AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,14

sur 219 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un mélange d'aventures et de réflexions dans le sud des États-Unis et au Mexique, des adolescents qui deviennent des hommes en parcourant à cheval les étendues sauvages.

Ça sent la poussière, le désert et les chevaux.
Ça sent la poudre et le sang, la faim et la soif, parfois même la pluie et le froid.

On y rencontre toutes sortes de gens : des femmes généreuses qui partagent leur nourriture, des bandits dangereux, des vaqueros qui mènent leurs troupeaux, un prêtre qui se meurt dans une église, un révolutionnaire aveugle, des saltimbanques en tournée…

Et l'étendue des grands espaces laisse place à la réflexion. Ça discute du sens de la vie et de la mort, du bien et du mal, de chiens et de loups.

Un grand roman, mais pas facile comme il n'est pas aisé de parcourir inlassablement la plaine et la montagne. Peu de ponctuation pour donner le rythme, peu de chapitres pour faire étape, une chevauchée littéraire exigeante…
Commenter  J’apprécie          270
Le grand passage, par Cormac MacCarthy. Après "De si jolis chevaux" qui contait déjà l'épopée mexicaine tourmentée de deux jeunes gens, la trilogie des confins se poursuit avec "Le grand passage", livre tout aussi puissant, et qui reprend les thématiques du premier : des adolescents sans avenir et en quête d'ailleurs, les grands espaces, déserts, montagnes, passages accidentés, la confrontation de jeunes américains avec la vie mexicaine, à la fois pauvre, rude et violente, et chaleureuse, humaine. La solitude est aussi un thème récurrent. Quoi qu'il en soit, les règles ne sont pas les mêmes de part et d'autre de la frontière des Etats-Unis avec le Mexique. Là, les hommes, voleurs de chevaux, brigands de grands chemins ou employés de latifundiaires, s'accomplissent dans la violence et la vengeance et ne supportent pas l'atteinte à leur honneur. Nos deux américains, Billy et son jeune frère Boyd, affrontent avec une certaine naïveté, mais aussi de l'audace et du courage, la nature qui peut être très hostile, le dénuement et la faim qui sont leur condition habituelle, et les hommes dont la sauvagerie s'exprime à tout bout de champ. Ils font aussi des rencontres de haute spiritualité où s'expriment des conceptions parfois alambiquées de la vie, de la mort ou de la religion. Ces sages sont un connaisseur en loups, un vieil ermite, un gitan, un révolutionnaire, etc.
La barbarie humaine, omniprésente, prend une forme particulièrement tragique quand, au cours d'une fête de village, les hommes s'en prennent à une louve gravide que Billy avait capturée et qu'il voulait ramener et relâcher dans son Mexique natal ; sur une scène, devant une foule déchaînée, ils lâchent leurs chiens sur la louve enchaînée, chacun à leur tour. le premier voyage de Billy s'achève ainsi sur un revers, qui sera doublé, à son retour chez lui par un drame qui a décimé sa famille.
Il lui reste à repartir avec son jeune frère sur les terres mexicaines, à la recherche des chevaux volés à ses parents. Il reviendra sans son frère et sans les chevaux, après avoir vécu des chocs de toutes sortes, de la violence, des rencontres pleines d'humanité, encore de la violence … Il y retournera une troisième fois à la recherche de son frère, qui avait "fugué" avec une petite mexicaine.
Ce livre sombre, désespéré, est beau, ensorcelant et rayonnant à la fois. Envoûtant, extrême, il prend aux tripes. L'écriture de Cormac McCarthy est tout à fait singulière, tout est décrit avec minutie et comme si tout avait la même importance, les paysages comme les gestes quotidiens, les rixes comme les actes dans leur technicité la plus pointue, les envolées, les argumentations théoriques comme les dialogues les plus banals… McCarthy ne sonde pas les âmes, ne s'embarrasse pas de psychologie, c'est son style, ses descriptions qui dessinent ses personnages. Les reliefs de leurs personnalités comptent peu, car ce qui accroche, c'est une histoire, une trajectoire, une destinée qui se fondent dans une quête infinie, une recherche mystique, et la révélation d'une angoisse diffuse qui atteint le lecteur de plein fouet.
Commenter  J’apprécie          70
Un adolescent subjugué par une louve prise dans les crocs d'un piège, parti la ramener dans la sierra mexicaine, retourne chez lui pour découvrir que ses parents ont été assassinés et dépouillés de leur chevaux par des indiens. Il part avec son petit frère rescapé du massacre afin de récupéré ses bêtes au Mexique.

A l'exception d'un passage de narration d'un personnage rencontré sur le chemin, nulle autre ponctuation dans ce roman que les points indispensables, aucune conjonction de coordination hormis l'inévitable "et", le roman porte la marque du style dépouillé jusqu'à l'os de Cormac McCarthy, style qui n'empêche une certaine poésie néanmoins. L'ensemble se veut factuel, sans fioriture, cinématographique. Les jeunes personnages semblent étrangers à leur destin et aux événements qui émaillent leur errance, pérégrinations dont les va-et-vient incessants s'apparentent aux cercles concentriques d'un phalène attiré par une ampoule électrique dans lequel il ira se brûler.

Les romans de Cormac McCarthy posent une ambiance, le lecteur est pris dans une atmosphère qui l'absorbera tout entier. Au gré du chemin on y fait des rencontres marquantes, riches de leçons et d'enseignement.
Commenter  J’apprécie          30
Du grand Mc Carthy. Une écriture sèche, aride, squelettique. de l'émotion à l'état brut.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai voulu lire ce livre de Cormac McCarthy en hommage à l'écrivain, mort il y a quelques mois de cette année 2023. Les premiers livres que j'ai lu de lui datent d'un moment puisque j'étais alors à peine sortie de l'adolescence et ils ont pourtant laissé un souvenir vague mais marquant, sans que je puisse dire pourquoi. Je m'en souviens maintenant. Cormac McCarthy nous raconte des histoires universelles. Ici, dans un décor reculé d'une Amérique profonde et oubliée. Les dialogues sont percutants de simplicité, tellement réalistes. On sent dans le récit une grande sensibilité aux questions de ce monde : la condition de l'homme, le chemin (parcouru et vécu), la fraternité, l'honneur, l'amour, la persévérance. Billy, le personnage principal, comme un archétype de l'américain pauvre menant sa vie comme il le peut, s'accrochant aux choses primordiales ou banales, se promettant de ne jamais repartir en route, et y retournant sans cesse. Une quête de justice et de sauvage, un souffle irrésistible de liberté.
Commenter  J’apprécie          10
On a quitté John Grady après son périple au Mexique. On rencontre Billy et son frère Boyd, qui à leur tour vont traverser le Grand Passage pour s'y rendre. D'abord l'aîné, seul : il veut y libérer une louve capturée sur ses terres (150 pages qu'on lit sans reprendre son souffle). Il rentrera chez lui, puis retournera au Mexique avec son frère à la recherche de chevaux volés, et cette frontière sera traversée plusieurs fois, dans tous les sens, dans une errance sans fin, entrecoupée de rencontres avec des gitans, des bandits, des ermites philosophes. Moins romanesque que le précédent, davantage encore hanté par le mal et la beauté du monde, gothique et biblique (c'est pas de moi mais c'est exactement ça), avec ses deux figures de cow-boy solitaires à peine sortis de l'enfance (l'ainé a dix-sept ans), misérables au-delà de la misère, seuls au-delà de la solitude, et cette écriture, ahlala, cette écriture, austère, dépouillée, implacable qui vous prend par le col, ce Grand Passage est aussi magnifique que le tome précédent.
« … et quand la pâle lumière du soleil répandit ses premiers rayons sur la plaine à l'est le paysage gris sembla se taire et se taire les oiseaux et sous le soleil neuf les pics des montagnes lointaines à l'ouest au-delà du farouche pays de Bavispe sortirent de l'aube comme un monde rêvé. le cheval se tourna et posa sa longue face osseuse sur son épaule. »
Commenter  J’apprécie          10
"Le grand passage" n'est pas la suite de "De si jolis chevaux", mais plutôt son double. Les deux romans peuvent d'ailleurs être lus dans n'importe quel sens. Je l'ai trouvé un poil moins bon que le précédent, avec notamment l'insertion de deux autres histoires à l'intérieur même du récit, et qui n'apporte pas grand-chose, je les ai d'ailleurs abandonnés après quelques pages, ainsi que les régulières descriptions ou rêves éveillés qui ponctuent régulièrement le roman et qui à force pèse sur la lecture. Ce roman hors du temps, hors des codes, a quelque chose de métaphysique, et je trouve toujours aussi difficile d'en parler.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (575) Voir plus



Quiz Voir plus

La Route de C.McCarthy (SPOIL)

Comment est le monde dans le roman ?

Il y a des petits feux partout
Il est inondé
Il est recouvert de cendres
Tous les sols sont craquelés

6 questions
710 lecteurs ont répondu
Thème : La Route de Cormac McCarthyCréer un quiz sur ce livre

{* *}