Quand j'ai entendu ce maudit téléphone toute la gare de Villeneuve-Saint-Georges s'est soudain mise en route sous mon crâne, la prochaine fois j'irai dans un autre hötel, ici, c'est invivable, les entraîneuses sont moches, la sonnerie est trop forte et le minibar vide.
Il était certain qu'en six semaines on pouvait effacer trente années de futaille, des rosés du matin aux liquoreux du soir, du gamay de Dimay au mâcon de Prévert, des Pipermint-jet des gainsbars de Gainsbourg aux bourbons d'Old Blues Eyes, j'oublie volontairement de citer Nougaro, Blondin,Champion Jack et Boby Lapointe, par peur de devoir, quand je traverserai la vallée du Styx, payer une tournée beaucoup trop générale, ou alors il faudrait commencer par inviter Noë.
Nous on aimait les jeans et les tee shirts blancs comme ceux de James Dean dans la fureur de vivre, à grand renfort de gel on lissait nos cheveux, les ramenant en bec assez bas sur le front, passant notre temps à nous regarder dans les glaces, les vitrines et les rétroviseurs, le peigne à la ceinture de nos Levi Strauss, les denim favoris de nos modèles d'alors, les motards Hell's Angels qui dévastaient les villes en Harley Davidson : Davidson, Levi, Strauss, ces terreurs xénophobes à insignes nazies ne savaient sans doute pas lire les étiquettes.