Un magnifique roman sur l'amitié et l'amour, dans un Belfast déchiré par les attentats et les mouvements de protestation. Des thèmes forts sont abordés : la religion, le terrorisme, la pauvreté, l'homosexualité ; toujours au travers du regard de nos protagonistes empathiques, naïfs ou intransigeants. La plume de
McLiam Wilson est à la fois douce et captivante. Les passages aux côtés de Chuckie et son humour décalé sont assez drôles, quand Jake tente d'avoir un regard neuf sur ce qui l'entoure et joue la carte de l'humour grinçant.
D'un côté il nous semble connaître par coeur le conflit nord-irlandais, notamment grâce à Bloody Sunday, que ce soit la chanson de U2 ou le film de Paul Greengrass ; d'un autre côté le quotidien des habitants de Belfast, à l'écart de ce que peuvent nous exposer les média, nous est inconnu. Et c'est là que l'oeuvre de
McLiam Wilson est marquante : elle nous plonge, sans concession, ni fioriture, dans l'ordinaire des Belfastois. de Chuckie, le protestant qui rêve d'être pris en photo avec le Pape, à Aoirghe, irlandaise pure souche, bourgeoise et révolutionnaire, en passant par Roche le gamin des rues maltraité et bravache, l'auteur nous dévoile la vie d'
Eureka Street. Rythmée par les attentats, la pauvreté et la violence, baignée dans les débats politiques, égayée par l'amitié, les discussions culturelles, l'entraide et la Guinness, cette immersion dans la vie de quartier est terriblement saisissante et passionnante. Les histoires de coeur ont la part belle et apportent un peu d'espoir au milieu des morts qui ne sont pas toujours faciles à comprendre. Jake le bagarreur apprend l'empathie et tente d'améliorer un peu la vie des autres. C'est avec regret que l'on quitte ces irlandais, leur quotidien et leur groupe d'amis dont on ferait presque partie et qu'on rejoindrait bien au Wigwam autour d'une bière et de discussions animées !