AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Nuit remue (125)

« l’homme a un besoin méconnu. Il a besoin de faiblesse. C’est pourquoi la continence, la maladie de l’excès de force, lui est spécialement intolérable. D’une façon ou d’une autre, il faut être vaincu.»
Commenter  J’apprécie          300
Mes occupations

Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre. D'autres préfèrent le monologue intérieur. Moi, non. J'aime mieux battre.
Il y a des gens qui s'assoient en face de moi au restaurant et ne disent rien, ils restent un certain temps, car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l'agrippe, toc.
Je te le ragrippe,, toc.
Je le pends au porte-manteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le redécroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe.
Je le salis, je l'inonde.
Il revit.
Je le rince, je l'étire (je commence à m'énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l'introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon : "mettez-moi donc un verre plus propre".
Mais je me sens mal, je règle promptement l'addition et je m'en vais.
Commenter  J’apprécie          300
"En respirant"

Parfois je respire plus fort et tout à coup, ma distraction continuelle aidant, le monde se soulève avec ma poitrine.
Peut-être pas l'Afrique, mais de grandes choses.

Le son d'un violoncelle, le bruit d'un orchestre tout entier, le jazz bruyant à côté de moi, sombrent dans un silence de plus en plus profond, profond, étouffé.

Leur légère égratignure collabore (à la façon dont un millionième de millimètre collabore à faire un mètre) à ces ondes de toutes parts qui s'enfantent, qui s'épaulent, qui font le contrefort et l'âme de tout.
Commenter  J’apprécie          270
EMPORTEZ-MOI

Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle,
Dans l'étrave, où si l'on veut, dans l'écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin.

Dans l'attelage d'un autre âge.
Dans le velours trompeur de la neige.
Dans l'haleine de quelques chiens réunis.
Dans le troupe exténuée des feuilles mortes.

Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,
Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,
Sur les tapis des paumes et leur sourire,
Dans les corridors des os longs, et des articulations.

Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.
Commenter  J’apprécie          260
Ma vie

Tu t'en vas sans moi, ma vie.
Tu roules,
Et moi j'attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t'ai jamais suivie.

Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes.
À cause de ce manque, j'aspire à tant.
À tant de choses, à presque l'infini...
À cause de ce peu qui manque, que jamais tu n'apportes.

1932

P.88
Commenter  J’apprécie          190
Mon royaume perdu
J'avais autrefois un royaume tellement grand qu'il faisait le tour presque complet de la Terre.
Il me gênait. Je voulus le réduire.
J'y parvins.
Maintenant ce n'est plus qu'un lopin de terre,
un tout petit lopin sur une tête d'aiguille.
Quand je l'aperçois, je me gratte avec.
Et c'était autrefois un agglomérat de formidables pays, un Royaume superbe.
Commenter  J’apprécie          160
MA VIE

Tu t'en vas sans moi, ma vie.
Tu roules,
Et moi j'attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t'ai jamais suivie.

Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes.
A cause de ce manque, j'aspire à tant.
A tant de choses, à presque l'infini...
A cause de ce peu qui manque, que jamais tu n'apportes.
Commenter  J’apprécie          150
Foi, semelle inusable, pour celui qui n'avance pas !
Commenter  J’apprécie          150
Le livre des réclamations
[...]
"Non !" dit la balle au chasseur.
J'en ai assez de vivre en carabine.
Alors, le chasseur la libère.
Et joyeuse, elle s'en va tuer quelqu'un au loin.
Les désastres s'appellent les uns les autres.
Et se racolent.
"Il y a du mal à faire ici."
Alors ils s'en viennent.
Chacun avec sa tête, même la guerre, même la mort
Et même la surdité qui n'entend rien,
Entend l'appel et vient occuper son siège.
Avez-vous vu un tigre sourd ?
Spectacle fameux,
L'air planant, embarrassé quoique calme,
il avance à travers la jungle.
D'où les gazelles s'éloignent en pouffant.
Tant qu'on demande aux griffes et aux crocs,
On ne peut leur demander d'entendre.
[...]

p.86
Commenter  J’apprécie          140
EN RESPIRANT

Parfois je respire plus fort et tout à coup, ma distraction continuelle aidant, le monde se soulève avec ma poitrine. Peut-être pas l'Afrique, mais de grandes choses.
Le son d'un violoncelle, le bruit d'un orchestre tout entier, le jazz bruyant à côté de moi, sombrent dans un silence de plus en plus profond, profond, étouffé.
Leur légère égratignure collabore ( à la façon dont un millionième de millimètre collabore à faire un mètre) à ces ondes de toutes parts qui s'enfantent, qui s'épaulent, qui font le contrefort et l'âme de tout.
Commenter  J’apprécie          140






    Lecteurs (939) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1228 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}