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Citations sur Poésies et Contes - LNGLD (8)

Hirondelle

Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,

Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.

Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.

Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.
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Souvenirs de Calédonie – Chant des Captifs (1887)
[Écrit durant les 11 ans de bagne passés en Nouvelle-Calédonie]

Ici l’hiver n’a pas de prise,
Ici les bois sont toujours verts ;
De l’Océan, la fraîche brise
Souffle sur les mornes déserts,
Et si profond est le silence
Que l’insecte qui se balance
Trouble seul le calme des airs.

Le soir, sur ces lointaines plages,
S’élève parfois un doux chant :
Ce sont de pauvres coquillages
Qui le murmurent en s’ouvrant.
Dans la forêt, les lauriers-roses,
Les fleurs nouvellement écloses
Frissonnent d’amour sous le vent.

Voyez, des vagues aux étoiles,
Poindre ces errantes blancheurs !
Des flottes sont à pleines voiles
Dans les immenses profondeurs.
Dans la nuit qu’éclairent les mondes,
Voyez sortir du sein des ondes
Ces phosphorescentes lueurs !

Viens en sauveur, léger navire,
Hisser le captif à ton bord !
Ici, dans les fers il expire :
Le bagne est pire que la mort.
En nos cœurs survit l’espérance,
Et si nous revoyons la France,
Ce sera pour combattre encor !

Voici la lutte universelle :
Dans l’air plane la Liberté !
À la bataille nous appelle
La clameur du déshérité !…
… L’aurore a chassé l’ombre épaisse,
Et le Monde nouveau se dresse
À l’horizon ensanglanté !
(p7/8)
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« Pareil à la sève d’avril, le sang monte au renouveau séculaire dans le vieil arbre humain (le vieil arbre de misère). Sous l’humus des erreurs qui tombent pour s’entasser pareilles à des feuilles mortes, voici les perce-neige et les jonquilles d’or, et le vieil arbre frissonne aux souffles printaniers. Les fleurs rouges du joli bois sortent saignantes des branches ; les bourgeons gonflés éclatent : voici les feuilles et les fleurs nouvelles. C’est une étape de la nature. Cela deviendra les fourrés profonds où s’appelleront les nids, où mûriront les fruits ; et tout retournera au creuset de la vie universelle. » (P5)
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LES MISÈRES
I
Riches, quand vous voyez passer, courbés par l’âge,
De ces pâles vieillards sinistres et pensifs,
Si sombres qu’on croirait voir debout sur la plage
Ces spectres de granit qu’on nomme des récifs ;

Quand vous voyez ces fronts que couvre la poussière,
Que baigne la sueur, ah ! ne sentez-vous pas
La tristesse à vos cœurs s’attacher comme un lierre ?
Laissez tomber vos pleurs. Hélas ! Trois fois hélas !

Ah ! oui, pleurons, nous tous, qui prenons de la vie
Tout ce qu’elle a de grand, tout ce qu’elle a de beau :
Intelligence, amour, et qui laissons la lie
Dans la coupe, quand vient le sommeil du tombeau ;

Nous qui, le front levé, regardons les étoiles,
Ces navires divins, mondes, soleils, esprits,
Dans le grand infini monter à pleines voiles ;
Nous qui croyons, aux cieux, voir nos destins écrits.
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À MADAME MARIANNE MICHEL

Mère, pourquoi frémir quand je te dis mon rêve ?
Le pêcheur endormi voit en songe la grève ;
Moi, je vois je ne sais quel mirage lointain
Qui se mêle à l’aurore, à la nuit, au matin.

Je suis toute en orage, et rien ne m’inquiète.
Oh ! non, ne frémis pas : le laurier du poète
Est souvent un cyprès ; mais les cyprès sont beaux,
La vision rayonne à travers leurs rameaux.

Et puis rien n’y ferait, vois-tu, j’ai dans la tête,
Dans l’âme, dans le cœur, une immense tempête.
Te souviens-tu qu’enfant, j’entendis une voix,
M’appeler dans la nuit une première fois ?

Rêve de troubadour, qui voit passer dans l’ombre
Le mirage trompeur des visions sans nombre,
Peut-être ! Et, cependant, une seconde fois,
Ma croyance est ainsi, j’entendrai cette voix !

Raffermis donc ton cœur, ô mère, je t’en prie !
Qu’importe la fortune et qu’importe la vie
À celui dont l’amour est par delà les cieux,
Dans l’immense infini plein d’astres radieux.

Eh bien, oui, c’est folie à la pauvre âme humaine,
Luciole jetant sa lueur incertaine,
D’aimer les univers répandus dans l’espace,
Tandis que, sur la terre, à peine elle a sa place.

Mais elle est faite ainsi d’amour toujours avide,
Voulant l’éternité, dans sa course rapide.
Pourquoi pleurer quand, seul, à ce vaste infini,
Pourrait le disputer, mère, ton nom béni ?

Château de Vroncourt, 1867.
(p54/55)
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LES DIX SOUS DE MARTHE
Combien de choses on souhaite ! combien de choses on rapporte à propos du jour de l’an.
Voilà une de celles qu’on raconte ; quant à celles qu’on peut souhaiter, en voilà une aussi : vivez et mourez en paix avec votre conscience.
La petite Marthe avait reçu un grand nombre de jouets et une quantité prodigieuse de bonbons. Comme elle n’avait que six ans, on n’était pas encore à midi qu’elle était déjà lasse des jouets et rassasiée de bonbons.
Marthe demanda alors à sa grand’tante, qui la gâtait beau-coup, de vouloir bien venir un peu se promener avec elle. (p100)
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CHANSON DES FLOTS
I.
L’Océan mugit et palpite
Dans le vaste abîme des eaux,
Et plus largement et plus vite
Les fleuves courent vers les flots ;
Du fond de la mer haletante
Sortent de longs mugissements,
Avec ces râles d’épouvante,
Ô mer, pleures-tu tes enfants ?

Racontes-tu, mère géante,
Comment tes fils des premiers jours
Ont soulevé leur chair vivante
Dans les éléments en amours ?
Comment, dans les chaleurs énormes,
Parurent les étranges formes
Des monstres effrayants et lourds ?

(p66)
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À VICTOR HUGO

Quand le poète prend tous les cris de son âme,
Tout le sang de son coeur, tout ce qu’il a de flamme,
Tout ce qu’il a de beau,
Il l’enferme en un chant ou de harpe ou de cuivre,
Dans la strophe grondante, et le met dans un livre
Ainsi qu’en un tombeau.

Et le livre s’emplit de visions nombreuses
Qui s’éveillent dans l’ombre et montent radieuses
Au ciel mystérieux !
Chaque fois qu’une main vient soulever la page
On les voit s’envoler, menant de plage en plage
Leur vol audacieux.

Le noir chevet des morts, le gibet de l’esclave,
Ô mon livre ! ont sur toi leur ombre triste et grave :
Je te donne au banni.
Va-t’en, livre fidèle, et parle-lui de France,
Et remplis en passant de rayons d’espérance
Le profond infini.

Paris, 1860

(p19)
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