Un Meyer Habib. Député des Français de l’étranger, et de son propre aveu, proche de Benjamin Netanyahu. Il s’est fait connaître notamment en entonnant des chants religieux pour fêter son élection, ce qui en dit assez long sur sa conception de la laïcité ainsi que sur celle de « représentant de la Nation ». J’ai déjà eu l’occasion de l’interroger pour une chronique. Il m’y affirmait qu’il ne pouvait exister de colonisation israélienne puisque Jésus lui-même était juif et habitait dans la région il y a deux mille ans. Il va de soi que si une terre appartenait à celles et ceux qui l’occupaient il y a deux millénaires, quelques modifications socio-démographiques et géopolitiques sont à prévoir aux États-Unis, en Australie, en Amérique du Sud… etc.
Je n'ai rien contre le fait d'avoir des haters. Mais est-ce trop demander d'avoir des haters de qualité ?
Des dizaines d'articles, d'heures d'antenne, de débats, de palabres, d'invectives, pour une simple blague. Qu'est-ce que cela dit du sens des priorités des rédactions ? De la hiérarchisation de l'information ? Des responsabilités des médias et de l'état de ce qu'un abus de langage consiste encore à appeler le « débat public » ?
Parfois l'humour révèle la supercherie. Alors le pouvoir, aussi fort qu'il s'imagine, panique. Bien plus souvent qu'on ne le pense d'ailleurs. Nous avons une tendance naturelle à sous-estimer la désorganisation et l'improvisation qui règnent dans ce qu'on appelle les « hautes sphères ». Les ministères sont remplis de poulets sans tête qui courent partout en fonçant dans les murs. C'est sans doute ce que les complotistes semblent ignorer, eux qui imaginent un système machiavélique parfaitement rodé, huilé, verrouillé.
J’aime la réalité. Car elle ne fait pas que dépasser la fiction. Elle la sublime. Quelle probabilité existait-il pour que, un beau matin, je sois convoqué à la police judiciaire en ayant simplement effectué mon travail ? La probabilité que je sois contraint de rendre des comptes à la justice pour une vanne ?
Quel scénariste aurait pu imaginer un chose pareille ? À quel moment cela pouvait-il être crédible ? Cela ne l’était pas. La réalité n’est pas crédible.
Un procureur a donc déicide d'enquêter sur mon cas personnel. Il semble y avoir urgence vu la célérité de la réaction . Je dois représenter un danger pour la République, d'avantage que tous les hommes politiques corrompus. Je conseille aux femmes victimes de violences conjugales de dire que leur conjoint a fait une blague sur Netanyahu. il devrait être entendu pas la police très rapidement.
Je conseille aux femmes victimes de violences conjugales de dire que leur conjoint a fait une blague sur Netanyahu. Il devrait être entendu par la police plus rapidement.
Il faut à tout prix scotcher les gens devant leur écran. Qu'ils ne bougent pas. Qu'ils restent au garde-à-vous. Le but : qu'ils tiennent jusqu'aux pubs. Il sera alors temps de leur vendre de quoi les relaxer.
« Des gens se sont sentis blessés. » C'est l'élément qu'elle répète pour me demander encore durant de longues minutes de prendre la parole. Je lui réponds que c'est toujours le cas avec ce type d'humour. Qui plus est quand c'est en lien avec les religions. Il m'est arrivé d'avoir le même type de menaces, sans que l'on me demande de m'excuser, ni de m'expliquer. Cela a été le cas après les attentats islamistes de 2015, lorsque j'ai interprété Mahomet dans la matinale, ou encore après avoir taquiné les cathos intégristes devant leur fief de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Je lui explique donc cela, en lui rappelant l'importance de la satire politique dans une société qui se veut démocratique, la nécessité de l'outrance dans la pratique de cette discipline.
Ce livre n’a pas non plus vocation à convaincre celles et ceux qui ne veulent pas l’être. Il expose juste mon point de vue, on ne peut plus subjectif, puisqu’au centre de ce tourbillon médiatique.