C'est l'amour et la passion de la musique, et plus particulièrement celle du piano, qui anime ce récit. «
Les accords silencieux » est un roman choral qui nous fait voyager aussi bien dans le temps (de fin 1930 à nos jours) que géographiquement (de New York à Hong Kong). J'ai globalement aimé cette histoire, même si j'ai eu du mal à y rentrer, me mélangeant entre les temporalités et certains personnages. de plus, certaines coïncidences ne sont guères réalistes, mais j'ai fini par me laisser porter par la musicalité du récit. Comme souvent, j'ai surtout aimé les parties liées au passé, et notamment ce traitement sous forme de lettres ou d'extraits du journal intime de Tillie. Outre la Seconde Guerre Mondiale qui est abordée dans les premières pages, c'est également un autre pan de cette période que nous découvrons avec le conflit sino-japonais dont on connaît finalement peu de faits.
Nous avons d'un côté, la famille Schutlz, des immigrés allemands qui travaillent à différents postes dans l'entreprise new-yorkaise Steinway & sons. Gustaf, le père, a été l'accordeur officiel de Rachmaninov lors de ses tournées américaines. Les jumeaux, Tillie et Joseph, ont eux aussi la musique dans le sang, mais la jeune femme met un terme à ses études musicales et une future carrière de professeure, pour devenir vendeuse et se mettre ainsi au service des « Immortels », ces pianistes de légende. Joseph, violoncelliste de talent, va quant à lui, s'engager dans l'armée quand les Etats-Unis rentrent en guerre. Il sera alors le témoin de toute l'horreur perpétrée par ses compatriotes…
Parallèlement, nous suivons le jeune Shen, recueilli par sa tante An, qui est au service d'une riche famille chinoise. Mei, la patronne, va se prendre d'affection pour le jeune garçon, d'autant que son arrivée correspond avec le départ de son unique fils, Vince. Toujours en Chine, mais de nos jours, nous suivons Xia qui rentre au service de Tillie devenant sa « pianiste de compagnie ».
Mais, il y a deux autres personnages importants dans ce roman. Deux fils conducteurs, deux liens qui unissent le groupe : le piano, d'une part, ce fameux Steinway, et d'autre part, un morceau, l'Adagio de Bach. Vous allez ainsi vibrer tout au long de votre lecture au son de cette mélodie, mais surtout d'une partition aux deux idéogrammes mystérieux calligraphiés sur sa page de couverture …