique. Les loups ne tuent pas les humains. Pas aux États-Unis. Pas dans mon comté.

Les vrais leaders sont littéralement nés pour diriger.

Tu vois ce regard qu'elle te jette si tu vas trop loin? Non? Eh bien, c'est le même regard que m'a lancé mon sergent quand on nettoyait un palais au Koweit et que j'ai eu le culot d'utiliser des toilettes plaquées or.

L'argent était un moyen très précis de mesurer la confiance.

Je suis aussi hétéro qu'on peut l'être, mais je n'ai pas honte de dire que j'étais attiré par lui. Pas sexuellement, plutôt à la façon dont une souris est hypnotisée par un serpent.

Plus tôt dans la soirée, il avait pêché en utilisant une mouche montée avec des plumes de marabout d'Afrique. Il l'avait lancée dans un coude de la rivière, en haut d'une veine de courant, et une steelhead, attirée par les vibrations orange des fibres de hackle, ou peut-être par le tinsel clinbquant et chatoyant, avait gobé le leurre en faisant brusquement demi-tour. Elle lui avait presque arraché la canne des mains avant de filer vers le milieu de la rivière pour sauter. Un mètre de muscles argentés tournoyant dans les airs, se détachant sur l'obscurité des pins. Vingt minutes plus tard, lorsque Sean avait enfin pu ramener le poisson suffisamment près pour tendre la main, la steelhead s'était détournée avec un noble dédain, hors de portée, et, sa large queue frappant la surface, lui avait éclaboussé le visage. Puis, elle s'était enfoncée dans le courant, l'abandonnant là.

Le hurlement s'élevait depuis depuis l'une de ces forêts de pins aux doigts crochus qui semblaient vouloir agripper les sommets, d'abord une note profonde, soutenue, à laquelle s'était mêlée une harmonie plus aiguë qui en avait entraîné d'autres, avant que la complainte de la meute ne meure, abandonnant le shérif au silence et aux battements de son coeur.

Martha se demandait comment on pouvait ne pas reconnaître le hurlement d’un loup, lorsque trois notes prolongées s’élevèrent à nouveau du bassin. Le premier loup était accompagné d’un second au timbre plus aigu, puis d’un troisième à la voix encore plus perçante. Ce chœur rappela à Martha un conte populaire inuit : l’histoire d’une mère qui ne trouvait pas de quoi nourrir ses enfants et dont les lamentations s’étaient muées en hurlements jusqu’à ce qu’elle se transforme elle-même en loup. Elle le raconta à Walt, laissant les chevaux souffler.
- Peuh, lâcha-t-il. Cette histoire n’a aucun sens.
- C’est pour ça que ça s’appelle du folklore. Allez, en route, on a une bonne raison d’être là, si tu te souviens bien.

Les histoires de loups mangeurs d'hommes se sont transmises chez les Amérindiens pendant des centaines d'années, mais quand ils ont eu des armes à feu, les loups ont cessé de tuer. Ils sont très intelligents et savent quand l'homme représente un danger. La raison pour laquelle il y a davantage d'écrits sur les loups mangeurs d'hommes en Europe, c'est parce que les gens avaient des crayons pour en parler, mais pas les armes pour les arrêter, donc l'histoire des loups s'attaquant aux hommes a duré plus longtemps de l'autre côté de l'Atlantique, jusqu'au début du XXème siècle. Dans le parc, où ils sont protégés, la peur de l'humain disparaît à nouveau chez les loups.
[...] mais le parc agit comme un réservoir et les loups migrent continuellement hors des frontières, donc l'absence de peur se transmet. Et ce n'est que justice, non ? On les tue. Pourquoi ne se vengeraient-ils pas de la persécution dont ils sont victimes ?