Citations sur Erickson, hypnose et psychothérapie (151)
L'agent thérapeutique n'est pas d'abord le thérapeute mais l'inconscient du patient. Le thérapeute aide celui-ci à relâcher ses efforts conscients pour confier le travail à son inconscient. Ce qu'il communique sont des stimuli pour activer ses ressources inconscientes. L'état hypnotique est un état d'intense activité mentale, extrêmement dynamique et évolutif au gré des variations de la coopération thérapeute-sujet. Il n'est pas une sorte de coma dans lequel on implanterait quasi chirurgicalement des suggestions de guérison à un patient anesthésié (Amestoy). C'est un dialogue précis en actions-réponses incessantes.
Chaque personne étant unique, l'induction est toujours sur mesure. Si je rencontre vraiment les intérêts de cette personne, elle et moi entrons dans un rapport d'étroite coopération. Elle manifeste alors une "disponibilité à répondre" ("response attentiveness") : elle perçoit l'importance de répondre aux idées que je lui communique parce que celles-ci rencontrent ses besoins et elle y focalise son attention. C'est l'état hypnotique.
En réalité, toute hypnose est de l'autohypnose et mon rôle est très secondaire.
Pour Erickson, savoir si ce qu'il faisait était ou non de la "manipulation" était une querelle de mots inintéressante, tout juste bonne à exciter les tartuffes, hypocrites maîtres de morale.
... il y a un curieux bonhomme qui affirme depuis des années, du fond de l"'Arizona, que nos souffrances viennent du fait que nous ne cessons notre vie durant, "d'apprendre à nous limiter". Selon lui, nous bridons notre créativité et nous nous rigidifions dans des stéréotypes appauvrissants. Ce sage étonnant a longtemps crié dans le désert : "Consciemment, nous tendons à nous restreindre alors que notre inconscient sait ce qu est le mieux pour nous parce qu'il est le dépositaire de nos ressources. L'hypnose est la libération de nos potentialités latentes." Cet homme est Erickson.
Les symptômes présentés par les patients, quels qu'ils soient, dépression, phobies, obsessions, n'ont pas de valeur en eux-mêmes, mais signifient que la personne a du mal à passer un cap du cycle humain. A chaque âge, Ericskon aurait donc n objectif, défini par l'avenir naturel.
Selon [Haley], Erickson aide les gens à passer les caps successifs de l'existence. Quand il reçoit quelqu'un, si c'est un jeune homme, son objectif est de l'aider à devenir adulte, c'est-à-dire à entrer dans la vie conjugale, devenir père et avoir un métier ; le problème de l'âge suivant est d'élever les enfants, et ainsi de suite jusqu'à l'art d'être grands-parents et l'acceptation du vieillissement et de la mort.
Quand on lui demandait si, en thérapie, il faisait toujours de l'hypnose, [Erickson] répondait : "Une partie de mon temps, j'en fais ; une autre partie, je n'en fais pas ; et le reste du temps, je ne sais pas ce que je fais." Peu importe la technique. Gardons les yeux fixés sur le but. Le but est le changement.
[Le but d'Erickson] est, grâce à la communication d'idées, de sentiments, d'émotions et de points de vue au patient, que, justement, celui-ci ne soit plus patient mais devienne impatient et se décide à faire quelque chose pour lui-même.
Un mot est un scalpel : il guérit, soulage, rend malade ou tue, sauf si l'on ne s'en sert pas, ce qui est improbable.