Citations sur Blackwater, tome 1 : La Crue (129)
Mais ce que cette créature préférait, c'étaient les gens.
" Sister, je m'étonne parfois que tu en saches aussi peu. Les femmes découvrent les choses en premier, puis elles en parlent aux hommes - autrement, les hommes ne découvriraient JAMAIS RIEN - , ensuite ce sont les domestiques et, en dernier, les enfants. Il arrive aussi que les enfants ne soient jamais mis au courant, même une fois adultes. Certains secrets sont destinés à mourir.
Les femmes découvrent les choses en premier, puis elles en parlent aux hommes - autrement les hommes ne découvriraient jamais rien -.
Illusoire, [...] aucune digue n'est assez solide ou assez haute pour retenir les eaux d'une rivière qui a décidé de sortir de son lit. Jamais une motte de terre, [...] ne pourra empêcher une inondation.
Qui n'a pas vécu une inondation de cette ampleur s'imaginera que les poissons nagent librement à travers les fenêtre brisées des maisons, mais ce n'est pas le cas. Les vitres ne cèdent pas. Quelle que soit la solidité d'une bâtisse, l'eau s'infiltre toujours par le plancher ; invariablement, un cellier sans fenêtre comme un porche ouvert aux quatre vents seront inondés. Les poissons s'en tiennent à leurs cours, inconscients des mètres de liberté supplémentaire déployés au-dessus d'eux.
Oscar savait que Mary-Love et Elinor avaient la capacité de le manipuler. Elles obtenaient ce qu'elles voulaient. En réalité, chaque femme recensée à Perdido obtenait ce qu'elle voulait. Bien entendu, aucun homme n'aurait admis être aiguillé par sa mère, sa soeur, son épouse, sa fille, sa cuisinière, ou par aucune femme qu'il croisait au hasard des rues - la plupart, d'ailleurs, n'en avaient même pas conscience. Oscar, si. Mais bien qu'il ait conscience de sa soumission, de sa véritable impuissance, il était incapable de se libérer des chaînes qui l'entravaient.
Zaddie était certaine qu'aucun nuage n'était visible à l'horizon cinq minutes plus tôt. Elle s'aperçut qu'autre chose n'était pas normal: on trouvait ordinairement les nuages solitaires bien plus haut dans le ciel, et ils avaient tendance à être vaporeux, brillants et blancs. Celui-ci était noir, bouillonnant et bas.
La petite fille ne s’était habituée que récemment à l’idée du départ d’Elinor. En secret, elle avait échafaudé un plan pour s’enfuir de chez elle le lendemain du mariage et envoyer une lettre avertissant qu’elle reviendrait à la seule condition qu’Elinor l’adopte.
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Voilà la plus grande méprise au sujet des hommes : parce qu’ils s’occupent de l’argent, parce qu’ils peuvent embaucher quelqu’un et le licencier ensuite, parce qu’eux seuls remplissent des assemblées et sont élus au Congrès, tout le monde croit qu’ils ont du pouvoir. Or, les embauches et les licenciements, les achats des terres et les contrats de coupes, le processus complexe pour faire adopter un amendement constitutionnel - tout ça n’est qu’un écran de fumée. Ce n’est qu’un voile pour masquer la véritable impuissance des hommes dans l’existence. Ils contrôlent les lois, mais à bien y réfléchir, ils sont incapables de se contrôler eux-mêmes. Ils ont échoué à faire une analyse pertinente de leur propre esprit, et ce faisant, ils sont à la merci de leurs passions versatiles ; les hommes bien plus que les femmes sont mus par de mesquines jalousies et le désir de mesquines revanches.
Ce n'est qu'un voile pour masquer l'impuissance des hommes dans l'existence. Ils contrôlent les lois, mais à bien y réfléchir, ils sont incapables de se contrôler eux mêmes. Ils ont échoués à faire une analyse pertinente de leur propre esprit, et ce faisant, ils sont à la merci de leurs passions versatiles ; les hommes, bien plus que les femmes, sont mus par d mesquines jalousies et le désir de mesquines revanches. Parce qu'ils se complaisent dans leur pouvoir immense mais superficiels, les hommes n'ont jamais tenté de se connaître, contrairement aux femmes qui, du fait de l'adversité et de l'asservissement apparent, ont été forcées de comprendre le fonctionnement de leur cerveau et de leurs émotions. p183