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Qui peut imaginer la souffrance d'un peuple frontalier qui, du jour au lendemain, par la folie de la guerre, doit être assimilé à un côté de la frontière ?
Sans préparation aucune, ne parlant pas la même langue, cohabitant de loin et dans la défiance avec des italiens du sud que rien ne peut rapprocher de ces Allemands devenus Italiens.
L'histoire de Haut Adige est aussi captivante et instructive que celui d'une gamine trop tôt mère qui va gagner sa liberté au mépris de l'hostilité de la société.
La destinée de cette mère et de cette fille traverse l'histoire d'après-guerre jusqu'à aujourd'hui, magnifiquement écrit, émouvant sans jamais de pathos, encore une superbe histoire de femmes.
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Une lecture qui m'beaucoup surprise.
J'ai enfin ouvert ce livre qui m'attendait depuis sa parution.
Je me suis un peu perdue avec les mots ou expressions italiennes ou allemandes et les nombreux personnages.
Il faut lire ce livre bien concentrée.
Je ne connaissais pas les faits historiques de cet histoire ce qui m'a entrainé à faire des recherches comme j'aime en faire.
Un fond historique , de jolis paysages italiens , des personnages sympathiques font que j'ai envie de découvrir cette auteure.
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Roman intéressant d'une auteure italienne . Sur fond historique, elle bâtit une fiction qui tient la route.
Ceux qui se passionnent pour la turbulente histoire de l'Italie au XX Eme siècle revisiteront la situation particulière du Tyrol du sud, du Haut Adige (enclave que Mussolini décide d'italianiser,on y parlait allemand )qui connaît dans les années 1960-1970 des actes de terrorisme.
Le récit déroule pendant un long voyage en train d'Eva jusqu'à Reggio de Calabre des histoires de femmes , des histoires d'amours contrariés.
Eva naît d'une aventure passagère de Gerda avec un certain Hannes.Pour continuer à travailler dans les hôtels, Gerda fait le choix de placer Eva dans une famille bienveillante .Eva se rend en Calabre pour répondre à l'appel de Vito, un ancien brigadier en Haut Adige qui avait brusquement quitté Gerda et Eva…
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Ce roman c'est l'histoire du Tyrol du Sud (version autrichienne) ou du Haut-Adige (version italienne). Pour la raconter, nous avons la voix d'Eva qui traverse l'Italie du Nord au Sud pour rejoindre un être cher. le voyage durera plusieurs heures, sera le moment de se remémorer des moments importants de son histoire familiale, des événements tragiques ou heureux. Les kilomètres défilent et sont entrecoupés par les histoires, celle avec un h et l'autre avec un H, pour dire comment ce morceau de territoire autrichien est devenu italien en 1919.

Dans cette vallée du Haut-Adige où les uns parlent allemand, les autres italien, vit Gerda. Fille d'un homme taciturne, elle est belle, travailleuse, libre et déterminée à mener sa vie de mère célibataire envers et contre tous. La petite Eva grandira avec des cousins pendant que sa maman régalera les touristes de l'hôtel dans lequel elle est employée.

Cette fresque familiale nous permet de saisir la complexité de ce territoire, les enjeux politiques dont il fut l'objet, les intérêts économiques des uns ou encore les luttes armées des autres. Jusqu'en 1963 (procès de l'attentat de Feuernacht qui fit plusieurs morts), les italiens ignoraient tout de ce territoire. L'autrice documente savamment les événements historiques sans que cela plombe l'histoire et y ajoute des aspects sociologiques (la vie quotidienne de ces familles, le quotidien des carabiniers en mission dans cette région qu'il faut surveiller, la place des femmes, le droit du travail …).
La langue tient une place importante dans ce roman. L'allemand, langue de ce territoire depuis des siècles fut un temps interdite (sous Mussolini). L'italianisation forcée isola de certains emplois les germanophones, aggravant le sentiment d'injustice et d'incompréhension de cette population et renforçant ainsi leur mécontentement. C'est ainsi que certains rejoignirent les rangs nationalistes puis terroristes. Seul le domaine de la cuisine sembla épargné pour ces querelles linguistiques : poisson, fruits et légumes en italien, viande en allemand. «  La seule exception à la règle, une sorte d'hommage involontaire aux stéréotypes entre Italiens et Allemands, étaient les pommes de terre : […] pour tout le monde c'étaient toujours des Kartofeln. Mais avec la friture, elles surmontaient les tensions interethniques du Tyrol du Sud pour acquérir un statut international, devenant des pommes frites. »

Eva dort est le premier roman de Francesca Melandri. Elle parvient avec beaucoup de talent et d'adresse à ce savant mélange de fiction et d'Histoire qui rend la lecture non seulement agréable mais surtout addictive et instructive. Elle le confirmera quelques années plus tard avec Tous, sauf moi que j'avais également beaucoup apprécié.

A découvrir absolument si comme moi vous aimez ces romans qui allient Histoire et fiction.
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J'ai apprécié ce roman qui parle d'une partie de l'histoire de l'Italie, et surtout de celle de la région frontalière avec l'Autriche, le Haut-Adige ou Tyrol du Sud pour les autochtones, à travers la vie d'une femme.
La similitude avec l'histoire de l'Alsace-Moselle, région française également frontalière, est frappante. Mêmes problèmes de langues, de culture, de sensibilité, confrontés aux intransigeances et aux exigences du faire-nation des vainqueurs, appliqué brutalement et sans ambages.


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Quand on sort d'une lecture pareille, il est toujours difficile d'émettre une critique globale. Je n'ai jamais vraiment réussi à m'accrocher aux personnages. de plus, j'avais le sentiment de n'être qu'un lointain spectateur de l'intrigue même si je ne suis pas arrivé à cibler ce qui manquait exactement pour rendre plus immersif l'histoire.

L'intrigue se déroule tout au long du XXe siècle dans le Haut-Adige. Il fait part de l'histoire de cette région, rattachée à l'Italie à partir de 1919, ainsi que des lourdes tensions entre les habitants et le gouvernement Italien. Cette intrigue historique s'inscrit dans une fresque familiale. le côté historique est extrêmement bien documenté, ce qui rend passionnant l'apprentissage de l'histoire de cette région. Les passages purement historiques sont, pour moi les plus réussis du roman. En revanche je me suis quelquefois perdu entre certains personnages, mettant du temps à me remémorer leur place et leur histoire.

Mais c'est surtout la fin qui m'a très agréablement surprise. Une fin très émotionnelle et qui résume finalement assez bien ce qu'a était l'histoire mouvementée du Haut-Adige.

C'est en ça que je dis qu'il est difficile d'émettre une critique globale : c'est qu'il faut attendre les dernière pages pour vraiment s'attacher aux personnages et comprendre enfin leur ressenti profond.
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Ma curiosité pour ce livre est née de la région d'origine si particulière du Haut-Adige.
Connaissant une personne allemande dont une grand-mère venait de cet endroit, la démarche venait compléter la connaissance de l'Italie, un pays où nous avons vécu.
La réussite de Melandri repose dans le mélange réussi entre d'une part, la saga romancée de deux femmes "privées" de père, la mère Gerda et la fille Eva, et d'autre part la grande histoire d'une petite région montagnarde, privée de sa patrie d'origine l'Autriche pour devoir vivre de force une italianité imposée.
Un pan d'histoire méconnu, un dictat mussolinien pour imposer la culture romaine à des germanophones, un processus que l'on retrouve régulièrement dans les dictatures et la guerre actuelle en Ukraine. Melandri brosse le portrait des hommes qui ont accompagné le passage du Tyrol du Sud à la région autonome moderne du Haut Adige. Responsables politiques, activistes solitaires, populations rurales déplacées-faute d'avoir pu rejoindre le régime nazi en 1939-, Melandri connait son sujet qu'elle traite de façon dynamique et sans prendre parti.
Tout aussi attachants sont les portraits croisés de ces deux femmes seules, rejetées parce que filles-mères, mais combattantes et avides de vivre leur destin.
Et surgissant tel un écho familial, la recherche du pourquoi de l'absence du père, voilà une question qui ne peut être éludée éternellement…
Le long trajet en train du nord à l'extrême pointe de la calabre illustre sans faux-semblant le long chemin pour passer d'une culture à l'autre, du statut de sans père à celui de fille aimée.
Une lecture facile pour un roman profond.
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En commençant à lire Eva dort, je me suis rendu compte que j'avais lu un autre livre de cette auteure : Tous, sauf moi. Sur Google, j'ai appris que ces deux livres faisaient partie d'une trilogie, la « trilogie des pères ». J'ai commencé par le dernier des trois, ha ha ha! En tout cas, j'ai préféré Eva dort, le premier roman de Francesca Melandri. Probablement parce que les personnages principaux sont féminins et que je pouvais m'identifier à elles. Peut-être aussi parce que cette fois, je m'attendais à la leçon d'histoire. Avec Eva dort, j'ai pris goût à l'histoire de l'Italie. le deuxième roman s'appelle Plus haut que la mer. Va falloir que je lise celui-là aussi.
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On m'a prêté ce livre que j'ai lu bien volontiers enthousiasmée par cet auteur dont j'avais apprécié l'ouvrage "tous sauf moi". j'ai plongé une fois de plus dans l'histoire de l'Italie pays que j'affectionne tout particulièrement, mais dans un de ses aspects méconnus, le conflit dans le Haut Adige ou Tyrol du sud entre les populations germanophones et les italophones complexe et difficile à expliquer. Là encore Francesca Melandri nous emporte mêlant histoire personnelle et histoire tout court avec un style soigné et une analyse fouillée de la psychologie humaine toute en nuances. Un très bon roman qui nous emporte mais qui a beaucoup de contenu.
J'aime beaucoup la littérature italienne contemporaine et ce livre est l'illustration de ce que l'on fait de très bien dans ce domaine.
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Eva remonte le temps tout en méditant loin de l'agitation du quotidien. Elle regarde défiler les différents paysages. Elle traverse l'Italie du Nord au Sud, mille-trois-cent-quatre-vingt-dix-sept kilomètres. Elle se dirige à la rencontre d'un homme, Vito, qui a beaucoup compté dans son enfance ainsi que dans la vie de sa mère, Gerda. La vision bucolique de la diversité des régions tout comme les quelques étapes dans les gares, le bercement tranquille du train, loin du rythme du monde, tout concoure à lui faire revivre les remous et les combats qui se sont déroulés avant de parvenir à la constitution de la région autonome du Trentin-Haut-Adige.


J'apprécie beaucoup Francesca Melandri. Je suis une lectrice assidue de ses romans : « Plus haut que la mer » et « Tous sauf moi ». Elle fait partie de ces auteures qui savent relier le passé au présent, entre la vie politique d'hier et ses conséquences sur la vie d'aujourd'hui. Si « Eva dort » fut son premier roman, si je peux lui reprocher un manque de fluidité, c'est avec enthousiasme que j'ai dévoré ce récit tant il est prenant et riche d'une histoire dont nombre d'italiens ignore, encore aujourd'hui, les drames qui s'y sont joués.

« Eva dort » retrace, depuis les accords signés le 29 juin 1919 dans la Galerie des Glaces, l'histoire de cette partie du Tyrol Sud dont fut amputé l'Autriche pour devenir territoire italien, italianisé de force par Mussolini déclenchant ainsi un mouvement indépendantiste qui ne cessera d'amplifier pour atteindre son point culminant en 1960 avec le mouvement terroriste BAS. Territoire de langue allemande, bénéficiant de nombreux atouts qui se sont développés au fur et à mesure des années, cette région va connaître une importante immigration italienne du sud, rendant impossible l'administration de celle-ci, alimentant ainsi le mécontentement des germanophones.

Il rend aussi hommage à deux hommes politiques, Silvius Magnago, originaire de la région de Bolzano. Sa carrière débutera comme conseiller municipal de Bolzano pour devenir un des dirigeants du SVP (Südtiroler Volskpartei). Et Aldo Moro, Président du Conseil italien. Ces deux hommes après maints échanges, ont pu trouver un terrain d'entente avec intelligence pour parvenir à l'autonomie de cette région. J'ai revécu avec émotion l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro.

L'auteure s'appuie sur une saga familiale, pour toile de fond, dont l'origine a pour filiation Hermann Huber, le grand-père d'Eva. Un homme qui a tout perdu et qui en est devenu froid et acariâtre, rongé par la rancoeur. A partir de 1919, ce petit morceau de l'Autriche devient italien. Les perdants de la Grande Guerre doivent payer. Il faut imaginer cette minorité, soumise à l'humiliation, luttant désespérément pour survivre malgré Mussolini qui va chercher à l'italianiser de force entre 1922 et 1943. La langue allemande interdite, ne parlant pas un mot d'italien, l'injustice et l'incompréhension viennent envenimer la situation économique et le travail se fait rare pour les germanophones.

Le récit décrit l'évolution de la famille, les naissances, les us et coutumes, les vêtements, mais aussi les engagements politiques. Par le biais de la vie de cette famille, nous pouvons mesurer l'étendue de leur misère, la dureté du quotidien, mais aussi l'attachement à leur culture, leur identité, les discriminations et les luttes parfois violentes pour mieux nous faire intégrer toutes les étapes et toutes les révoltes auxquelles furent soumises cette minorité allemande.

L'histoire de la région prend largement le pas au détriment de celle de la famille. Malgré cela, le roman trace deux portraits de femmes : celui de Gerda, fille d'Hermann et celui d'Eva, fille de Gerda. Personnellement, c'est le portrait de Gerda qui a retenu toute mon attention. Mère célibataire dans une époque soumise à des principes moraux drastiques qui nous apparaissent totalement absurdes aujourd'hui, elle a dû lutter pour devenir chef-cuisinière et c'est ce portrait que j'ai aimé tout particulièrement.

Un autre passage très émouvant, sur le meilleur ami d'Eva, Ulli, homosexuel, est particulièrement éloquent sur les préjugés de l'époque.

Pour son premier roman, Francesca Mélandri dresse le portrait d'une région et d'une famille confrontée à une histoire bien particulière telle que celle du Haut-Adige. Malgré le manque de limpidité peut-être par trop de retours en arrière et de retours sur le présent, peut-être aussi à vouloir traiter deux portraits de femme, j'ai beaucoup aimé ce livre et je m'y suis plongée avec grand plaisir. A noter, j'ai appris beaucoup de mots allemands et qu'il existait une langue nommée le ladin!!! Cette particularité régionale, je l'ai découverte avec Marco Balzano « Je reste ici », encore un excellent roman sur cette exception italienne.

« Mon passeport est italien, ma langue c'est l'allemand, ma terre c'est la partie du sud du Tyrol dont les autres parties, le Tyrol du Nord et de l'Est, sont pourtant en Autriche. Nous l'appelons Tyrol du Sud mais en italien on dit Haut-Adige, puisque la différence dépend toujours du côté où on la regarde : d'en haut ou d'en bas. »


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