Il m'arrive de prendre un livre sans lire son résumé, en me laissant uniquement tenter par sa couverture. C'est le cas de ce roman au titre chaleureux et à la couverture festive. Or, comme j'avais enchaîné plusieurs polars glauques ou des romans fantastiques parlant de la Mort, j'avais espéré découvrir ce titre aux allures feel-good… le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai vite déchanté en comprenant mon erreur ! Dès les premières pages, la narratrice annonce que cette histoire va retracer l'ultime nuit de son fils « né et mort dans la violence ». Ce n'était clairement pas ce que je recherchais… Malgré tout, j'ai poursuivi ma lecture.
Je ne pensais pas que, derrière cette couverture champêtre se dissimulerait un roman ayant pour thématiques la violence conjugale, la résilience, la maladie d'Alzheimer, le deuil et l'homosexualité. À ma grande surprise, les pages se tournaient assez facilement en dépit des sujets sensibles. Maisie est une héroïne passionnée, délicate, compréhensive, attachante, crédible et naturelle. Difficile de ne pas ressentir d'émotions face à cette mère de famille qui, après s'être dévouée corps et âme pour ses deux enfants et à sa mère, tente de retrouver un équilibre… Son passé avec le violent Danny est révoltant et on comprend aisément que, même sept années après, la menace de ce père de famille brutal plane encore. Il a laissé des traces physiques et psychologiques irréversibles sur Maisie et Jeremy, le fils ainé. Malheureusement, le quotidien de la narratrice est loin d'être paisible, puisqu'elle doit également supporter les crises journalières de sa mère Bridie. Cette dernière a des pertes de mémoire, a besoin de certains rituels pour être bien et se montre toujours agressive dès qu'on la contrarie ou qu'elle oublie ce qu'il lui arrive. Certains passages avec Bridie m'ont bouleversée et j'ai admiré le courage de Maisie qui, malgré les coups, le rejet et les insultes, ne faiblissait pas, ne pleurait pas et conservait son calme.
La narration va voleter auprès de quatre personnages : Maisie, Fred (un gentil flic, respectueux, attentionné, amoureux de Maisie, mais qui cache un terrible secret), Bridie (dont chaque intervention m'a émue), Valerie (la cadette de la famille) ainsi que Jeremy (le fils disparu). L'histoire avance généralement de façon chronologique : hormis lorsque Jeremy est narrateur, on suit plusieurs journées de la famille Bean Brennan, notamment avec Maisie qui va découvrir ce qu'est une véritable relation amoureuse, sans colères, humiliations, viols ou coups… le début est assez lent, afin que le lecteur puisse se familiariser avec les nombreux personnages. Puis, l'ambiance va prendre petit à petit des allures de roman policier, puisque Jeremy va disparaître. J'ai d'ailleurs trouvé dommage que l'on sache dès le début ce qu'il lui était arrivé… J'aurais préféré être dans le flou, avec cet ultime espoir de le savoir vivant. Cela dit, cela ne m'a pas empêchée de trouver le dénouement déchirant, même en ayant conscience de l'issue !
Anna McPartlin a su proposer un message final plein de tolérance et d'espoir… Mais à quel prix…
J'ai globalement apprécié cette lecture qui a souvent su me toucher en plein coeur. Hélas, je suis également ressortie très partagée. En effet, ce n'était pas ce que je recherchais en ouvrant cet ouvrage à la finalité sordide. de plus, j'ai trouvé le rythme trop lent, notamment vers les deux tiers. Ajoutons à cela le fait qu'il y avait vraiment beaucoup de personnages, si bien qu'il m'a fallu un petit temps d'adaptation. de plus, les bonds dans le temps avec Jeremy m'ont parfois semblé sans intérêt (des discussions de jeunes et des coucheries alcoolisées). Il aurait fallu faire moins trainer certains passages afin de gagner en fluidité. Pourtant, je ne déconseillerais pas forcément ce livre : malgré les nombreux drames et l'atmosphère pesante, il est émouvant ! Mais il faut garder en tête ses défauts et, surtout, ne pas se fier à sa couverture !
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