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sur 71 notes
Étrange atmosphère, étranges personnages. Une maison délabrée louée par une femme encore jeune qui semble résignée à tout et dont ne sait d'où elle vient et pourquoi elle s'est réfugiée dans cet endroit glauque prenant comme compagnon un chien à moitié sauvage. Autour d'elle orbitant «  un hippie » super cool qui fabrique des vitraux de goût douteux , « un Allemand » qui fait d'étranges propositions de troc sexuel, un voisin marié qui la drague et un propriétaire mal élevé et mesquin , celui de la maison délabrée…. Bienvenue à La Escapa,un village perdu de la Rioja ! Voilà pour le décor de ce livre au titre banal, d'une écrivaine espagnole dont je viens de faire la connaissance.

La femme c'est Nat, une femme qu'on peine à déceler. Elle a visiblement décidé de brouiller les anciens repères de sa vie, mais vu que ni sa mémoire , ni son âme ne sont vierges, elle n'arrive pas à s'en détacher . Bien que ne désirant pas approfondir, elle ne peut s'empêcher de penser, analyser et juger. Sara Mésa à travers ce personnage à l'apparence indifférente, va nous dérouter de pages en pages, instaurant un malaise par le biais « d'une histoire d'amour » qui relate l'ambiguïté et la différence entre femmes et hommes, entre la réalité et l'imaginaire des ressentis et de leurs manifestations, dans un monde où « chacun parle une langue différente », et où se révèle une part d'entre nous immense et inconnue, labyrinthique et insatiable dans des circonstances inattendues. le silence est au coeur du récit, « Autour, il n'y a que le silence : cet éternel silence fictif ». Un roman âpre, original, dont la prose délicate fascine par sa pudeur dans le choix des mots.

« — Donc c'est moi, mais ça pourrait être n'importe quelle autre femme……
— Ça aurait pu être une autre et j'aurais pu être un autre aussi. Comme toujours. »

« …on n'atteint pas sa cible en visant, mais avec insouciance, à travers des oscillations et des détours, presque par hasard. »


Un grand merci aux éditions Grasset et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.
#Unamour #NetGalleyFrance
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Sans qu'on sache très bien pourquoi au départ, Natalia, jeune trentenaire, a décidé de changer de vie. Elle a quitté sa ville et son boulot de traductrice en entreprise pour s'installer à La Escapa (la bien nommée : « escapar » signifie « échapper »), petite localité isolée de l'Espagne profonde, pour se consacrer à sa carrière de traductrice littéraire.

La nouvelle vie de Natalia est cependant loin d'être idyllique. La Escapa est un bled paumé, aride et quasi-désert, à proximité d'une montagne dénommée Glauco (faut-il traduire?), la petite maison qu'elle occupe est délabrée et son propriétaire est un escroc au regard lubrique, et les habitants du village se méfient de cette étrangère et de sa décision saugrenue de s'installer dans cet endroit sans charme. Parmi ceux que côtoie néanmoins la jeune femme, il y a en particulier Piter, le hippie local, étranger lui aussi mais bien intégré dans la communauté, un type sympathique mais un peu intrusif et dispensant des conseils moralisateurs. Il y a aussi la jeune fille qui tient la supérette et rêve de s'enfuir à la ville, des voisins qui débarquent le week-end dans leur maison de campagne, et Andreas, surnommé « l'Allemand », taciturne et dont, paraît-il, elle devrait se méfier. Pour compléter cet entourage étriqué, Natalia, qui avait demandé à son propriétaire de lui trouver un chien pour lui tenir compagnie, se voit refourguer un cabot très peu sociable, qu'elle baptise Chienlit.

Malgré ses efforts, Natalia a du mal à s'intégrer, et le malaise s'épaissit encore lorsqu'un violent orage endommage la toiture de sa maison et qu'elle accepte l'offre de l'Allemand de réparer les dégâts moyennant rétribution en nature. Les rumeurs se répandent dans un silence assourdissant et Natalia se sent de plus en plus isolée, méprisée, jusqu'à ce qu'éclate le drame causé par Chienlit.

Ce qui devait être un renouveau pour la jeune femme s'avère être une lente descente dans un puits sans fond de doutes existentiels et de solitude, au point de fantasmer sa relation avec l'Allemand et d'y perdre sa dignité et, inévitablement, d'en souffrir.

Sara Mesa s'y entend pour installer une ambiance de tension diffuse de plus en plus pesante et inquiétante, et pour camper des personnages incarnés et complexes. Elle décortique avec une grande finesse psychologique les questionnements de Natalia, anti-héroïne qui se laisse dériver et qu'on voudrait secouer, pour laquelle on n'éprouve pas de réelle empathie mais qui ne laisse pas indifférent.

Sur les thèmes de la solitude, de la manipulation, des faux-semblants, de l'incommunicabilité, des choix de vie et du respect des autres et de soi-même, « Un amour » est un roman ambigu, rude et captivant.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Unamour #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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La Escapa, village perdue en Espagne , où sans les téléphones portables et les voitures , le temps se serait arrêté il y a quelques siècles.
Nat vient de s'y installer , on ne sait trop pourquoi. Elle est traductrice mais semble mal dans sa peau, craintive. Autour d'elle, Piter assimilé à un "hippie", des gitans , une folle, l'Allemand , au surnom incompréhensible Et le week end , le couple de bobo qui vient se ressourcer au milieu des ploucs .
Mais le premier contact de Nat , c'est son proprio, qu'on pourrait surnommer le con , tellement il coche les cases. Il lui laisse un chien , pas forcément d'une sympathie débordante.

Très belle lecture , portée par un écriture incisive , puissante et précise. Les personnages , avec leur part de mystère, sont remarquablement introduits et leurs différents caractères rendent ce roman presque inclassable.

Nat bien sur cristallise l'attention mais ses rapports avec ses voisins permettent de mettre en exergue la vie de ces gens , simples , qui ne se posent pas trop de questions mais qui se doivent de réagir cliniquement face à certaines situations.
Les rapports humains dans une communauté fermée sont magistralement évoqués , notamment la relation entre Nat et l'Allemand.
Mais si ce livre n'était tout simplement qu'une façon de montrer que l'on a tous besoin d'amour, quelle qu'en soit la forme ?

On regrettera une nouvelle fois , la quatrième de couverture qui nous annonce un fait important se passant à 30 pages de la fin . Mais c'est quoi le concept ?

Une très belle découverte, qui a trusté les récompenses en Espagne .
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Récompensée par de prestigieux prix littéraires espagnols, Sara Mesa est devenue en quelques années une autrice incontournable de la littérature espagnole contemporaine.
Véritable événement littéraire en Espagne, son dernier roman, « Un amour », a été désigné « meilleur livre de l'année » par plusieurs journaux espagnols.

« Un amour » m'a attirée par sa belle couverture, par la simplicité de son titre. Mais, cette lecture a été très différente de celle à laquelle je m'attendais.

*
Nat, une jeune traductrice décide de changer de vie et s'installe dans le petit village rural de la Escapa dans le désert d'Almeria. Elle y loue, auprès d'un propriétaire véreux, intrusif et particulièrement répugnant, une maison délabrée avec un jardin pitoyable. Comme il a été décidé, l'homme lui a trouvé un chien pour lui tenir compagnie, mais ce chien craintif paraît avoir subi des mauvais traitements de son ancien maître et se laisse difficilement approcher.

« Quand elle s'accroupit à côté de lui, se mettant à sa hauteur pour ne pas l'effrayer, il se sauve la queue entre les jambes. À cause de cette attitude agaçante, elle se met à l'appeler Chienlit, parce qu'il faut bien lui trouver un nom. Chienlit n'est pas seulement farouche, il est aussi énigmatique. Il rôde dans les parages, mais c'est exactement comme s'il n'était pas là. »

Nat essaie sans succès de travailler sur la traduction d'un livre, mais ses journées sont longues et solitaires, laissant libre court à des pensées parasites qui envahissent son esprit et son quotidien.

« Mieux vaut ne pas penser, mais les pensées surgissent et se frayent un chemin en elle, s'entassent. Elle voudrait qu'elles ressortent aussi vite qu'elles sont entrées, pourtant elles s'accumulent à l'intérieur, l'une par-dessus l'autre. Cette simple volonté – tenter de les restreindre à un unique aller-retour plutôt que de les laisser s'accumuler – est en soi une pensée trop intense pour son cerveau.
Quand elle aura le chien, ce sera plus facile. »

*
Dans ce monde rural très fermé et rude, son choix de vie dérange et amène la méfiance : elle est une étrangère, une femme seule et indépendante. Ainsi, elle a du mal à se faire accepter, à tisser des liens avec les habitants du hameau trop peu nombreux et intolérants.
Ses voisins les plus proches sont un couple de personnes âgées et malades ; Andréas baptisé « l'Allemand » sans aucune raison, un homme taciturne qui vit des produits de son jardin ; Piter, un vitrailliste hippie; et une famille.

L'histoire commence vraiment lorsqu'un orage particulièrement violent éclate. La maison prend alors l'eau de toute part.
Le propriétaire refusant d'entreprendre des travaux dans la maison, Andréas lui propose un étrange marché (sans aucune équivoque) contre la réparation du toit de la maison.

Nat est une jeune femme ordinaire, à un croisement de sa vie où elle est en mal de reconnaissance, vulnérable, désorientée, déracinée, seule. Est-ce pour cette raison qu'après avoir refusé dans un premier temps la proposition de son voisin, elle décide finalement d'accepter ?

« Un changement a commencé à s'opérer en elle. Sa fureur se dissout et cède le pas à un vide dont l'écho assourdit tout son corps. Elle est tombée au fond d'un puits où elle est en train de se noyer. »

Lorsque l'amour arrive sous une forme à laquelle elle ne s'attend pas, on peut se demander si c'est vraiment de l'amour. J'y ai vu davantage une histoire sur l'incapacité d'aimer et de communiquer, sur le besoin de rompre sa solitude, de rechercher un plaisir dans le sexe.
Par cette relation troublante, malsaine, obsédante et cette dépendance gênante, l'autrice cherche à créer un trouble chez le lecteur, elle y réussit parfaitement bien.

« Est-ce une obsession ? Oui, sans nul doute, c'est une obsession. Mais pas seulement, se dit-elle. C'est un rapt, une métamorphose, une transformation radicale du tableau prévisible. Ce qui était à l'extérieur, au loin dans le paysage, ce qui était invisible et sans intérêt, est désormais en elle, la hante, l'ébranle. »

*
La narration est sobre, sèche, écorchée, propice à rendre l'atmosphère oppressante et malaisante. Tout est fait pour nous faire ressentir les émotions, les sentiments, les doutes, les blessures, la méfiance de la jeune femme qui se sent à la fois contrainte et menacée. Les paysages nus, la montagne qui domine et écrase le village, l'atmosphère inquiétante et insécure, les personnages masculins dérangeants, les silences envahissants, tout amène à créer une ambiance étouffante et pesante.

« Il suffit d'un frôlement, d'un nouveau rapprochement, pour que l'engrenage se remette à tourner. Remords et désir, soif et vertige s'alternent, telles les dents du rouage. »

Le sort semble s'acharner sur elle : les personnes qui gravitent autour d'elle, toutes les mauvaises décisions qu'elle prend, l'excluent, la marginalisent et la fragilisent chaque jour un peu plus. le lecteur sent bien qu'elle se dirige droit dans le mur, qu'il va assister, impuissant, à son effondrement psychologique.
Je dois dire que, même si je n'ai pas compris cette femme, j'ai tout de même eu de l'empathie pour elle. J'ai ressenti sa peur, sa colère, sa fragilité, son besoin d'amour et d'attention.

*
Si ce roman semble me décevoir, c'est que cet amour a été frustrant et trop dur pour moi.
Le titre et la couverture représentant un lévrier m'ont également induite en erreur. Cet amour, je pensais, peut-être bêtement, que c'était son chien qui le lui apporterait. Je pensais que chacun se reconstruirait dans l'amour de l'autre.
Le chien tient une place importante dans le roman, mais pas celle-ci.

Malgré ma déconvenue, je dois reconnaître que Sara Mesa a le talent pour raconter une histoire qui n'est pas belle, une histoire dans laquelle prédomine des sentiments intenses, profonds, douloureux, sombres, violents, effrayants. L'autrice a su provoquer les lecteurs en les plaçant dans une situation incommodante, car l'amour peut parfois prendre différentes formes ou des chemins détournés, alambiqués, hasardeux, dangereux.
La fin est déconcertante, je ne m'y attendais pas.

*
« Un amour » est un petit roman sur le désir, sur l'image que les autres nous renvoient comme un miroir, sur le besoin d'exister dans le regard de l'autre et en particulier celui des hommes, sur les attentes de chacun dans une relation.
C'est un roman étrange, douloureux, froid, triste qui surprend par son approche inattendue.
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Nat, traductrice commerciale, plaque tout pour s'installer à la campagne, dans un trou paumé au nom plus qu'évocateur, la Escapa, quelque part en Espagne dans la Rioja.

Mais que fuit Nath, trentenaire, et pourquoi s'exiler loin de tout ? Elle loue une maison insalubre, évite son proprio sans-gène et malsain ainsi que ses autres voisins, qui semblent voir d'un sale oeil son arrivée. Pour seule compagnie elle prend un chien solitaire et sauvage, qu'elle nomme Chienlit.

J'ai pensé que le thème central du livre serait l'arrivée de Nath en milieu rural et la fameuse dichotomie ville vs campagne. Mais non, tout est dans le titre. «Un amour»... mais alors avec qui ?

Sara Mesa, de son écriture tendue, nous raconte l'arrivée puis le bouleversement que cet amour provoque chez Nat. Cette femme distante et un peu hors d'elle, qu'on aimerait secouer, se dissout très rapidement dans cette relation louche, extrêmement genrée.

Nous sommes dans l'intimité des pensées de Nat, suivant au plus près ses ressentis et ses doutes. J'ai aimé ce parti pris et la voir réfléchir presque sous mes yeux. C'est que Nat interprète tout, décortique tout alors que son amant est dans le présent. Mais n'est-ce pas le rôle de la traduction que de donner du sens, que de trouver une langue commune ? J'ai aimé cette réflexion sur les mots et le langage.

J'ai lu ce roman d'une traite, sans vraiment savoir ce qui m'a tant accrochée. Ce ne sont pas les personnages, ce n'est pas le décor. Peut-être l'atmosphère rurale poisseuse, la certitude qu'un drame se trame ou l'urgence du désir, si subtilement décrite ?

Un roman d'atmosphère singulier, superbement écrit et, j'imagine, traduit. Je me plongerai avec plaisir dans les précédents romans de Sara Mesa, qui a bien mérité ses nombreuses distinctions.
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Cicatrice, livre précédent de l'autrice m'avait laissé une forte impression, et je voulais voir si Un amour allait suivre le même sillon.
Le titre déjà, Un amour, mais où Sara Mesa est-elle allée chercher ce titre, car il n'y en a pas trace dans le livre, ou alors je n'ai pu l'entrevoir. Ou bien était-il en creux dans l'histoire, dans les marges, dans les espoirs de l'héroïne, ou dans son passé ?
Nat, la trentaine, dont on ne connait rien, hormis le fait qu'elle travaillait en tant que traductrice commerciale et qu'elle a commis un vol non expliqué, part s'installer à la campagne dans une maison de village en piteux état, le propriétaire, antipathique à souhait, refusant de s'occuper de son entretien.
Il lui laisse, à sa demande, un chien étrange, qu'elle va parvenir à domestiquer et qui va prendre de l'importance dans la suite du roman.
Nat fait progressivement la connaissance de son voisinage, Piter, le "hippie" du coin, avec qui elle noue une relation impersonnelle, des gitans, un couple de personnes âgées un peu dérangées, et surtout "l'Allemand", un homme taciturne qui lui propose "d'entrer en elle" en échange de travaux de réparation de sa toiture.
La voici embarquée dans une histoire improbable et indéchiffrable avec cet "Allemand" qui ne semble pas prêt à lui donner quoique soit, ni mots, ni tendresse.
Sara Mesa installe d'entrée de jeu un climat glauque et malsain. Son héroïne, dont la quête est mystérieuse, est en proie à des démons, à une culpabilité envahissante. Ses relations sont teintées de crainte, de suspicion et de paranoïa, surtout avec les hommes en qui elle voit des prédateurs, mais dont elle peut aussi parfois se trouver sous la dépendance.
Nat semble avoir perdu ses repères ; elle navigue à vue et rêve une histoire imaginaire. Qu'est-elle venue chercher dans ce coin perdu de la Rioja, où les étrangers sont mal vus et où les ragots circulent vite ? Pourquoi cette citadine s'immerge-t-elle en milieu hostile ? Doit-elle racheter une faute impardonnable ?
La dynamique du personnage d'Un amour rappelle celle de Cicatrice. Des jeunes femmes sont prêtes à s'avilir, à s'oublier et à toucher le fond, dans le cadre de relations de séduction ambigües, pour mieux rebondir et en sortir éclairées et comme lavées de leur honte. Une démarche cathartique en somme...
Un roman puissant, âpre, dérangeant sur le thème de l'incommunicabilité.
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Choisi par hasard ou parce que ses finances n'offraient rien de meilleur, le village se tient sur lui-même composé de quelques âmes rustres. Natalia y loue son renouveau suite à une mauvaise expérience ; il sera un nouveau départ, un temps pour elle, l'idée d'un souffle. Mais, elle est seule, elle est femme, trentenaire sans enfant, perdue au milieu d'eux, ceux qui l'observent et s'interrogent, interprètent. Tour à tour, bourreaux, paternalistes, pervers ou envieux, les hommes l'abiment rongeant le peu d'estime qu'elle conservait. Elle s'accroche aux riens d'un désir sexuel, croit en l'histoire, s'y plonge. Est-ce cela l'amour ? L'attente et l'idée que l'on se fait de l'autre même par erreur ? le besoin d'être aimé.e occulte-t-il la raison, nous efface, brise ?
Roman d'atmosphère où la tension croît au fur à mesure, « un amour » décrit à la perfection l'incertitude face aux regards et à la pression des autres, face au poids des jugements. Il pose l'hésitation nourrie du doute jusqu'à ce que l'héroïne s'oublie – héroïne universelle que l'on voudrait secouer puis étreindre, victime avant tout d'un monde empli de cases à remplir. Galerie de personnages et d'attitudes plus vraies que nature, il dresse un savoureux portrait de l'âme humaine et, tout en s'abstenant de tout parti pris, offre à réfléchir sur le sens des choix et des actions.
Très belle découverte, cette lecture se dévore en quelques heures tant elle captive et nous maintient dans l'attente du dénouement. Une réussite.


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La Escapa. C'est dans ce petit village espagnol, isolé de tout, que se réfugie Nat. La jeune femme a décidé de tout quitter et elle tente de se consacrer pleinement à son travail de traductrice. Elle loue alors une maison à un propriétaire très antipathique. Il lui laissera néanmoins un chien pour lui tenir compagnie. La jeune femme fera la connaissance des autres habitants et ne tardera pas à se rendre compte que tout n'est pas aussi idyllique qu'elle aurait pu l'imaginer.

En voilà un roman particulier, de ceux qui laissent une sensation très âpre une fois la dernière page tournée. Il faut dire que l'auteure n'a rien fait pour rendre les personnages attachants, bien au contraire. Même le comportement de la protagoniste peut paraître exaspérant, de par sa passivité lors des conflits qu'engendre sa venue dans ce village.

L'auteure va livrer une longue réflexion sur la solitude de la protagoniste. Au fil des pages, le lecteur suivra à quel point cet isolement la pousse à faire des choix, qui ne sont pas toujours judicieux. Nat n'a personne à qui demander conseil et se sentira perdue à plusieurs reprises.

Ce que l'auteure a particulièrement réussi à retranscrire dans ce roman, c'est l'ambiance pesante qui règne à La Escapa. Elle a su créer une atmosphère particulière et j'ai ressenti cela pendant toute ma lecture.

J'ai suivi le quotidien de Nat, et je dois dire que l'auteure en a fait un personnage profond et avec beaucoup de relief. Les pensées de Nat sont retranscrites dans le détail et le lecteur suit ainsi l'évolution du personnage tout au fil des pages.

La plume de l'auteure est élégante et tout en finesse. J'ai beaucoup aimé le style, qui m'a permis de ne jamais ressentir un quelconque ennui lors de ma lecture, bien au contraire. le roman est divisé en trois grandes parties mais le tout reste très fluide.

Un roman original, dans lequel l'auteure a su créer une atmosphère particulière. A découvrir.
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J'ai ouvert ce court récit en pensant passer un agréable moment. Je l'ai refermé avec l'heureuse conviction d'avoir lu un grand roman. de ceux qui vous embarquent au rythme d'une musique enivrante et vous font chavirer le coeur.

Parce que Sara Mesa est une grande écrivaine. Son écriture est d'une limpidité incroyable et l'apparente simplicité de sa plume permet de révéler toute la portée et la profondeur de son propos. Elle raconte l'amour comme elle nous conte l'aridité de la terre et l'hostilité des Hommes. La peur de son voisin et les replis sur soi qui ne mènent qu'à l'insularité et la défiance, annihilant ainsi toutes velléités de changement.

Ce roman, c'est l'histoire de Natalia qui décide de fuir son quotidien et de s'installer à La Escapa. Mais dans ce petit village, l'arrivée de la citadine est vue d'un oeil mauvais et alors qu'elle essaye de se reconstruire, les relations avec ses voisins lui laissent un impression de malaise de plus en plus étouffante… jusqu'au drame qui scellera son avenir au sein de la communauté.

À l'heure où l'étau se resserre autour de discours nationalistes, Sara Mesa nous rappelle l'importance de l'acceptation de la différence et de l'ouverture d'esprit pour que la jalousie et l'incompréhension ne nous rongent pas jusqu'à l'os. le tout est fait avec une finesse éblouissante qui laisse entrevoir l'immense talent de cette jeune autrice, considérée aujourd'hui comme l'une des plus belles plumes espagnoles, à juste titre !

Un roman court mais d'une grande intensité qui s'avère être une de mes plus belles lectures de cette année… magnifiquement traduit par Delphine Valentin.
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On retrouve dans Un amour de Sara Mesa une situation de départ qui rappelle celle de nombreux films de suspense et/ou d'horreur, avec une femme, Natalia, qui a tout quitté, la ville et son travail, entre autres, pour un coin de campagne isolé (Men ou L'Ogre commencent ainsi). Un exil qui correspond à la recherche d'une vie nouvelle et à l'oubli d'un traumatisme récent. Un amour est écrit à la troisième personne mais il donne l'impression de l'être à la première tant les moindres faits et gestes ou surtout pensées de Natalia nous sont livrées par le détail. Sara Mesa est tout aussi à l'aise pour créer une ambiance lourde pour son héroïne, avec son lot de personnages masculins inquiétants ou incompréhensibles, tout du moins dans l'esprit de Natalia, qui commence à battre la campagne (mais jusqu'à quel point ?), c'est le cas de le dire. Toujours dans l'entre-deux entre réalité et fantasmes, Un amour se dirige tout droit vers une tragédie, croit-on deviner, mais la romancière sait jouer avec les nerfs des lecteurs sans laisser s'échapper ses réelles intentions. le livre est court, trapu et svelte à la fois, assez différent des autres grands livres espagnols parus ce printemps sous la plume de Almudena Grandes, Javier Cercas et Arturo Pérez-Reverte. Sa singularité oppressante n'en est que plus passionnante à découvrir.
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