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Critique de LeMaedre


Jean-Claude Miché tente de répondre, dans cet essai, à des questions majeures sur la société dans laquelle nous vivons : qu'est-ce que le libéralisme et quels en sont les limites ?

Pour lui, le libéralisme est partagé par tous les grands courants politiques français : le libéralisme économique par la droite et le libéralisme politique et culturel (défini comme l'avancée illimitée des droits et la libération permanente des moeurs) par la gauche.

Dans cette société libérale, chacun est donc libre d'adopter le style de vie qu'il juge le plus approprié à sa conception du devoir (s'il en a une) ou du bonheur , sous la seule et unique réserve naturellement, que ses choix soient compatibles avec la liberté correspondante des autres (ma liberté s'arrête là où commence celle des autres).

La notion de morale a été bannie de cette société, car la prétention de certains individus à détenir la vérité sur le "Bien" est, pour le libéralisme politique, la cause fondamentale des affrontements violents (responsable des guerres idéologiques et religieuses).

La civilisation libérale est donc " L'empire du moindre mal " : "la démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres", une société libre mais sans morale (intégrité, bienveillance, générosité).

Car le libéralisme, donne donc la primauté à l'individu (la liberté individuelle) sur le groupe (l'égalité et la fraternité) ! Et donc, la primauté à l'égoïsme...
Et, sans les limites de la morale, auparavant portée par la tradition et la religion.

En aparté, on en constate notamment les effets dans le discours et les actions des politiques (malhonnêteté intellectuelle, violences verbales, irrespect des institutions en place, primauté du parti par rapport au bien commun,… ). Alors qu'ils devraient être exemplaires !

Or, pour l'auteur, le postulat de départ du libéralisme est faux, car l'être humain n'est pas purement égoïste par nature. Les gestes de solidarité éclatent spontanément, et une société ne tient debout que parce que le goût du travail bien fait, le sens de l'honneur et celui du sacrifice sont largement répandus dans la population (dont une large part réclame d'ailleurs plus de protection mutuelle que d'individualisme).

Que faire alors pour éradiquer le déficit de morale (de décence) des sociétés libérales ? Jean-Claude Miché ne nous propose malheureusement que peu de pistes : une vague notion de Common Decency (?) et le retour vers des relations "gagnant-gagnant" au lieu des relations "donnant-donnant"...

Ce qui est bien dommage, car la morale est indispensable à une démocratie pour donner naissance à une société libre, pacifique et prospère !

Ce chapitre m'a fait penser à l'importance de l'éducation (" le miracle Spinoza : Une philosophie pour éclairer notre vie" de Frédéric Lenoir), à la sécurité, l'équité et la confiance ("L'entraide : l'autre loi de la jungle" de Pablo Servigne) et à l'éthique mise en oeuvre dans les pays scandinaves et du nord de l'Europe ("La société de défiance. Comment le modèle social français s'autodétruit" de Yann Algan et Pierre Cahuc).

A signaler : l'accumulation dans le texte, en bas de page et en fin de chapitre, de références sur les thèses évoquées nuit grandement à sa lisibilité.
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