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4,06

sur 6470 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
De la surenchère américaine au sein même de l'épure ? Une question d'angle de vue…

C'est sans doute le roman post-apocalyptique le plus gris, le plus sombre que je n'ai jamais lu. Il a des points communs avec « Malevil » de Robert Merle ou avec « Et toujours les forêts » de Sandrine Collette car la catastrophe, dans tous les cas, est un feu. Nous retrouvons la terrible solitude et les conditions de survie précaires et minimales du beau livre « le mur invisible » de Marlen Haushofer. La présence salvatrice d'un chien qui m'avait émue aux larmes dans « La constellation du chien » a été remplacée par celle d'un petit garçon. Comme « Dans la forêt » de Jean Hegland, la foret est refuge, lieu où se cacher, mais ici elle ne constitue pas un berceau, aucun enracinement dans le beau n'est permis. Alors, certes, le livre de Sandrine Colette est également très sombre, c'est vrai. Mais il est teinté d'un espoir grandissant. Il comporte quelques taches de couleur salvatrices. Il déroule avec davantage de nuances son histoire depuis le début de la catastrophe jusqu'à la fin…

Ici le livre est d'une noirceur absolue. L'homme est devenu un loup pour l'homme. Et l'histoire est centrée sur l'errance. Uniquement l'errance aboutissant à une fin que nous devinons dès le début. Une errance qui semble, à raison, interminable et absurde. Et une fin que certains pourraient qualifier de facile. C'est donc essentiellement un roman d'ambiance. Une ambiance oppressante, sans espoir, apocalyptique, avec presque cette sensation physique que l'auteur nous maintient fermement la tête pour bien nous y plonger dans tout cet amas gluant de gris, à nous en étouffer, à nous faire boire la tasse avec cette eau granuleuse remplie de cendres et de sang séché. Ad nauseeum. Il rajoute, comme on rajouterait du piment dans un plat, de bonnes grosses louches de glauque lorsque cela tourne un peu en rond, en l'occurrence surtout dans la première partie, histoire de faire frémir le lecteur, avec par moment des ficelles relativement grosses de prime abord…Je pense notamment à cette cave sordide ou encore à la scène du rôtissoire en plein air. Non, non, non…Ce sont des éléments de ressort tellement évidents. A l'américaine. Pour impressionner, faire « de l'audimat », marquer les esprits. Qu'apportent ces scènes terrifiantes ? Sont-elles l'aveu d'un manque de profondeur du scénario ? Telles furent mes questionnements durant une bonne partie de ma lecture. Mais, par ailleurs la relation entre le père et son petit m'a beaucoup touchée et l'écriture, il faut le reconnaitre, capte, charme et vous maintient en éveil malgré tout. Bref, j'ai fini le coeur au bord des lèvres, non sans avoir pesté durant toute la lecture, étrange rencontre…J'ai aimé d'un côté, pas aimé de l'autre…

« Quand il fit assez clair pour se servir des jumelles ils inspecta la vallée au-dessous. Les contours de toute chose s'estompant dans la pénombre. La cendre molle tournoyant au-dessus du macadam en tourbillons incontrôlés. Il examinait attentivement ce qu'il pouvait voir. Les tronçons de route là-bas entre les arbres morts. Cherchant n'importe quoi qui eût une couleur ».

Que s'est-il passé ? Feu nucléaire ? Explosion volcanique ? Météorite ayant percuté la Terre ? Guerre mondiale ? Nous ne savons pas, ce qui est certain c'est que L'apocalypse a eu lieu, la terre a été mise à feu et à sang. Nous sommes environ six ans après, le monde est désormais totalement dévasté, couvert de cendres et de cadavres desséchés. Un monde sans aucune couleur, même le sang est brun. le seul rouge vif provient d'une canette de Coca Cola trouvée de façon quasi providentielle. Parmi les très rares survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ? Verront-ils enfin la mer ? Sera-t-elle bleue ? Comment un enfant peut-il survivre à cela, comment dépasser le traumatisme d'une telle errance et de ses visions cauchemardesque ? Quel est le sens de rester en vie lorsqu'ils n'y a quasiment pas de survivants et que le monde est devenu tellement sauvage qu'on ne peut compter que sur soi ? L'apocalypse serait-elle plus facile au sud alors que le soleil est à présent derrière un voile opaque quel que soit l'endroit où nous nous trouvons ?

Nous ne savons pas grand-chose sur ce père et son fils sur leur vie d'avant l'errance. Ils n'ont pas de prénom et les dialogues sont très courts. Nous devinons que le petit n'a jamais connu le monde d'avant l'apocalypse étant né alors que tout était déjà fini. Nous apprenons que la mère a choisi le suicide. Autant j'ai trouvé de la surenchère dans la première partie du livre afin d'éviter de nous ennuyer, autant l'épure choisie des personnages apporte beaucoup de charme au récit et m'a beaucoup touchée.

L'avantage d'une lecture commune, car nous l'avons lu à plusieurs et nos avis sont d'ailleurs assez divergents, c'est de nous permettre de prendre du recul via les échanges. de s'apercevoir qu'il y a différents angles de vue. Alors que je faisais part à mes comparses de mon dégout à propos de certaines scènes, j'ai pu reconsidérer ma position notamment grâce à @Yaena qui a beaucoup aimé ce livre…J'ai appréhendé la fameuse scène de la cave mentionnée précédemment comme étant une scène racoleuse de torture totalement inutile ayant pour objectif de rajouter du noir au gris, du glauque à l'horreur. Cette scène peut en réalité être perçue comme une scène mettant en valeur la chute d'un tabou à l'aune de la fin de l'humanité. Celle du cannibalisme. C'est une réflexion sur la fin de ce qui fonde notre humanité. le fait que le père et ce fils ne soient pas devenus cannibales mais qu'au contraire ils continuent à « porter le feu » est le signe que tous deux ne sont pas encore tombés de l'autre côté et qu'il reste un espoir, celui contenu dans ce petit être qui voudrait aider, rassurer, trouver des « gentils », s'inquiétant des déviances de son père qui ne fait que les défendre des autres devenus dangereux…Voilà une question d'angle de vue. C'est suffisamment passionnant pour être souligné même si l'impression de départ ne parvient pas totalement à se dissiper…Ma réaction n'est-elle pas instinctive, celle du rejet d'une part sombre possible de nous lorsqu'il n'y a plus d'espoir et que nous ne sommes plus des êtres humains ? Que ferions-nous, de notre côté, dans les mêmes conditions ultimes de survie ? Et finalement je crois que c'est l'enfant qui permet au père de ne pas sombrer. Ce petit garçon a même un côté christique au fur et à mesure de l'avancée du récit, il est celui qui peut, qui va sauver l'humanité. Au-delà du simple racolage ressenti au départ, j'ai pu finalement appréhender la philosophie, et surtout le côté quasi religieux, de ce texte.

La plume, je dois le reconnaitre également, m'a charmée. C'est une plume singulière, simple, directe, avec peu de virgules, sertissant le récit d'une certaine poésie, une poésie rythmée, en boucle. Les scènes au bord de mer sont d'une beauté de fin du monde qui restera longtemps gravée en moi.

« Là-bas c'était la plage grise avec les lents rouleaux des vagues mornes couleur de plomb et leur lointaine rumeur. Telle la désolation d'une mer extraterrestre se brisant sur les grèves d'un monde inconnu. Là-bas dans la zone des estrans un pétrolier à moitié couché sur le côté. Au-delà l'océan vaste et froid et si lourd dans ses mouvements comme une cuve de mâchefer lentement ballottée et plus loin le front froid de cendre grise. Il regardait le petit. Il voyait la déception sur son visage. Je te demande pardon, elle n'est pas bleue, dit-il. Tant pis, dit le petit.
Une heure plus tard ils étaient assis sur la plage et contemplaient le mur de brouillard qui barrait l'horizon. Les talons plantés dans le sable ils regardaient la mer couleur d'encre qui venait mourir à leurs pieds. Froide, désolée. Sans oiseaux. Il avait laissé le caddie dans les fougères de l'autre côté des dunes et ils avaient emporté avec eux les couvertures et enveloppés dedans ils s'abritaient du vent contre un énorme tronc de bois flotté ».

Au final, je ressors mitigée par cette lecture, d'un côté charmée par la plume épurée singulièrement poétique, très émue également par la relation entre le père et son fils dont la brièveté des échanges fait émerger quelque chose d'essentiel et de pur, plus circonspecte cependant devant l'horreur de certaines scènes que j'ai prise dans un premier temps pour une forme de racolage, au final cette horreur est plus profonde en termes symboliques qu'elle ne parait de prime abord, et devant le scénario dont la fin est devinée dès le départ et qui n'est centrée que sur l'errance apocalyptique sur la route.
Plusieurs jours après, il me reste surtout en tête cet oppressant camaïeu de gris et, au milieu de ces nuances moribondes, cette cannette rouge vif de soda, totalement hypnotique, faisant saliver même son lecteur. Alors, je me demande…Ce livre ne serait-il pas juste, simplement, une magnifique publicité ?


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Une petite chanson m'est venue à l'esprit, j'ai été contaminée par @Patlancien et son juke-box :
Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa
C'est vraiment fatigant d'aller où tu vas
Joe Dassin
Bref, à mon grand regret, La route fut d'une langueur monotone, froide, grise avec des dialogues répétitifs malgré de belles phrases, un style agréable épuré, un peu trop qui empêche toute évasion nous sommes cloués au sol dans cet horrible cauchemar anthracite sans échappatoire. Rien à voir, rien que cette route encore et toujours.
Un homme avance sur une route son fils à ses côtés, il pousse un caddy, dernier vestige d'un monde matéraliste, de la société de consommation car il ne reste plus rien tout à brûlé, pourquoi nous ne le saurons pas. Ils sont à la recherche de nourriture, de vêtements, de feu c'est une corvée sans fin. Ils trouvent, empilent dans le caddy, et se font voler voilà leur triste existence @Yaena ne croyait pas si bien dire en parlant du mythe de Sisyphe.
Un monde sans foi ni loi dans lequel un homme maintient le cap, peut-être est-ce un médecin qui a prêté le serment d'Hippocrate. Il fait tout pour garder son fils en vie et éviter de tuer. Il tient la route ne cède pas à la facilité. L'homme est méfiant, porte une arme et sait qu'il va mourir, son fils est confiant, innocent, quand il découvrira la mer, il fera ce que font tous les enfants, il ira se baigner c'est mon passage préféré.
Par bribes nous comprenons que la mère les a quitté pour se suicider ne supportant pas ce monde dévasté sans espoir. L'homme et l'enfant n'ont pas de prénoms, c'est étonnant mais étant seuls au monde ces marqueurs sociaux, ces symboles d'appartenances sont inutiles. Il ne reste rien, même pas leur identitè.
Je rejoinds @HordeduContrevent dans sa réflexion à propos de la fameuse canette rouge. Deuxième livre de post-apocalyptique où elle est montrée comme une des grandes joies de cette civilisation disparue à tout jamais. Est-ce tout ce qui resterait gravé dans nos mémoires, cette boisson si le pire arrivait ?
La route est ce lieu où tout se passe comme si avec la perte de repère les hommes avaient besoin d'une balise pourtant ils ont perdu pour la plupart toute humanité ce sont des hordes de sauvages. La seule marque de civilisation qu'ils aient gardé est ce besoin de posséder, d'accumuler et c'est ce qu'ils font avec des hommes qu'ils enferment dans des caves, servant de chambres froides.
Comme @Berni, je trouve un côté mystique à cette histoire avec cet enfant qui est l'étincelle, celui par qui l'homme deviendra immortel car il sera toujours dans son coeur. Quand sa fin est proche l'homme voit des couleurs peut-être ne voulait-il plus se souvenir d'autrefois afin de supporter un monde dur, sans pitié, sans espoir.
Bien sûr je n'ai pas éprouvé l'enthousiasme de @BonoChamrousse qui nous écrit un billet inspiré qui chante presque homo hominis lupus est.
C'est un livre qui se lit très vite avec de jolis phrases mais qui ne m'a pas permis de m'attacher aux personnages, je me suis retrouvée sur le bas côté dès le départ et je l'ai fini sans états d'âme, déçue d'une lecture dont j'attendais peut-être trop.
Mais la magie de la LC fait qu'en en discutant avec @NicolaK guère plus enthousiaste que moi puis les autres membres, les échanges ont permis différents éclairages très constructifs. Mon point de vue lapidaire s'est radouci. Et puis ce livre pose tant de questions que même si je n'ai pas aimé, il a atteint son but : me faire réfléchir.
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La route de Cormac McCarthy est un roman post-apocalyptique. le monde est mort – on ne saura pas pourquoi – plus de flore, plus de faune, de la poussière partout. Ne reste que quelques êtres humains, errants sans but sur cette terre désolée, se nourrissant de vieilles boîtes de conserves ou, selon les goûts, de leurs congénères.
Nous suivons la longue marche d'un l'homme et de son enfant dans leur lutte quotidienne pour survivre. Ils marchent droit devant, vers le sud, hypothétique eldorado. Marchent ou crèvent.
Ce roman est une sorte de litanie monotone, où un style sec et acéré nous immerge dans ce tombeau à ciel ouvert nommé la Terre. Ce côté immersif est paradoxalement contre balancé par l'aridité des dialogues et des personnages secondaires censés animer un récit où finalement rien ne se passe. On reste malgré sous le charme de cette esthétique de l'apocalypse, esthétique qui pour moi est LA réussite de ce roman.
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Un jour, un de ces jours comme les autres, je prends ce livre et décide de tourner la première page. Voilà, ça-y-est ! Je fais mes premiers pas sur la somme de toutes les peurs. Je ne suis pas seul. Je suis accompagné par un père et son fils. Je marche avec eux vers la désolation, le pire de l'homme et de l'humanité. Tout est moche, sale et triste. Ce cauchemar semble habiter chacun de nous. Les descriptions sont posées là pour nous assurer qu'une horreur pareille est possible. Alors, chaque pas fait grossir en nous comme une boule indigeste de peur et de constat. Pourtant, page après page, scène lugubre après horreur ont se laisse avoir par ce qui tient toute l'humanité, l'espoir, l'espoir de trouver la lumière. L'espoir qu'après ce chaos, derrière celui-ci, nos deux protagonistes vont trouver après le pire, ce qui devrait conduire notre Monde, un semblant d'humanité. J'achète le livre, j'achète l'humanité mais le Monde dans lequel nous vivons me terrorise de plus en plus. Si ce livre porte quelque chose, c'est peut-être cela, la conscience collective et individuelle que l'humain est capable du meilleur comme du pire mais qu'une poignée penchant pour le pire nous font perdre tout espoir de vivre un jour le meilleur de l'humanité.
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Se lit d'une traite, désespérée, et prête à adhérer dans l'instant à toute organisation pacifiste, anti-nucléaire, écologique...
Le monde a plongé dans un hiver nucléaire, presque entièrement brûlé, le soleil a disparu. La nuit est plus sombre que celle du tombeau, et le jour pèse comme un couvercle...Il fait un froid glacial, une sorte de neige cendreuse ne cesse de tomber. Les causes du cataclysme ne sont pas clairement expliquées...Guerre atomique, catastrophe d'origine humaine, sans doute.
Un homme tuberculeux et son fils marchent sur la route de l'Ouest des Etats-Unis, vers le sud et la chaleur. Tout être vivant, à l'exception de quelques humains et d'au moins deux chiens, a disparu. Pas même un cafard à se mettre sous la dent.
L'homme et l'enfant, dans des paysages terrifiants, avancent, cherchant à se nourrir dans un monde où il ne reste plus que des conserves, et de plus en plus rares à mesure que le temps passe. Ils doivent échapper aussi à leurs semblables devenus, pour certains d'entre eux, plus sauvages que des araignées, se dévorant entre eux, chassant la chair humaine.
Fable dystopique particulièrement sombre, on est content ensuite de se coucher dans des oreillers moelleux et de retrouver ses amis et collègues dans un état pré-cannibale...
La chute m'a déçue, je n'en ai pas très bien compris le sens. L'homme a-t-il trop protégé son fils ? Et d'où peut venir la lumière dans des ténèbres si épaisses ? Pourquoi une telle déshumanisation dans tout le texte ? Ou, si tel est notre destin pour l'auteur, il faut le tenir jusqu'au bout. S'il n' y a plus d'électricité ni de chauffage, on ne peut pas les allumer, comme ça, juste à la fin, en quelques lignes.
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Alors je ne vais peut-être pas vraiment me faire d'amis avec cet article. Ceux qui ont détesté et qui fantasmaient une critique méchante de ma part seront déçus. Et ceux qui se sont pâmés devant l'ouvrage en criant au chef-d'oeuvre vont trouver que je suis bien difficile... Tant pis, je ne cherche pas à me faire des amis.

Commençons par le récit. Un père et son fils suivent une route vers le sud dans un monde dévasté. Une marche sans répit dans la peur et la faim où l'autre est un ennemi en puissance, où l'humanité n'a plus que quelques soubresauts au travers du personnage de l'enfant. Ce n'est pas un roman qui nous parle de deux vies mais d'une survie presque impossible. Les deux personnages ne se parlent presque pas et semblent occupés à seulement continuer d'avancer. C'est court, 250 pages, et répétitif. Logique puisque l'univers décrit n'est que cendre et cadavres. Quelques rencontres -toujours violentes et tragiques- émaillent le périple de nos héros. Franchement il m'aura fallu une bonne cinquantaine de page pour rentrer dans l'univers de la Route. L'aridité de la trame colle parfaitement mais rend la lecture un peu laborieuse. Ce qui m'a le plus touchée est le décalage entre la vision de l'enfant, ses espoirs, et la réalité. Il ne cesse de parler de méchants et de gentils. Il demande régulièrement à son père s'ils sont toujours du bon côté. Certains ont vu dans l'humanité de l'enfant, dans sa volonté d'être dans le camp du bien, une lueur d'espoir. J'irai plus loin en disant que cette lueur d'innocence est la part de religion dans le texte. Plusieurs fois le père parle de son fils comme du seul Dieu qui existe encore, de sa seule raison de marcher. L'enfant, porteur d'un fragment de foi, symbole de ce qui pourrait peut-être sauver l'humanité. Peut-être que l'auteur a voulu nous montrer que la vérité était du côté de cette lueur, que la vie est précieuse même dans ce genre de monde... J'avoue que la violence m'a semblé beaucoup plus crédible -je suis une mécréante après tout-. Pour moi c'est dans la cruauté, le cannibalisme que réside ce que serait vraiment l'Homme face à ce genre d'apocalypse. Je vois de la noblesse dans l'abandon d'une survie aussi vide alors que le roman semble vouloir nous montrer que l'espoir reste toujours une possibilité.

Bref, une histoire sombre et aride qui a réussi à plus ou moins m'embarquer. Mais pas non plus un chef d'oeuvre. On peut se raccrocher au symbolisme pour rendre le roman plus profond, certains ont fait des analyses fouillées de l'ouvrage pour en démontrer la valeur philosophique. Alors oui on peut voir dans ce père et ce fils des nouveaux Sysiphe sans cesse rappelés à l'obligation de continuer, de survivre. On peut voir dans leur marche une métaphore de la condition humaine... Ouais bof, j'ai toujours eu du mal avec les pseudo-contes philosophiques et je n'ai pas été du tout sensible à cette dimension. Ce paradis perdu à jamais ne m'a pas déplu, je n'ai pas trouvé cela mauvais, mais franchement je n'ai pas pris de claque littéraire. Peut-être que cela vient du style... D'ailleurs parlons-en un peu...

Le style correspond merveilleusement au récit et à l'ambiance post-apocalyptique du roman : sec, aride, répétitif, lancinant. L'écriture est vraiment travaillée dans ce sens et je sais que beaucoup ont été sensibles à cela. Pas moi. Oui, j'ai compris le pourquoi de ce style, oui il y a beaucoup de force dans les mots de monsieur McCarthy. Sauf que la prolifération de « et » et de « quand » m'a agacée. Pour que l'écriture de l'auteur me charme tout à fait il y manque la subtilité. Les constructions brutes sont trop démonstratives pour me plaire, la répétition n'a de noblesse que lorsqu'elle est raffinée. Cela n'est pas incompatible avec la brutalité indispensable à ce roman, il n'y a qu'à regarder du côté de certains auteurs asiatiques qui parviennent à peindre une cruauté, une violence, une barbarie pleines de délicatesse. Dans La Route, je n'ai pas trouvé cette qualité.

Je garderai donc un bon souvenir de ce roman mais je suis loin de crier au chef d'oeuvre ; si l'ouvrage m'a émue, je n'ai, hélas, pas reçu la claque littéraire que l'on pourrait attendre d'un prix Pulitzer. Dommage.


Lien : http://altervorace.canalblog..
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Aie aie aie....quelle fourberie, j'ai été trompé par une promotion cinématographique attrayante... Mon libraire avait tenté vainement de me mettre en garde mais persuadé de sa mauvaise fois, je me suis empressé de le lire...
Bon il avait raison, c'est franchement pas génial, dialogues psychédéliques, univers apocalyptique , d'ailleurs on ne sait pas pourquoi...Je sais que l'histoire est basée sur la relation entre un père et son fils mais j'ai pas accroché, ....Quel dommage !
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Je découvre Cormac McCarthy par ce livre.
Petit livre, pas énormément de pages, on se dit que l'histoire sera courte. Mais l'auteur arrive à nous faire vivre des aventures assez intenses aux côtés de nos deux personnages.
Nous sommes après une apocalypse, on est en présence d'un père et de son fils, qui sont sur « la route ». Il marche tout le temps, à chaque heure de la journée et même voir plus. Ils vont faire des haltes pour leurs besoins quotidiens, suite à ces haltes ils vont vivre des moments de surprises intenses en émotions. Nous sommes avec eux à chaque moment de leur périple, nous vivons leur quotidien avec intensité et nous sommes happés par le récit qui ce déroule d'une traite d'un bout à l'autre du roman.
La route tient une place prépondérante au sein de ce roman. L'auteur arrive à nous lier à ces héros d'un quotidien qui nous mets en émoi suite aux aventures vécu par ces deux survivants de ce monde post-apocalyptique.
Ce livre mérite son prix Pulitzer.
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Après une catastrophe planétaire qui a laissé la terre carbonisée et détruit toute forme de civilisation, un homme et son fils fuient sur la route vers un improbable pays vivable. Ils vivent comme ils peuvent, se nourrissant des vivres laissés ici ou là par les disparus, en se gardant des « méchants », ceux qui ont fait le choix de renoncer à l'humain. Mais y a-t-il encore quelque part des « gentils » ?
Voilà un beau thème, un peu à la mode à une époque où la « collapsologie » a séduit beaucoup d'entre nous.
Mais ce périple sur la route se fait un peu répétitif et attendu. On aurait aimé par ailleurs que l'auteur prenne un peu de hauteur par rapport à l'événement. Mais non, il reste très terre à terre. Il est vrai que ses « héros » n'ont pas d 'autre solution et n'ont qu'un seul but : survivre.
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Dans un livre sans chapitres, avec une écriture très simple et un style brut, l'auteur nous offre une oeuvre monumentale, d'une puissance incroyable. Ce livre est vraiment particulier, sans personnifier les personnages, sans s'attarder dans des descriptions détaillées, sans trop connaitre le but de livre, l'auteur a réussi à me transmettre des vrais moments de poésies, de tendresse, d'émotions dans un décor apocalyptique. Il a réussi à ma donner confiance en l'être humain malgré que le livre parle des conséquences funestes que ce même être humain peut provoquer dans ce monde. il a réussi à pousser une philosophie de vie dans la noirceur la plus profonde qui peut exister.

Une oeuvre où tout y est : la foi, l'espoir, le sens de la vie, l'homme, le bien et le mal, le tout d'une façon particulièrement gracieuse et poétique.

Un vrai coup de coeur.

la revue compète sur mon blog :
Lien : https://skabooks.blogspot.co..
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