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Critique de mh17


Je découvre Patricia Melo, l'autrice brésilienne (née en 1962) avec ce roman de 2017 au titre intrigant. Gog Magog est une référence biblique à l'affrontement ultime entre le bien et le mal, quand tout dialogue est devenu impossible. Ce roman drôle et terrible raconte comment un homme ordinaire exaspéré par les bruits de son nouveau voisin, s'embarque dans une spirale diabolique de haine.

"Je n'ai jamais compris pourquoi le bruit n'est pas considéré comme une arme blanche efficace."
Le narrateur, anonyme, a cinquante-quatre ans. Il est professeur de biologie et vit à São Paulo avec son épouse Marta qui est infirmière. Son métier l'ennuie, il enseigne à des analphabètes menaçants ; sa femme qui soigne les moribonds et les photographie ne l'écoute plus quand il se plaint. La nuit, elle prend des psychotropes et sombre dans une espèce de coma. Lui prend son balai et cogne dans le plafond. Ygor avec un Y lui met les nerfs à vif avec son barouf , ses gémissements érotiques avec sa copine, sa musique « blasphématoire », ses appareils électriques, sa télévision, ses pas « du diable » qui martèlent sans discontinuer : "Toc toctoc toctoc".... le narrateur le déteste tant qu'il souhaite sa mort. Il imagine qu'il pourrait payer Eder un de ses élèves, une grande asperge avec de l'herbe sur la tête. Ce serait très facile, plutôt commun. Mais bon ensuite Eder pourrait le faire chanter et donc il faudrait payer un autre gamin pour éliminer le premier etc. En attendant, le narrateur et Y échangent des noms d'oiseau : X raye la voiture de Y, Y crève les pneus de X. Et puis le chat noir du narrateur disparaît. Il récupère les clés de l'appartement d'Ygor. Il fouille allègrement partout et tombe sur un revolver dans un tiroir. C'est alors que Monsieur Ipsilon, revient à l'improviste...

Le roman est alerte et grinçant. On se met à la place de ce brave professeur anonyme qui enseigne et évalue ses élèves sous la menace et voudrait enfin avoir la paix quand il rentre chez lui. Ses rêves de meurtre sont racontés au début sur le ton de la plaisanterie. le gars est ma foi bien sympathique et nous compatissons grandement. L'arrivée du chat noir change la donne (les références à Edgar Poe sont nombreuses). le texte toujours réaliste flirte désormais avec le fantastique. Il devient plus noir, plus sarcastique et bien plus pervers. Patricia Melo met à nu les tensions, les divisions extrêmes de la société brésilienne et tous ses dysfonctionnements structurels. Et elle le fait avec grand talent à travers l'oeil peu fiable et de plus en plus détaché d'un narrateur que nous aimons bien. On suit ses aventures à l'hôpital, abruti de médicaments ; en prison avec les délinquants en col blanc et au tribunal, grand moment, avec beaucoup de plaisir. On aimerait qu'il s'en sorte malgré nous et malgré lui, âmes égarées que nous sommes. Qu'il trouve la paix et le silence, celui qui permet de penser et de s'ouvrir à l'autre...


-Bref je rec..
-Chut !
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