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Citations sur Le roman des Andalous (17)

Cette fois, Alphonse de Castille est convaincu qu’il peut annexer directement cette principauté à la dérive et ainsi marquer une étape décisive de la Conquista. Au printemps 477AH (mars 1085), il apparaît donc sous les murs de Tulaytulah (Tolède), que son armée assiège déjà depuis quelques mois après avoir pris Majrît (Madrid). La résistance n’est qu’anecdotique ; le cercle vicieux des parias a bien trop appauvri et divisé les musulmans et leurs élites pour qu’ils démontrent une quelconque combattivité. Contre la promesse de préserver la vie, les biens et les mosquées des musulmans et d’installer al-Qâdir comme amîr de Valence à l’aide de mercenaires chrétiens, le roi Alphonse peut faire son entrée en vainqueur dans l’ancienne capitale des Wisigoths le 27 muharram 478AH (25 mai 1085). Le pathétique al-Qâdir se couvre d’ignominie et ajoute la honte à la défaite en sortant de son palais avec un astrolabe pour déterminer la meilleure concordance des astres lors de son expulsion de la ville – sous les regards ahuris des musulmans et les rires moqueurs des Castillans victorieux.
Un siècle presque jour pour jour après la démonstration de force d’al-Mansûr à Barcelone, c’est une date noire pour la Ummah, pleurée jusqu’en Orient et marquée à jamais du sceau de l’infamie des taifas, tant l’impact symbolique de la chute de cette grande cité musulmane est immense et traverse les mers... (...) En phase terminale du cancer apparu lors de la révolution de Cordoue, al-Andalus semble sombrer chaque jour un peu plus vers l’abîme. Au regard des dynamiques en cours, il se pourrait même bien qu’elle ait entièrement disparu avant la fin du siècle. Tétanisés face aux fanfaronnades d’Alphonse et au sort réservé à Tolède, les roitelets tremblent. Personne ne paraît en mesure de porter un coup d’arrêt à la furieuse marche en avant de la Conquista. Personne sauf, peut-être, un souverain légendaire qui s’est rendu maître de tout le Maghreb en quelques décennies, et dont les hommes – les Murâbitûn – seraient, à en croire la rue andalouse, des guerriers d’un autre monde.
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Autour du sultan nasride Yûsuf, une période de prospérité inédite s’ouvre pour l’émirat – celle de l’apogée de sa vie intellectuelle et culturelle, celle aussi de la construction des plus beaux palais de l’Alhambra – et une véritable pléïade de grandes figures savantes fait de Grenade l’une des capitales intellectuelles et culturelles de ce temps. Lisân ad-Dîn ibn al-Khatîb est sans aucun doute la figure de proue de cette ère en forme de splendide testament d’al-Andalus. Polymathe distingué à l’érudition prodigieuse, il devise de tous les sujets avec le plus grand talent, de l’Histoire à la médecine en passant par la physique, la spiritualité, l’éthique, les bonnes manières, la poésie, la grammaire ou l’administration. Homme d’État aussi actif qu’il est un auteur prolifique, c’est également lui qui rédige l’une des œuvres historiques les plus précieuses d’al- Andalus – une grande chronique de l’histoire de Grenade et de son émirat – ainsi qu’une très pointue synthèse de l’évolution de la civilisation islamique dans son ensemble. Entré à la chancellerie de la cour en tant que kâtib après la mort de son père à la bataille de Târifah, cet Andalou jusqu’au bout des ongles y a vite gravi les échelons jusqu’à se faire nommer wazîr et gérer toutes les affaires financières de l’émirat. Et ce n’est pas le seul : son prédécesseur Ibn al-Jayyâb était lui aussi un ministre-poète ; les vers des deux hommes orneront d’ailleurs les cours des palais nasrides. (...) C’est l’époque où le grand voyageur maghrébin Ibn Battûtah visite la ville et y rencontre le jeune érudit Muhammad ibn Juzayy, un poète et juriste qui rédigera plus tard, à Fès, le récit de ses fameux voyages. Une dizaine d’années plus tard, une autre célébrité de ce temps visite l’émirat à son apogée : le penseur et historien Ibn Khaldûn, natif de Tunis mais issu d’une grande famille andalouse chassée de Séville un peu moins d’un siècle plus tôt.
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Au début de l’été 439AH (960), Nicéphore Phocas débarque en Crète à la tête de la plus puissante armée d’invasion jamais lancée contre l’émirat. Près de cent mille hommes sur des centaines de navires, d’innombrables engins de siège et le redoutable feu grégeois : Byzance n’a pas lésiné sur les moyens pour venir à bout de cet irrésistible émirat. Malgré une résistance héroïque, les Andalous sont submergés par le poids du nombre et rapidement assiégés en leur bastion d’al- Khandaq. (...) Aucun secours n’est à attendre du reste du monde musulman : les Omeyyades de Cordoue, trop lointains, et les Fatimides d’Afrique du Nord, semble-t-il impressionnés par la puissance de la force d’invasion byzantine, ont poliment reçu les appels à l’aide des ambassadeurs crétois sans promettre aucun soutien effectif. Le siège, de plus en plus strict, se poursuit toutefois tout au long de l’automne et de l’hiver, jusqu’à l’assaut final qui emporte les dernières velléités de résistance crétoises, le 15 muharram 350AH (6 mars 961).
C’en est fini de l’émirat andalou de Crète, et les Byzantins ne font pas dans le détail : toute la ville est livrée au pillage, ses mosquées et ses écritures saintes réduites en cendres, ses fortifications démolies. Là où Nicéphore Phocas passe, l’herbe ne repousse pas. Les musulmans qui n’ont pas été abruptement massacrés – les sources évoquent deux cent mille morts – sont réduits en esclavage ou contraints à la conversion au christianisme sous la férule de missionnaires très guerriers. Par l’épée, le feu et la mitre des évêques grecs, toute trace d’Islâm est brutalement et systématiquement extirpée de l’île.
Ainsi s’achevait, dans le sang et les larmes, cette formidable aventure qui avait manqué de renverser la grande Constantinople. Si l’émirat de Crète disparaissait sans laisser de traces, ou presque, il n’en demeure pas moins, pour l’Histoire, l’épopée étonnante et fascinante d’une poignée de rebellesmuladis chassés de leurs foyers qui auront fondé, au cœur de la Méditerranée, un État islamique qui aura fait trembler le puissant empire romain d’Orient et humilié ses armées pendant près d’un siècle et demi... Florissante économiquement et redoutée militairement, l’Iqrîtiyyah musulmane est ainsi l’une de ces surprenantes sagas historiques issues des rapports complexes entre Islâm et Europe : un univers où se sont côtoyés et ont combattu ensemble, sous la bannière du Prophète, savants arabes, marins ibériques ou égyptiens, renégats byzantins et autres affranchis grecs, à la croisée des chemins et au carrefour des civilisations ; le symbole d’un monde encore ouvert à tous les paris, où quelques milliers de réfugiés pouvaient fonder une puissance navale majeure et un centre régional prospère de la civilisation islamique.
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Le génie d’al-Andalus, c’est aussi celui d’une société de l’excellence, perfectionniste et raffinée ; une société fondée sur l’amour du savoir et le respect de ceux qui le portent – érudits religieux ou profanes, bien souvent les deux à la fois, comme l’époque le voulait –, capable de découvrir, d’expérimenter, d’inventer, de faire progresser les sciences, la médecine, les mathématiques ou l’astronomie. Une société, aussi, marquée par le goût du travail bien fait, visant à la perfection dans les arts, l’industrie, l’artisanat ; une société, enfin, irriguée par les belles-lettres et la poésie, l’adab et l’élégance des mœurs, dont la spiritualité et l’instruction, le bon goût et la galanterie, la courtoisie et le savoir-vivre peuvent servir de contre-modèle à la vulgarité, à la laideur et à l’abrutissement de la modernité. « Allâh est beau et Il aime la beauté » : y a-t-il meilleur exemple d’application de ce célèbre hadîth que la lumineuse civilisation andalouse, admirée de tous les poètes et artistes à travers les âges, dont l’on dit qu’elle inspira la naissance de l’esprit chevaleresque ? « Ces lois de la chevalerie : respecter les faibles, être généreux envers les vaincus, tenir religieusement sa parole », disait Gustave Le Bon, « que les nations chrétiennes adoptèrent plus tard (...) furent introduites par les Arabes d’Espagne en Europe. » « Les conquérants musulmans de l’Espagne y apportèrent la culture des sciences, l’amour de la patrie et l’esprit chevaleresque (...) ; c’est parmi les progrès du luxe et de la civilisation arabes d’Espagne que se forma (...) ce mélange romanesque de sentiments d’honneur et de délicatesse, de religion et d’amour », abondait encore le géographe Conrad Malte-Brun.
Le modèle andalou est séduisant, il faut l’admettre : une société de la lumière et de la grâce, amoureuse du Bien, du Beau et du Vrai – à la fois pieuse et religieusement conservatrice, ancrée dans la Tradition, fière de sa culture et de son identité, d’une part, et avant-gardiste dans ses expressions, extraordinairement dynamique, tournée vers le progrès matériel et scientifique, hautement lettrée et policée, respectueuse de ses minorités religieuses, d’autre part ; capable de s’ouvrir au monde sans se perdre, autant que de marier et de sublimer tous les éléments subtilement entrés dans sa composition. Al-Andalus est morte, elle ne reviendra pas ; mais son génie est aussi intemporel que les tragiques leçons qu’elle nous laisse.
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En réalité, al-Andalus est déjà perdue en 478AH (1085). Mais il reste encore des hommes passionnés prêts à se battre pour elle jusqu’à leur dernier souffle. Malgré tous ses vices et manquements, al-Mu’tamid de Séville est sans aucun doute l’un de ceux-là. Aux délégués des taifas qu’il a convoqués à Cordoue, dans la maison du grand qâdî de la ville, pour traiter de l’urgence de la situation, il lance cette légendaire réplique gravée dans l’Histoire : « Je n’ai aucune envie que l’Histoire et mes descendants se rappellent de moi comme de l’homme qui a livré al-Andalus aux infidèles, et je n’aime guère l’idée que mon nom soit maudit du haut de tous les minbars. En ce qui me concerne, je préfère encore être chamelier en Afrique que porcher en Castille ! Il y a deux choses, l’une dont je doute et l’une dont je suis certain. Celle dont je doute, c’est de m’allier à Alphonse ou à Yûsuf ibn Tashfîn, sachant qu’il est possible que les deux ne tiennent pas leurs engagements. Ce dont je suis certain, c’est qu’en demandant le secours de Yûsuf, j’accomplis un acte agréable à Allâh ; alors que dans le cas contraire, je suis certain d’encourir Sa colère. Puisque je doute de la loyauté des deux, pourquoi devrais-je délaisser ce qui est agréable à Allâh pour choisir ce qui Lui est une offense ? » Sans le savoir, le prince-poète de Séville vient d’offrir quatre siècles de répit à sa patrie. Quatre cent sept années, plus précisément, durant lesquelles les Andalous continueront à irriguer le monde de leur génie intellectuel, culturel, artistique – sans jamais cesser de devoir défendre leur existence même par les armes, jusqu’à en mourir.
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"Makkah des gens du savoir ! Gloire de la vraie Foi !
La terre d’Andalus s’est anoblie à travers toi ;
Et si, sous les cieux, se trouve une beauté qui puisse te défier,
On ne la trouvera nulle part ailleurs que dans le cœur du croyant.
Enceinte sacrée de Cordoue, c’est dans la passion que l’on t’a élevée
D’un amour qui toujours défie les lois du déclin et de l’avilissement.
De l’homme de Dieu, ta beauté et ta majesté sont les témoins,
Beau et majestueux il est, et c’est en cela que tu le rejoins."

Muhammad Iqbal, ‘Masjid-e-Qurtuba’ (1351AH – 1932)
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Contexte : Un peu plus de cent ans après la chute de Grenade au mains des royaumes chrétiens. Les Morisques sont les anciens habitants d'Al-Andalus.

Les Morisques sont tout bonnement coupables de tout : l'insécurité chronique, les épidémies de peste la récession, les échecs des armées, les catastrophes naturelles ; ce serait la "colère de Dieu" contre leur présence qui s'exprime de plus en plus violemment. C'est dans cette atmosphère quasi-apocalyptique que l'idée de leur expulsion finale, "la conclusion de la Reconquista", devient une évidence ; l'on ne discute plus désormais que des modalités de l'élimination de ces "espions et soldats de l'empire et de la secte des Ismaélites en Espagne, tous aussi enflammés par une haine belliqueuse de la chrétienté les uns que les autres" avant qu'ils ne puissent ouvrir le pays aux armées marocaines ou ottomanes, ou le submerger par leur démographie - selon les fantasmes en cours.
Aux yeux de certains, "il n'y a pas d'injustice à tous les passer au fil de l'épée" puisqu'il faut que "l'entière et maudite descendance des Hajarites s'éteigne enfin". D'autres préfèrent envoyer les hommes aux galères, les femmes au Maghreb, les enfants au séminaire. On multiplie les propositions génocidaires à l'égard d'une population totalement déshumanisée qui n'est presque plus désignée que par un vocabulaire animalier : déporter les Morisques dans une réserve isolée le long du Douro ou à Terre-Neuve, au Canada moderne, ou il mourraient du manque de provisions et du climat, les rassembler dans des navires sans voile que l'on saborderait en mer pour les noyer, les condamner tous aux galères au aux mines de "Nouvelle Espagne" ou ils remplaceraient les Amérindiens déjà bien décimés, les infecter de la Peste avant de les envoyer en terre d'Islâm pour "exterminer les Sarrasins", castrer les hommes et stériliser les femmes, ou encore les débarquer dans les jungles de l'Afrique non-musulmane.
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En ce 10 dhû al-hijja 138AH (15 mai 756), la plaine de Musârah, à quelques encablures de Cordoue, vient d’être le théâtre d’un affrontement qui a changé le cours de l’Histoire. La route de la capitale est désormais grande ouverte. Magnanime, ‘Abd ar-Rahmân fait déjà la preuve de sa grandeur d’âme en campant trois jours hors de la ville pour permettre à la famille de l’ex- gouverneur Yûsuf de quitter le palais dans la dignité, tout en déployant rapidement des unités pour prévenir tout pillage ; il montre aussi sa clémence en accordant un pardon immédiat et inconditionnel à tous ceux qui ont pris les armes contre lui. Même le fourbe Abû as-Sabbâh, qui a tenté – sans succès – de profiter de l’euphorie du jour pour éliminer l’Omeyyade et s’emparer lui- même du pouvoir, n’est pas inquiété. ‘Abd ar-Rahmân n’est pas juste un autre occupant seulement préoccupé par la rapine et la vengeance tribale : il est le fondateur d’un nouveau royaume, et son geste est le point fondateur de la politique d’attraction, de conciliation et de persuasion qu’il va mener auprès de toutes les forces politiques et militaires de la péninsule pour unir le pays – une politique qui n’excluera toutefois pas l’usage implacable de la force face à tout signe de rupture, de trahison ou de conspiration... Pour le moment, l’heure est en tout cas aux réjouissances : le nouvel amîr prend une épouse muladie du nom de Hulal – la mère de son futur héritier, Hishâm – et promet, lors de la première khutba du vendredi qui suit sa victoire, une gouvernance juste et généreuse. De toutes les provinces, commandants et gouverneurs arabes, chefs berbères et autres notables chrétiens se hâtent pour lui prêter allégeance. Pendant plusieurs jours, le palais de ‘Abd ar-Rahmân ne désemplit pas. Au sommet de son art, le jeune amîr charme chacun d’entre eux par son affabilité et son éloquence, se les attache par des mots plaisants, de somptueux présents et des attentions particulières, rassure leurs craintes en les confirmant à leurs postes respectifs – au point que tous repartent ”en louant leur souverain et en invoquant Allâh pour lui” !
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La répression, aussi, s’accroît : sur le demi-siècle qui précède l’expulsion, l’Inquisition mène pas moins de neuf mille procès de Morisques – soit un tous les deux jours. Des centaines de crypto-musulmans sont soumis au bûcher ou meurent au cachot des suites de tortures diaboliquement ingénieuses ; des milliers sont fouettés, ruinés par les amendes et la confiscation de leurs biens, condamnés aux galères. Personne n’est à l’abri, et des communautés entières sont détruites par des investigations poussées qui peuvent durer des années et ciblent spécifiquement les familles les plus puissantes et les mieux établies. Les «Vieux-Chrétiens» sont particulièrement friands des exécutions de Morisques, un spectacle très apprécié du peuple, et participent activement à la répression et à la chasse aux musulmans en dénonçant leurs voisins pour les détails les plus insignifiants : manger au sol, cuisiner à l’huile d’olive plutôt qu’au lard, faire usage de la médecine traditionnelle arabo-musulmane, se laver le visage et les avant-bras après avoir travaillé. Certains prennent même directement les choses en main : la foule lynche parfois les condamnés qui continuent à professer leur foi musulmane avant même qu’ils n’arrivent au bûcher, les expressions d’hostilité populaire se multiplient – insultes ou agressions physiques dans les rues – et une bande de brigands aux allures de milice réduit en cendres nombre de villages morisques en massacrant leurs habitants tout au long d’un gigantesque pogrom qui frappe la région de Valence en 996AH (1588). Les musulmans sont sans défense face à ces exactions : tout Morisque surpris à porter ou posséder des armes est pendu sur-le-champ. On leur interdit encore de changer de lieu de résidence, d’accéder à certaines professions. C’est surtout le triomphe des médiocres, des mythomanes, des pervers, de tout ce que l’Espagne compte de vermines et de scélérats. Inventer et propager une fake news à l’égard des Morisques est le plus sûr moyen de lancer une carrière, de s’introduire à la cour, de s’acquérir quelque prestige ; rivaliser de dureté et de mauvaise foi à leur égard accélère l’ascension à travers les rangs du clergé ou de l’État. Pour les plus vils, l’alibi de la « chasse à l’hérétique » permet de s’emparer d’un bien, d’une femme à bon compte. Des prêtres libidineux et alcooliques se chargent de vérifier « la bonne croyance » de leurs nouvelles brebis jusque dans l’intimité des foyers, des soldats et des officiels avides de rapine se servent sur le pays. Les petits colons se contentent, comme menus plaisirs, d’offrir du vin et du porc à leurs voisins pour les dénoncer en cas de refus – et ainsi s’accaparer leurs biens.
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Dépassée par le nombre des ennemis qu’elle a elle-même créés par son intolérance et son fanatisme, l’Espagne ne sera bientôt plus qu’un État au bord de la faillite, ruiné par la Guerre de Trente Ans, contraint de clore peu à peu son « siècle d’or » par l’accumulation de défaites militaires sur tous les fronts. Détruit par sa folie des grandeurs, le pays s’enfoncera dans le chaos aussi vite qu’il était parvenu au sommet de la hiérarchie européenne et même mondiale. La faillite financière, la criminalité omniprésente, les rébellions internes, la récession économique, la dépopulation des campagnes, la gabegie croissante de la monarchie viendront rappeler aux Espagnols la « Sunnah de Pharaon », qui veut qu’il ne soit jamais permis à une puissance trop ouvertement injuste et tyrannique de perdurer très longtemps. L’Espagne s’était consumée dans sa propre haine, trop obnubilée par sa quête délirante de pureté pour constater que le monde avait changé, partie trop loin dans sa fuite en avant auto- destructrice – jusqu’à provoquer sa propre ruine. Et l’ombre de ces temps obscurs, de la destruction de l’héritage islamique, de l’éthnocide des Andalous et de l’expulsion finale des Morisques entraverait, longtemps encore, le développement de la péninsule et de sa société : « Le fanatisme qui a expulsé le Juif et le Morisque est resté tel un voile au-dessus du pays qui a engourdi les énergies et empêché le renouveau. Il a fait de l’Espagne un paradis pour les prêtres, les moines et les inquisiteurs, où chaque impulsion intellectuelle était réprimée, chaque canal d’interaction avec le monde extérieur surveillé, chaque effort de progrès matériel paralysé.
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