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Citations sur Un amour (10)

Sur la table, la traduction est restée à la page où elle l’avait laissée, une réflexion autour du silence, de notre silence en particulier, une qualité de silence en particulier. Mais si le silence est l’absence de mots, comment un silence en particulier pourrait-il exister ? Les silences ne devraient-ils pas être tous les mêmes, comme la couleur blanche est toujours la même ? Il est donc évident que ce qui distingue les silences, c’est ce qui les entoure, à commencer par leurs causes.
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Elle se concentre pour maîtriser les idées qui grandissent en elle, pour leur trancher les extrémités du mieux qu’elle peut.
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Sa nostalgie reste immense. Parfois, ses seins gonflent sous l’effet du désir, tout son corps fourmille d’angoisse à son seul souvenir. Et pourtant, les traits de son visage ont commencé à s’effacer. Elle ferme les yeux et tente de les retenir, mais ils s’évanouissent malgré tout. La sensation de perte s’étend, gagnant rapidement du terrain sur la mémoire.
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De fait, elle est en train de franchir les étapes nécessaires. Constater une telle évolution-même ardue, même minime-lui procure une satisfaction intime, comme si les progrès du chien étaient aussi les siens, indirectement.
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Elle comprend qu’on n’atteint pas sa cible en visant, mais avec insouciance, à travers des oscillations et des détours, presque par hasard.
Elle voit clairement que tout menait à cet instant. Y compris ce qui semblait ne mener nulle part.

(Dernières lignes du roman)
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Pendant qu'elle parle, le propriétaire regarde ses seins. Il le fait sciemment, pense Nat. Pour la déstabiliser. Pour l'humilier. La bouche tordue, il lui dit que ce n'est pas son problème, à elle, si le plancher pourrit. Ce n'est pas sa maison, hein ? Elle est juste locataire, répète-t-il, une locataire qui n'a pas arrêté de se plaindre depuis son arrivée.
- Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse, moi ? Tu crois qu'avec le loyer de merde que tu me paies, j'ai de quoi me lancer dans des travaux ?
Nat est hors d'elle, mais demeure incapable de montrer sa colère. Elle se veut tranchante, le ton de sa voix est pourtant fébrile et apeuré.
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Elle se sent invulnérable, au-delà des jugements, mais son immunité vient du fait qu’elle est sortie du temps dans lequel elle vivait, comme si, gravissant une échelle interminable, elle était tombée dans le vide à cause d’un barreau cassé, tandis que le reste du monde continuait à monter sans rien remarquer.
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La peau a une mémoire et répéter c’est approfondir.
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Le paysage frappé par la sécheresse est parsemé d’oliviers, de chênes-lièges et de chênes verts. Les cistes à gomme, poisseux et humides, offrent les rares fleurs qui viennent égayer la terre. Seule la silhouette du Glauco, une petite montagne d’arbustes et de buissons qu’on dirait dessinée au fusain sur le ciel nu, vient rompre la monotonie du paysage. On prétend qu’il y a encore des sangliers et des renards sur le Glauco, bien que les chasseurs qui le gravissent n’en reviennent qu’avec des chapelets de perdrix et des lapins ficelés à la ceinture. Elle est sinistre cette montagne, pense Nat, puis elle tente immédiatement de chasser cette pensée. Pourquoi sinistre ? Glauco est un vilain nom, c’est sûr ; elle suppose qu’il lui vient de sa couleur terreuse et blême. Elle associe le mot glauque à un œil malade, souffrant de conjonctivite, ou aux yeux des vieux, vitreux et rougis, comme embués. Elle se rend bien compte qu’elle se laisse contaminer par la signification de glaucome. Le hasard fait que le mot glauque apparaît dans le livre qu’elle essaie de traduire, attribué au personnage principal, le père redoutable qui, à un moment donné, invective fort cruellement l’un de ses enfants, tout en plantant sur lui, précise le texte, son regard glauque. Au début, Nat avait pensé à une pathologie oculaire, puis elle avait compris qu’un regard glauque est simplement un regard vide, inexpressif, le genre de regard où la pupille reste morte, presque opaque. Quel est donc le sens précis ? Vert clair, verdâtre, maladif, flou, fuyant ? Elle devra orienter la suite du paragraphe en fonction du mot qu’elle choisit. Opter pour une traduction littérale, sans comprendre l’esprit authentique de la phrase, cela reviendrait à tricher.
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C’est quand la nuit tombe que le poids s’abat sur elle, si lourd qu’elle doit s’asseoir pour reprendre son souffle.
À part le silence, ça ne ressemble pas à ce qu’elle avait imaginé. En réalité, ce n’est pas vraiment du silence. Il y a une rumeur lointaine, comme un bruit de route, alors que la route la plus proche est une départementale, à trois kilomètres de là. On entend aussi les grillons, des aboiements, le klaxon d’une voiture, les cris d’un voisin pressant son troupeau, déjà de retour.
La mer c’était mieux, mais plus cher aussi. Au-dessus de ses moyens.
Et si elle avait tenu un peu plus longtemps, économisé davantage ?
Elle préfère ne pas y penser. Elle ferme les yeux, s’affale lentement sur le canapé, se retrouvant la moitié du corps dans le vide, dans une posture contre nature qui provoquera des crampes si elle ne bouge pas rapidement. Elle s’en rend compte. S’allonge comme elle peut. S’endort.
Mieux vaut ne pas penser, mais les pensées surgissent et se frayent un chemin en elle, s’entassent. Elle voudrait qu’elles ressortent aussi vite qu’elles sont entrées, pourtant elles s’accumulent à l’intérieur, l’une par-dessus l’autre. Cette simple volonté – tenter de les restreindre à un unique aller-retour plutôt que de les laisser s’accumuler – est en soi une pensée trop intense pour son cerveau.
Quand elle aura le chien, ce sera plus facile.
Quand elle aura organisé ses affaires, installé sa table et arrangé le terrain autour de la maison. Quand elle aura arrosé – tout est si sec – et nettoyé – si mal entretenu. Quand il fera plus frais.
Tout ira beaucoup mieux quand il fera plus frais.

(Incipit)
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