Chaque personne jugera selon sa propre sensibilité, ses goûts, ses choix personnels. A la question "Peut-on rire de tout ?", je réponds "Démerdez-vous !".
Sur CNews, Pascal Praud s'égosille. Jusque-là, rien de nouveau, ni de surprenant. Il a depuis longtemps fait de son émission un endroit où l'on peut venir vomir à loisir sur tout ce qui peut s'apparenter de près ou de loin à un quelconque progrès social, ou à une légère avancée des droits humains.
Car d'autres questions s'ajoutent aux précédentes. Quel est le signal envoyé à la société sur la liberté d'expression et ses limites ? Quel est le signal envoyé aux jeunes humoristes ? Quel est le signal envoyé aux complotistes ? Comment s'opposer à l'extrême droite qui impose son récit avec la complicité passive ou active des classes supérieures ?
C'est le cas dans cette histoire comme dans beaucoup d'autres. Faits divers, déclarations sorties de leur contexte, polémiques montées de toutes pièces. C'est le récit d'un système dominant qui craint pour sa place, qui cherche à écarter d'autres discours plus redistributifs, plus solidaires.
C'est le récit d'un système dominant qui craint pour sa place, qui cherche à écarter d'autres discours plus redistributifs, plus solidaires.
La religion, pour exister, nécessite d'être prise au sérieux. Or l'humour désacralise. Enlevez tout pouvoir transcendant à un quelconque culture et il disparaît de lui-même, dans un immense éclat de rire. Qu'est-ce qu'une religion sans sacré mis à part une amicale d'adorateurs du néant ?
En vérité, seules deux solutions s’offrent aux personnes censées décider de mon sort : considérer ma blague comme véritablement antisémite et me licencier sur-le-champ de manière tout à fait compréhensible et légitime, ou, plus honnêtement, admettre qu’elle ne l’est pas et donc défendre ma liberté de parole. En dehors de ces deux chemins, tout est flou artistique, acrobatie, grand écart entre notions absconses, fuite en avant sur des sentiers non balisés de la malhonnêteté intellectuelle.
Il est bien évident que ma blague n’avait aucune autre vocation que de désigner uniquement le Premier ministre israélien, et non les Juifs du monde entier, comme certaines personnes essayent de le faire croire depuis des jours.
Des dizaines d’articles, d’heures d’antenne, de débats, de palabres, d’invectives, pour une simple blague. Qu’est-ce que cela dit du sens des priorités des rédactions ? De la hiérarchisation de l’information ? Des responsabilités des médias et de l’état de ce qu’un abus de langage consiste encore à appeler le « débat public » ?
Je sais que ma chronique est très attendue, mais je sais aussi que ce n'est qu'une chronique. En tant que clown, toute forme de pression sur moi m'a toujours paru un peu dérisoire.
Dis-moi qui tu vires, je te dirai qui tu es.