Gardiens des cités perdues, tome 7 : Réminiscences

A savoir que le seul nom que j'espère voir sur mes listes...c'est le tien.

La vie est une succession de choix difficiles.

M. Forkle

-Je me suis trouvé un nouvel objectif, souffla le jeune homme, interrompant la tornade infernale de ses pensées. Je vais tâcher de gagner ta confiance.
Elle soutint son regard.
-Tu l'as déjà.

- Dis, Fitzy, tu veux te joindre à notre pari sur la durée de cette audience ? lança Keefe avec un coup de coude à son camarade. Tu as le droit d’imposer un gage. Mais si tu perds, tu devras aller en cours vêtu d’un slip métallique et m’appeler Lord Bellecoiffe.
- Euh… non merci, sans façons.
- Bellecoiffe ? répéta Biana, incrédule.
- "Lord Bellecoiffe", rectifia le jeune homme. Quoi ? C’est parfait, comme surnom ! (Il rejeta la tête en arrière comme dans une pub pour shampooing.) Je pense qu’on devrait l’adopter quoi qu’il arrive. Tu ne trouves pas, Foster ?

- Qu’y a-t-il ? s’inquiéta-t-elle en passant un doigt sous ses cils lorsqu’elle surprit le regard insistant de Keefe. J’ai débordé ?
- Non, Foster. Tu es… parfaite.
La remarque, et surtout l’émotion qu’elle y décela, la fit rougir. Réaction qu’elle regretta aussitôt face au sourire qu’afficha son ami.

L’Empathe sourit de toutes ses dents.
- Ce que tu es mignonne quand tu te fais du mouron ! Je te l’ai déjà dit, non ?
Le regard assassin que lui jeta Sophie ne fit qu’élargir son sourire. Keefe se rapprocha de son amie pour lui prendre les mains.

L’Empathe poussa un soupir exagéré.
- Comme tu voudras… Je ne peux pas t’en vouloir. Après tout, je te dois déjà une faveur. À ce propos, as-tu une idée de ma punition ? Ne va pas croire que je n’aie pas remarqué comme tu repoussais l’échéance.
- Je ne repousse rien du tout, protesta Sophie. C’est juste que… je ne sais pas encore ce que je veux.
- Oh, ça, je le sais bien.
Keefe avait abandonné son ton taquin. Leur proximité physique sauta soudain aux yeux de la jeune fille.
- Prends ton temps, ajouta-t-il dans un murmure. Mais… préviens-moi quand tu auras trouvé car je…
Il fut coupé dans son élan par l’ouverture brutale des portes.

- On parie ? lança la princesse avec un sourire inquiétant. Je prédis qu’on en a jusqu’au coucher du soleil… Si j’ai raison, tu devras porter une armure ogre pour aller en cours.
- Aucun problème, ricana l’Empathe. Le slip métallique m’irait à ravir. Pour ma part, je suis persuadé que tout sera plié dans l’heure. Et si je gagne, tu devras m’appeler Lord Bellecoiffe.
Sophie secoua la tête.
- Vous êtes incorrigibles, tous les deux.
- C’est bien pour ça que tu nous aimes ! s’écria Keefe en lui passant un bras autour des épaules. Tu devrais participer aussi, Foster. Je ne doute pas un instant que ta petite cervelle tortueuse saura nous concocter quelque gage particulièrement humiliant.

- LONGUE VIE AU LORD BELLECOIFFE ! s’écria Keefe, le poing brandi, dans une tentative pour détendre l’atmosphère. Allez, Ro, je veux t’entendre. Dis-le !
Ce qu’elle fit. En y ajoutant un chapelet de termes ogres pas particulièrement aimables.

- [...] Croyez-moi, si l’hydrombre vous respecte, ça n’a rien d’anodin. Je ne parlerai pas de don, car sa maîtrise pourrait s’avérer un fardeau pour vous, comme il en va souvent des grands pouvoirs. Mais c’est important… D’autre part, sachez que si je nourrissais la moindre inquiétude quant à vos capacités d’y faire face, jamais je ne vous proposerais de vous y former.
Tam s’écarta avec un soupir si profond qu’il en souleva sa frange.
- C’est tout le temps comme ça pour toi ? demanda-t-il à Sophie.
- Ce sentiment que ce que tu t’apprêtes à accepter va sans doute changer le monde, tu veux dire ? Cette exaltation doublée de terreur à l’idée de détruire tout ce à quoi tu tiens ? Oui… Pourquoi est-ce que je passe mon temps à m’arracher les cils, à ton avis ?
Le Ténébreux esquissa un sourire triste.
- Pour ce que ça vaut, ajouta son amie, j’ai pris conscience d’une chose : rien ne peut altérer ce que je suis tant que je ne me laisse pas faire. Or, je pense être assez forte pour résister. Et puis, je suis entourée d’amis et de proches formidables, toujours prêts à m’aider.