Les premiers chapitres m’avaient pourtant effrayés avec leur côté journal intime d’une ado bourrée de problèmes existentiels totalement inintéressants : la vie est injuste, je déteste mes parents et tout le tralala habituel d’une crise adolescente.
Et puis rapidement, je me suis rendu compte que Lara avait réellement des problèmes avec un grand P et plusieurs S. Car le sujet principal de Le prof, moi et les autres n’est absolument pas le béguin de Lara pour son prof. Rachel McIntyre place le harcèlement scolaire au centre de son roman. Certains passages sont assez extrêmes, voir insupportables, au niveau de la cruauté de ses camarades de classe. La méchanceté gratuite de ces jeunes est impressionnante et malheureusement, bel et bien réelle. La forme du journal intime est du coup très bien trouvée car elle nous permet de saisir toute la complexité de la personnalité de Lara face à cette situation. Nous sommes donc rapidement pris d’empathie pour elle et tournons les pages, captivés, en espérant que les choses changeront pour elle.
Heureusement, le fameux et beau Ben Juggler débarque dans la vie de Lara. C’est lui qui va l’aider à surmonter certaines épreuves… mais aussi en créer de nouvelles. Car il va bien y avoir une histoire d’amour entre l’élève et le professeur. Une relation bien évidemment interdite.
Rachel McIntyre traite le détournement de mineur avec beaucoup de justesse et nous ouvre les yeux sur les possibles versions de l’histoire. D’habitude plutôt tabou et toujours traité dans les média sous le même angle : « Un prof abuse d’une de ses étudiantes… », mais est-ce vraiment ce qui se passe ici ? Je me suis beaucoup interrogée. Manipulation ? Sincérité ? Encore une fois, la vision unique de Lara et de son journal intime complexifie les choses et ne nous rend pas très objectifs. Serions-nous aveuglés ? Car si tout semble sincère, les deux amants vont jouer avec le feu… peut-être un peu trop.
Cela nous permet d’arriver sur la conclusion du roman. Une fin parfaite qui termine d’éclairer notre regard. Je ne m’y attendais pas et je dois dire que je n’y changerai rien. Une fin à l’image de son personnage principal : mature avec un regard lucide sur son passé et son avenir.
Le prof, moi et les autres se lit très facilement car l’écriture de Rachel McIntyre est très agréable et parsemée de petites touches d’humour. Personnellement, j’ai dévoré cette histoire sur la famille, l’amitié, l’amour… la vie tout simplement.
Mais attention, le livre n’est pas si léger que ça. J’ai aimé ce contre-pied car il apporte une réflexion sur ce phénomène destructeur qu’est le harcèlement moral. Il est important d’en parler (je l’évoquais déjà avec le livre d’EnjoyPhoenix). Tout ça ne doit pas rester tabou et je pense que Le prof, moi et les autres est typiquement le genre de livre qui peut faire évoluer les choses. Je conseille donc fortement aux jeunes de le lire, et pourquoi pas, de l’étudier en classe.
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