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Matthieu 19:19
“et tu aimeras ton voisin comme toi-même “( euh... j'ai un peu modifié le verset ...),
Apparemment ici Ygor n'entre pas dans la catégorie du voisin “à aimer”, vu le boucan qu'il déclenche « en vivant » au dessus de notre prof de biologie, notre narrateur, un boucan qu'il défend bec et ongle avec une logique impeccable, “....., ce que vous voulez c'est que je n'existe pas. Vivre fait du bruit..... Ce que vous, monsieur, appelez du bruit, ....c'est moi en train de vivre. Je ne peux pas vivre en mode mute, vivre en chuchotant, vivre au volume deux, et en pantoufles”. le conflit s'envenime jusqu'à devenir criminel.... Nous voilà embarqués dans une histoire diabolique où notre prof de biologie va croquer la pomme comme Ève , "....si nous déclenchons l'action, si nous croquons une première fois, comme Ève, nous ne sommes plus maître de notre vie. Une autre force se met à l'oeuvre, et son nom est fatalité", et à partir de là à perdre tout contrôle sur sa vie.
Une première rencontre incandescente bariolée d'humour avec l'écrivaine brésilienne Patricia Melo . Une histoire policière dont le narrateur-protagoniste présenté par la justice comme un Gog Magog ("Gog Magog, dans le livre de la Révélation…c'est Satan en personne ")au public, se livre à nous en fin analyste et psychologue avec réflexions et passages savoureux sur son aventure qui le mènera jusqu'en prison. Quand à Melo, elle en profite pour passer au vitriol la société brésilienne, y dressant un état des lieux actuel du pays, avec son système d'éducation, ses hôpitaux, sa justice, ses prisons, sa forte délinquance juvénile et sa forte délinquance tout court qui ont fait régresser le pays à jamais . Un livre brillant, bien écrit , bien traduit, qui en vaut le détour.


« Je n'ai pas l'oreille absolue comme certains musiciens, ni l'ouïe sensible comme celle des chiens, mais je n'ai jamais compris pourquoi le bruit n'est pas considéré comme une arme blanche efficace. »

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Ce livre de la brésilienne Patricia Melo pourrait s'intégrer à merveille dans le film argentin sorti en 2015 « Les nouveaux sauvages » de Damian Szifron. Un film truculent composé de plusieurs courts métrages mettant en valeur des « pétages de plomb » diaboliques à souhait, présentant différents éléments de contexte pouvant faire sortir n'importe qui de ses gonds et mener à la folie. Mettant en valeur l'engrenage implacable permettant à une personne de franchir la frontière séparant le monde civilisé de la barbarie. Si vous connaissez ce film, pour ma part, ma scène préférée est celle liée à ces deux hommes s'entretuant en plein désert…Quoique celle du mariage n'est pas mal non plus…Dès les premières pages du livre, j'ai pensé immédiatement à ce film qui m'avait tant marquée, vivant tous plus ou moins à la lisière de la folie.

Ici il est question du bruit, du bruit qui rend littéralement fou. En l'occurrence le bruit de plus en plus insupportable, qui agit tel un poison, de ce nouveau voisin, Ygor, voisin du dessus dont les pas, les gémissements coïtaux, les rires, les déplacements de meubles, en pleine nuit, obnubilent notre narrateur, professeur de biologie. Ygor est l'antithèse du narrateur : physique de sportif, jolie petite copine asiatique, voiture de sport rutilante, tandis que notre narrateur dépressif, vivote aux côtés d'une femme délavée, terne, qui se tue à la tâche en tant qu'infirmière en soins palliatifs. Les somnifères lui permettent, à elle, de se tenir à l'écart des bruits menaçants. Notre narrateur est excédé au point de vouloir espérer la disparition de ce voisin. Oui, ce livre, tout comme le film susmentionné, montre l'engrenage implacable aboutissant à la conclusion funeste, le déferlement de violence causé par un détail du quotidien, répété, duquel on ne peut s'extraire, le bruit entrant en nous comme l'air dans les poumons. Fatalité. Et une fois le combat commencé pour se venger, impossible de s'arrêter tant notre homme perd le contrôle de sa vie.

La première partie du livre montre ce déferlement de haine et de violence, depuis les premiers coups de balai au plafond, donnés énergiquement par notre narrateur jusqu'à en effriter le plâtre, jusqu'à la solution radicale, à savoir l'issue meurtrière. La seconde partie met en lumière les conséquences de l'acte tragique, l'emprisonnement de notre narrateur ainsi que le départ de sa femme. Et surtout le procès où deux thèses vont être présentées au juré : notre homme est-il un monstre de plus dans la société brésilienne particulièrement violente, pour lequel la défense a bon dos d'invoquer la folie, personne n'étant coupable de rien, la faute revenant à l'organisme ; ou est-il réellement atteint d'une maladie, en l'occurrence une schizophrénie audiogène, provoquée par des sons et des bruits divers ?

« Il n'y a plus de silence dans les villes comme la nôtre. Des villes comme la nôtre sont acoustiquement hystériques et nocives. Il y a de la musique dans les ascenseurs et les supermarchés. Dans les magasins et les parcs. Quand le bruit envahit notre maison, notre paix, il agit comme un voleur qui nous vole et nous viole, sans pitié. On nous prend nos biens les plus précieux : notre paix et notre raison. Nous réalisons à quel point le bruit est maléfique seulement quand une tragédie comme celle qui est arrivée à mon client fait surface ».

Le titre du livre fait référence à la Bible, Gog et Magog sont en effet un personnage et un lieu du livre d'Ezéchiel. Les peuplades païennes Magog vivent « au nord du Monde », et représentent métaphoriquement les forces du Mal. le couple « Gog et Magog » aurait dès son premier usage biblique un sens de fléau mythique et infernal. Dans un pays à dominante évangéliste, l'auteure fait ainsi référence à cette figure pour présenter la barbarie, le Mal, avec un grand M. L'antéchrist. Toute la question étant de savoir où se niche le Mal…dans notre homme ? en Ygor, le diable, c'est bien connu, se cachant dans les détails ?

Ce livre est également une dénonciation passionnante et acerbe de la violence au Brésil, de sa justice, et du système éducatif, carcéral, politique, éducatif, religieux brésilien. L'air de rien Patricia Melo pique là où ça fait mal et dresse un portrait au vitriol de l'état de son pays. C'est également une réflexion douce-amère sur le sexe en prison, le rôle de la poésie également, et de la liberté…notre homme n'est-il finalement pas plus libre en prison que lorsqu'il était dépressif dans son appartement ?
Et surtout une belle ode au silence, à ses vertus réparatrices et méditatives, notre homme arrivant peu à peu, en prison, à savourer le silence, à savoir faire silence en lui et à user de son esprit pour se balader, voyager dans l'espace et dans le temps, un passage d'ailleurs particulièrement réussi.

« Passé dix heures du soir, quand les lumières s'éteignaient et que le silence s'installait dans le pavillon – un silence humide, organique, vivant, comme le silence de la forêt – je fermais les yeux, je fouillais au fond de moi, je m'y enterrais vivant. Et je partais. Souvent je me voyais marcher jusqu'à la boulangerie, comme je le faisais tous les matins, pour acheter du pain frais. Une courte promenade, de deux pâtés de maisons, sous le ciel incolore de la ville, passant par une petite place qui vivait sous la domination d'un figuier centenaire, dont les racines avaient éclaté le pavement tout autour. J'aimais admirer ses branches se répandant sur le ciel comme un cancer agressif. D'autre fois, j'ouvrais une bière et savourais chaque gorgée (…) Pour celui qui sait rêver, la réalité est négligeable, comme un mauvais film ».

Une écriture simple sans fioriture, un livre agréable à lire sur une thématique bien amenée et bien ficelée, une dénonciation franche et claire, « Gog Magog » est une lecture plaisante et dépaysante.
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Marta et son mari, le narrateur, sont des premiers de cordée: elle est infirmière, il est prof; métiers altruistes, tournés vers les autres, de ceux qui tiennent une nation.
Mais que sont les autres pour nous? Patricia Melo, autrice brésilienne, répond en un éclat de rire grinçant : des emmerdeurs. le narrateur n'aime rien tant que faire grève, pour rester chez lui. Malheureusement, son foyer n'a plus le confort habituel depuis qu'un nouveau voisin du dessus a emménagé et s'avise de vouloir vivre. Or les vivants font du bruit et, les oreilles n'ayant pas de paupières, notre pauvre professeur doit subit le martèlement des talons et les ahanements de l'amour. Et nous, lecteurs, blottis sur le canapé, comme nous le comprenons, cet homme, comme nous compatissons ! Il n'est d'ailleurs pas interdit de penser que nous éprouvons une douce jouissance quand le voisin est finalement trucidé et démembré et que s'installe un bienheureux silence.
Bon, bon, la morale bien sûr sera sauve et l'assassin chatouilleux du tympan dûment emprisonné après avoir été quitté par sa femme.
Mais il faut imaginer notre héros heureux: en prison, abruti de cachets, il dort. Il ne fréquente plus que des individus semblables à lui (des délinquants de la classe moyenne). Il excelle dans son travail depuis qu'il doit fabriquer des robinets sans devoir affronter des élèves turbulents. Il faut l'imaginer heureux car les autres ont disparu et son monde ne contient plus que son moi délivré de toute contrariété.
Gog Magog: la coalition des nations contre le royaume du Christ, selon la Bible. Mais dans notre monde, il n'est d'autre Dieu que l'individu ni d'autre Antichrist que le voisin bruyant, l'épouse insatisfaite, le commerçant suspicieux, tous ces autres avec lesquels il faut sans cesse composer et qui se liguent pour nous arracher à la douce torpeur de notre foyer.
A mi-chemin entre « Wilt » de Tom Sharpe et « L'Étranger » de Camus, ce court roman est aussi drôle que terrifiant.
Vous n'êtes évidemment pas obligés d'être de mon avis mais je tiens à préciser que j'ai une tronçonneuse rangée dans mon garage.
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Tout d'abord, réglons le problème , ou l'énigme plutôt du titre. Gog et Magog sont deux personnages du livre d'Ezéchiel . Voilà, cela ne nous avance pas mais c'est dit.

A Sao Paulo, dans un immeuble habité par les classes moyennes faute de mieux , un professeur de biologie est irrité par le boucan du voisin du dessus. Les deux hommes ne s'apprécient pas à un point tel que le professeur de biologie accuse son voisin de lui avoir kidnappé son chat. Pendant ce temps , Marta , femme du prof , se fait de plus en plus distante.

Premier livre pour moi d'une auteure brésilienne et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ne donne pas forcément envie de vivre au Brésil. le versant d'un coteau , les fleurs sauvages , le petit village , tout ça , tout ça ...ce n'est pas pour ce livre .
Ici , les profs sont en insécurité constante, le crime est banalisé , la corruption est monnaie courante (mais pas qu'ici :)), le système carcéral ne semble pas des plus sécurisé.
Plongée donc dans un Brésil peu enthousiasmant dans une histoire qui elle l'est , qui en tous les cas accroche le lecteur . Que ce soit l'intrigue initiale entre voisins ou la deuxième partie , plus psychologique , aucun ennui et des interrogations quand à l'issue de l'intrigue !
Une découverte sympa !
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Je découvre Patricia Melo, l'autrice brésilienne (née en 1962) avec ce roman de 2017 au titre intrigant. Gog Magog est une référence biblique à l'affrontement ultime entre le bien et le mal, quand tout dialogue est devenu impossible. Ce roman drôle et terrible raconte comment un homme ordinaire exaspéré par les bruits de son nouveau voisin, s'embarque dans une spirale diabolique de haine.

"Je n'ai jamais compris pourquoi le bruit n'est pas considéré comme une arme blanche efficace."
Le narrateur, anonyme, a cinquante-quatre ans. Il est professeur de biologie et vit à São Paulo avec son épouse Marta qui est infirmière. Son métier l'ennuie, il enseigne à des analphabètes menaçants ; sa femme qui soigne les moribonds et les photographie ne l'écoute plus quand il se plaint. La nuit, elle prend des psychotropes et sombre dans une espèce de coma. Lui prend son balai et cogne dans le plafond. Ygor avec un Y lui met les nerfs à vif avec son barouf , ses gémissements érotiques avec sa copine, sa musique « blasphématoire », ses appareils électriques, sa télévision, ses pas « du diable » qui martèlent sans discontinuer : "Toc toctoc toctoc".... le narrateur le déteste tant qu'il souhaite sa mort. Il imagine qu'il pourrait payer Eder un de ses élèves, une grande asperge avec de l'herbe sur la tête. Ce serait très facile, plutôt commun. Mais bon ensuite Eder pourrait le faire chanter et donc il faudrait payer un autre gamin pour éliminer le premier etc. En attendant, le narrateur et Y échangent des noms d'oiseau : X raye la voiture de Y, Y crève les pneus de X. Et puis le chat noir du narrateur disparaît. Il récupère les clés de l'appartement d'Ygor. Il fouille allègrement partout et tombe sur un revolver dans un tiroir. C'est alors que Monsieur Ipsilon, revient à l'improviste...

Le roman est alerte et grinçant. On se met à la place de ce brave professeur anonyme qui enseigne et évalue ses élèves sous la menace et voudrait enfin avoir la paix quand il rentre chez lui. Ses rêves de meurtre sont racontés au début sur le ton de la plaisanterie. le gars est ma foi bien sympathique et nous compatissons grandement. L'arrivée du chat noir change la donne (les références à Edgar Poe sont nombreuses). le texte toujours réaliste flirte désormais avec le fantastique. Il devient plus noir, plus sarcastique et bien plus pervers. Patricia Melo met à nu les tensions, les divisions extrêmes de la société brésilienne et tous ses dysfonctionnements structurels. Et elle le fait avec grand talent à travers l'oeil peu fiable et de plus en plus détaché d'un narrateur que nous aimons bien. On suit ses aventures à l'hôpital, abruti de médicaments ; en prison avec les délinquants en col blanc et au tribunal, grand moment, avec beaucoup de plaisir. On aimerait qu'il s'en sorte malgré nous et malgré lui, âmes égarées que nous sommes. Qu'il trouve la paix et le silence, celui qui permet de penser et de s'ouvrir à l'autre...


-Bref je rec..
-Chut !
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Depuis la parution de O Matador, son deuxième roman mais le premier à être traduit en français, en 1996, le nom de Patricia Melo est synonyme de livres (très) noirs, tous dotés d'une composante sociale fort présente. En d'autres termes, l'écrivaine brésilienne n'hésite pas à évoquer tous les dysfonctionnements de son pays, et Dieu sait si elle a l'embarras du choix, enveloppés dans des intrigues puissantes et implacables. Cependant, depuis quelques années, Patricia Melo, si elle continue de pointer du doigt tous les vices du Brésil, a injecté une bonne dose d'humour dans son propos, dans un genre sarcastique et (faussement) cynique. Ainsi, Gog Magog, qui se nourrit de la "confession" d'un anonyme professeur de biologie, excédé par les bruits incessants provenant de l'appartement du voisin du dessus, au point de penser sérieusement à le trucider (le voisin, pas l'appartement). Une haine cuite et recuite qui est devenue son unique obsession, incapable qu'il est de voir que pendant ce temps sa femme a pris un amant. le professeur est le seul narrateur du récit et celui-ci n'est pas piqué des vers, mené à vitesse grand V par la romancière qui s'amuse beaucoup, et nous avec, à le décrire comme un type qui ne réfrène plus ses instincts et se révèle au passage raciste et asocial. Il y a un plaisir quasi pervers à lire ce court ouvrage en se retrouvant soi-même parfois dans le portrait de cet homme qui n'est pas un monstre à l'origine mais qui finit par le devenir à cause d'un enchaînement de circonstances malheureuses mais aussi de contingences sociales, plus précisément venant du voisinage, compréhensibles par tous ceux qui, un jour, ont eu à souffrir et à fulminer contre le sans-gêne caractérisé et très bruyant du locataire du dessus (c'est plus rarement celui du dessous qui pose problème, bizarrement, quoique explicable pour ceux qui habitent au rez-de-chaussée).
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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« Fils de l'homme, tourne ton visage vers Gog, du pays de Magog, […] et prophétise contre lui ! »
Ézéchiel nous avait pourtant prévenus. Gog, Magog, c'est le Mal. le vrai, le grand. Mais c'est dans les détails, dit-on, que se cache le Diable, et l'on ne se méfie jamais assez des petites choses sournoises qui nous pourrissent la vie. le bruit, par exemple. le bruit insidieux, mille petits bruits, qui prennent de l'ampleur au fil du temps. Ces bruits inexpliqués que le voisin du narrateur accumule. Des pas , des objets qui tombent, des soupirs d'extase, puis soudain un rire homérique, provocant, au beau milieu de la nuit.
Comble de misère, le voisin s'appelle Ygor. Pas Igor avec un "I", non, ce serait trop simple. Ygor avec un "Y". Et Ygor est un con fini. le type qui cumule . Un physique de maître nageur, une bombasse comme copine, une voiture de sport. Un beauf accompli, en somme. Tout le contraire du narrateur, prof de lycée dépressif, qui s'étiole aux côtés d'une femme éteinte, délavée, harassée par ses récriminations permanentes et par un travail exténuant d'infirmière en soins palliatifs.
Larder le plafond de coups de balai, répandre des morceaux de plâtre dans toute la cuisine ne change rien. Ygor en rajoute, il abuse, il attige, il multiplie les bruits, les glapissements, pousse jusqu'au vacarme et rit, rigole encore. le chat de la maison disparaît soudain. Ygor est capable de caticide. Ygor semble coupable. Non, il est forcément coupable. Et c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase: quand Ygor part en vacances, le narrateur subtilise les clefs de son appartement et s'y introduit, afin de chercher de quoi exercer sa vengeance.
Sans savoir qu'il va basculer dans le crime.
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Gog Magog de Patricia Melo est une lecture coup de coeur. L'auteure, de nationalité brésilienne, par le biais d'un personnage "ordinaire" qui agira "à l'extrême" fait un état des lieux de son pays : tout y passe, l'éducation nationale - le héros est un enseignant au bord de la dépression- le système carcéral, la santé, le racisme.

Le détachement du professeur qui raconte les faits donne froid dans le dos.
L'écriture est directe et cynique.

je ne peux que le conseiller!❤❤❤❤❤
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Comédie noire bien troussée, doublée d'une satire sociale pimentée, Gog Magog (Actes Sud, mai 2021) est un nouvel exemple du talent de Patricia Melo, appliquant une recette depuis longtemps éprouvée pour cette dernière peinture de moeurs brésiliennes. Un professeur de biologie vit dans son appartement un enfer depuis l'installation d'un nouveau voisin à l'étage du dessus. Musique tonitruante, vibrations stridulantes de diverses machines, toc-toc-tocs agressifs des pas sur le parquet, rires détonants en cascades, bruits de copulations très pénétrants…, le voici victime désormais d'un vacarme permanent. Et rien ne semble pouvoir arrêter ce tsunami de pollution sonore : ni cris d'indignation, ni coups de balais au plafond, ni même visites timides et, bientôt, plus brutales, au voisin pour lui demander de baisser le volume de la cacophonie ! La haine grandit, et quand une guerre ouverte se déclare entre les deux étages, que la chatte disparait, peut-être victime des mauvaises intentions du voisin, quand, enfin, la poussière de plâtre résultant des derniers coups donnés au plafond pousse sa femme à parler de divorce, le professeur ourdit un plan machiavélique… Une histoire bien vacharde, à l'image de celles d'Enfer (2001) ou de Monde perdu (2008), deux des précédents succès de Patricia Melo, un texte où la verdeur du langage, le goût de la formule qui claque, distillent l'humour dans chaque page, mais surtout un roman qui dénonce, une nouvelle fois, les multiple travers de la société, devrait-on dire du chaos brésilien : lutte des classes exacerbée qui inscrit sa trace dans le paysage urbain, mal-être de professeurs vivant dans la terreur des réactions d'élèves qui ont toujours l'insulte à la bouche et les armes à la main, individualisme forcené des uns et des autres dans une société sans autres règles que celles du néolibéralisme, insidieuse pollution des esprits par les théories évangélistes, racisme toujours rampant, justice arbitraire et corrompue, prisons mouroirs ou palaces, selon qu'on est puissant ou misérable… Qui se plaindra qu'au pays de Bolsonaro survivent encore quelques belles plumes rebelles, comme Patricia Melo ?
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GOG MAGOG de Patricia Melo
Le narrateur est professeur de biologie, il vit avec sa femme Marta, infirmière, à Sao Paulo, dans un immeuble et ne supporte pas les bruits incessants que fait Ygor, son voisin du dessus.
Il passe de l'énervement à la haine et cela devient une obsession au point qu'il imagine le tuer. Pendant ce temps sa femme est occupée ailleurs...
Un roman noir très court, qui se lit d'une traite. le ton est sarcastique, le rythme alerte, l'écriture dynamique et l'histoire à la fois dramatique et drôle par certains cotés. Au delà de la simple histoire de cet homme, il s'agit en fait d'une comédie de moeurs sarcastique évoquant les dysfonctionnements de la société brésilienne, avec ses violences, ses tensions, ses incohérences et sa corruption...
Le lecteur suit le narrateur de sa vie sans histoire à sa vie carcérale puisqu'il a effectivement tué son voisin. Qui est ce personnage étrange ? Est-il épileptique ou psychiquement malade ? le bruit peut-il rendre fou ?...
Un texte qui parait simple et naïf et qui en réalité est dense et riche d'enseignement.
Découverte interessante de cette auteure.
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