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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les villageois fourmillent et les animaux guettent. L'eau de la rivière se retourne et les réservoirs se remplissent et se vident au fil des saisons.
Un fille manque. Elle avait un prénom, deux surnoms, un manteau. Elle a disparu et le village, après des recherches dans les granges, les plaines, les grottes, les citernes, après des battues dans la nature verdoyante poursuit sa vie quotidienne avec ce manque. Puis cette envie de savoir.

Le récit s'étend sur treize années.

Si la vie est cyclique, si le printemps succède toujours à l'hiver, les cercles ne sont cependant pas identiques. Ils varient, ils s'étirent. Et l'auteur décrit parfaitement, cette tension entre la répétition et l'avancée nouvelle. Des années, des cercles, qui glissent sur le temps. Des personnages qui vieillissent, s'aiment, se séparent, tentent des échappées puis reviennent au village.

Une grande fresque. Dans l'infime précision des ces quotidiens tout un monde universel. Des trajectoires d'existence qui revêtent une importance redoutable pour les personnages. Parce que c'est leur vie et aussi simple soit-elle, ils n'ont que celle-là. Ces vies s'écoulent et contre le cours de l'eau, on ne peut pas grand chose. Parfois ils s'agrippent à la berge, mais jamais longtemps.

Qualifier ce livre, c'est se perdre. Je me suis surprise, dans la première année de la disparition à vouloir trouver le coupable. L'église, la bergerie, le concierge de l'école. .

Un roman social ? Une intrigue policière ? Une succession d'infimes tragédies ? Un témoignage presque historique sur la vie villageoise ? L'apprentissage de la jeunesse ? Une mise en histoire des déterminismes sociaux ?

La réponse est peut-être dans le texte. Dans l'atelier de poteries de Geoff Simmons. Quand les pendules s'allongent et qu'un lévrier prend le soleil. Geoff fait tourner l'argile et façonne les bords de ses fabrications.

Ses clients lui demandaient parfois si c'étaient des vases, des pichets ou des coupes à boire. On l'avait accusé d'être obtus. Car il répondait juste que c'étaient des récipients.

Ici c'est pareil, c'est juste un livre. Juste un roman. Mais un fameux.


Cette critique est réalisée dans le cadre de l'opération Masse critique. Je remercie Babelio et Christian Bourgois.


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« Elle s'appelait Rebecca, ou Becky, ou Bex ». Elle disparaît un soir de réveillon du jour de l'an dans un petit village d'Angleterre sans laisser la moindre trace, ni la moindre piste.
Les jours se succèdent, les saisons s'égrènent et les années passent et si le souvenir de cette jeune fille ne s'efface pas, rien ne vient apporter de réponse à cette mystérieuse disparition.
Le cycle de vie des animaux et des plantes recommence chaque année inlassablement et les habitudes des habitants de cette petite ville rythment le temps qui passe.
Le style de Jon McGregor est très particulier car les événements se succèdent sans transition, dans un même paragraphe, avec une impression de détachement et sans ordre d'importance des choses, comme si la vie d'une famille de renards, le niveau d'eau des réservoirs de la ville, la naissance de jumeaux, la baignade d'un groupe de jeunes ou la rivière qui coule sous « le pont pour chevaux de bât » constituaient tous, l'âme de ce village.
Ce sont 13 ans d'observation des réservoirs d'eau qui ponctuent ce roman et voient s'écouler la vie depuis la disparition de Becky. Il ne faut pas s'attendre à lire un polar mais plutôt la saga familiale d'un groupe d'habitants sur deux voire trois générations.
Cela pourrait être passionnant mais la lecture de ce roman m'a paru bien difficile et m'a demandé une attention soutenue pour intégrer tous ces évènements qui s'enchaînent, les petits comme les grands. le côté répétitif des certaines phrases est néanmoins très réjouissant et c'est avec plaisir qu'on les retrouve au fil des pages et des ans.
Il aurait fallu certainement peu de choses pour que j'adhère à l'écriture de Jon McGregor, peut-être simplement une autre mise en page ou bien j'aurais dû le lire d'une traite pour ne pas en perdre la trame.
Une curiosité qui peut régaler les lecteurs avertis et qu'il faudra certainement que je relise car il me reste le sentiment d'être passée à côté.
Merci à Babelio et aux Editions Folio pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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Assurément, Jon McGregor est un représentant majeur de la littérature anglaise contemporaine. de ses quatre romans, tous primés, trois furent nominés pour le Booker (l'équivalent anglais du Goncourt). Son ouvrage Même les chiens a reçu l'International Dublin Literary Award, le prix littéraire anglophone le plus doté. Quant à Réservoir 13, il est lauréat du prix Costa.

Au futur lecteur de Réservoir 13, la première chose à signaler sans doute - pour dissiper tout malentendu - est qu'il ne s'agit pas d'un roman policier. S'il ouvre sur la disparition d'une jeune fille, sur des gyrophares et des cordons de police, des recherches organisées dans les landes du Derbyshire et un survol d'hélicoptère dans le soir, là n'est pas du tout le sujet.

Pour la forme, il est difficile de comparer l'oeuvre à quoi que ce soit de connu. Si l'on veut en donner une idée approchante, le mieux serait peut-être de la décrire comme le « time-lapse » d'un village de la campagne anglaise, sur une durée de treize ans. le point de vue, distancié, évoque ces séquences filmées en accéléré dans lesquelles, le temps d'une poignée de secondes, une plante croît, fleurit et meurt ; les nuages courent le paysage ; le visage d'un nourrisson se métamorphose en enfant puis aussitôt en adulte. Immobile et lointaine, comme un téléobjectif fixé sur une colline, l'optique du narrateur annule toute perspective, toute vision périphérique, toute notion de contexte. Qu'un ailleurs au petit village existe, on le sait car les gens en parlent, ils y vont puis en reviennent. Mais au-delà des limites de la commune, après l'autoroute, de l'autre côté du dernier barrage-réservoir, on ne discerne plus rien.

A la manière des reportages sur National Geographic, les quatre saisons se succèdent à la hâte, illustrées par des instantanés de la flore et la faune, parmi laquelle l'espèce humaine. La vie recommence et recommence, circulaire, scandée par les feux d'artifice du Nouvel An, les festivités des moissons et de l'habillage des puits, les brûlots de la nuit de Guy Fawkes. Les avrils sont toujours secs et les novembres pluvieux. Mais entre les périodes de reproduction des renards, les risées sur les lacs de barrage, la vie grouillante des insectes sous les feuilles, d'un an sur l'autre s'insère un autre temps : celui des interactions entre les êtres humains, temps linéaire car ces êtres grandissent, vieillissent et prévoient. Comme ces instants fugitifs sont saisis au vol, à de larges intervalles, leur causalité se perd quelque peu.

C'est dans ce cadre narratif que la disparition de Becky, au tout début du roman, s'avère un coup de maître. On pourrait s'attendre dans un roman social à ce qu'elle pèse sur les esprits du village, donne aux actions un sens et un cours différents. Ici, ce n'est pas son rôle. L'absence de la jeune fille impulse la lecture par son mystère, insuffle une attention inaccoutumée aux détails de l'ordinaire. Cette note tenue, discordante tel le bourdon d'une cornemuse, détonne dans la mélodie routinière de la « country life » ; elle lui rend de la profondeur.

Dans l'original anglais, le style est austère et factuel, les phrases courtes et simples, les tournures parfois influencées du parler campagnard. La traduction française choisit de rendre les prétérits par des passés composés, accentuant le détachement du point de vue. Malgré quelques anglicismes et transparences à la syntaxe anglaise, elle restitue le tempo lancinant des paragraphes où, comme dans la poésie bucolique de Virgile, l'humain et les règnes de la nature se mêlent pour finir par se confondre, au rythme lent du passage inexorable des ans.
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( 29/09/2019 )

Quel bonheur de compter dans son entourage des amis libraires qui ont chacun un monde littéraire qui leur est propre et qui aiment partager! C'est précieux d'autant plus quand ils vous font découvrir un auteur, un livre, une histoire!

Je tiens à vous remercier Hugues et Julie, pour tous ces livres dont vous m'avez confirmer l'envie de les découvrir ou juste fait découvrir!! Ma PAL, en plus de mes choix, est sûre de ne jamais désemplir :-)!

Grâce à Hugues, j'ai eu le bonheur de découvrir Réservoir 13 de Jon McGregor! Un ovni littéraire pour moi au point que je ne sais comment vous le partager sans le desservir...

C'est un peu comme un tableau de Breughel. Lorsque vous voyez le tableau, vous pensez en saisir le sujet d'un coup et puis en y regardant de plus près, vous vous rendez compte que l'histoire que le peintre vous propose est tout autre et est faite de plein de petites scénettes... C'est le cas de Réservoir 13, qui part sur une énigme mais qui ne donnera jamais l'intrigue policière auquel on pourrait s'attendre... Pourtant celle - ci, va servir de toile de fond à un huit clos où pendant 13 ans, nous allons suivre un village proche de la ville de Manchester... Un huit clos qui suivra les saisons, ainsi les hauts et les bas de chacun de ses membres... Il fallait une sacré plume pour tenir le lecteur sur ce fil ténu et tenir les promesses livresques qu'il s'était fixé! le pari est remporté haut la main et l'histoire poposée à de quoi nous faire réfléchir!
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