La route fait partie de ces livres ayant atterri dans ma liste de lecture suite à un faisceau convergent de signes : il fait partie de quelques listes inspirantes Babelio notamment celle des livres ayant le plus bouleversé, une collègue m'en a parlé et il s'est trouvé devant moi à la librairie.
À l'issue de ma lecture, je fais deux constats.
Le premier, c'est que je n'aurais probablement pas choisi de lire ce roman si j'en avais lu le résumé : trop SF, trop sombre.
Le second, c'est que c'eût été très regrettable tant ce livre m'a plu !
Alors, si vous ne l'avez pas encore lu, je vous invite à fermer cette critique et à ouvrir ce livre. Je vous accueillerai ici avec grand plaisir après votre lecture, pour partager nos sensations.
Nous sommes plusieurs années après l'apocalypse. le monde est dévasté, brûlé, gris, pluvieux, froid, stérile, enfoui sous une couche de cendres qui ne cesse de tomber.
Un homme et son "petit" marchent vers le sud, tentant de survivre à la faim, au froid et aux autres survivants.
Mccarthy, par des phrases courtes, percutantes, parfois sans verbe, parvient à créer une ambiance pesante, oppressante. Par un vocabulaire précis, emprunté à des champs lexicaux tous plus sombres les uns que les autres, il dépeint un monde sans espoir, sans autre issue que la mort. A chaque bivouac des deux protagonistes, à chaque endormissement, à chaque fouille de maison, la tension s'accentue, palpable, l'air s'alourdit, j'arrête de respirer, j'ai peur. Ce monde est cruel, inhumain.
Paradoxalement, l'auteur tisse, par quelques dialogues courts, par quelques gestes tendres du père, par quelques décisions importantes, une relation forte et sensible entre l'homme et son petit. Ils se protègent, ils se font confiance, se pardonnent leurs erreurs. Ils craignent l'un pour l'autre, prennent soin l'un de l'autre. C'est d'une tendresse, d'une sensibilité, d'une beauté ! L'amour père-fils dans son plus simple appareil, celui de la survie, devient la grande lumière de ce monde gris et sombre.
Cela m'a évoqué le mythe de la boîte de Pandore : l'espoir. D'ailleurs, le papa dit souvent à son fils qu'ils "portent le feu". Métaphore de l'espoir ? de l'humanité ? de l'amour ? Chaque lecteur le décidera avec son prisme.
La structure en paragraphes très courts est addictive : on tourne les pages très vite. Elle ajoute au récit un côté lancinant qui vient alourdir l'ambiance, accentuer le désespoir et ajouter au questionnement sur le sens de cette route : mène-t-elle vraiment quelque part, dans un monde meilleur ?
Ce livre donne également à réfléchir sur la valeur intrinsèque des choses, car dans ce monde post-apocalyptique, ce sont les biens les plus basiques qui ont le plus de valeur : des boîtes de conserve, un briquet, des couvertures, des chaussures, des bougies... Et plus les appareils électroménagers ou les bijoux...
Bref, si je ne souhaite vraiment pas croiser
la route de ce livre, je suis ravie qu'il ait croisé la mienne.