AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 17 notes
5
1 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens à peine de terminer Quand le monstre naîtra. Je m'y suis plongée ce matin même, j'en ressors conquise.

Premier thème prégnant, celui de la famille. Une grand-mère, Lucile, raconte à sa petite-fille Leïla sa vie pendant la Seconde Guerre Mondiale, et ce alors que sa propre grand-mère a toujours été un témoin silencieux des horreurs de la Première. Une question de transmission – avec les moyens dont on dispose, les traumatismes que l'on traîne…

La famille est bien évidemment au centre du livre. Comment vivre dans cette époque troublée qui a séparé bien des familles ? Comment vivre avec un secret de famille pendant l'occupation ? Nous nous retrouvons, à la lecture, membre de cette famille : nous sommes Leïla, nous avons six ans et notre grand-mère nous parle. Mais nous sommes également Lucile, personnage haut en couleurs...

C'est justement tout l'intérêt de ce livre : croiser plusieurs voix. Celle de la petite Lucile, qui ne comprend rien à ce qui se passe, qui tente d'y donner du sens, et pour laquelle nous ressentons beaucoup de compassion. Et en même temps, c'est la colère qui nous émeut, celle du lecteur qui en sait plus, puisque nous sommes aussi Lucile de 82 ans, celle qui a démêlé le vrai du faux. Alors nous pensons : « chut ! tais-toi ! tu vas tout faire foirer ! » Pour nous en vouloir aussitôt : qu'y peut-elle, cette petite Lucile perdue ?

Celle-ci déteste, non pas sa jeune soeur, mais le trouble dans lequel elle est plongée – que de choses qu'elle ne comprend pas, qu'elle voit, mais qui lui échappent ! le monstre, c'est ça, finalement, cet informe embrouillamini qu'elle montre du doigt mais dont on lui dénie l'accès. Nous sommes tentés de lui répondre, mais est-ce raisonnable ? Dilemme.

A côté de ce sentiment omniprésent, apparemment tranché, catégorique qu'est la haine – l'ensemble est, heureusement, loin du manichéisme. On ressent bien de la haine, et encore, pas très franche, pour Rancière (semblable à une hyène qui rôde, dangereusement cupide), dont on connaît les idées par le biais de Grenadine – enfin, Amandine, sa fille ; on finit par avoir pitié de lui car même au plus bas, il reste un père aimé. On apprécie le jeune allemand Konrad, étranger si semblable, dont l'annonce de la mort nous blesse.

Autre thème important, celui du silence contre la parole. Lucile, à qui on ne dit rien, s'interroge ; Grenadine, à qui l'on dit tout, accepte sans se poser de questions ce qu'on lui dit (ben oui, Papa l'a dit) : Grenadine, pour rejoindre cette complexité des personnages, qu'on découvre peu à peu pour ce qu'elle est, Grenadine qui joue un rôle auprès de Lucile et se force aussi à détester « le monstre », elle-même jalouse de ne pas savoir de soeur … En somme, partout, il faut apprendre à lire à travers les lignes. Dans tous les cas, Grenadine et Lucile partagent un point commun : enfants toutes deux, toutes deux racontent tout sans penser aux conséquences dont elles n'ont pas conscience. Leur insouciante amitié n'est pas sans risque, ce qui provoque certains rebondissements de l'histoire.

Enfin, le roman n'est pas dénué de poésie, de moments de contemplation – j'espère que ce n'est pas le propre de l'enfance que de se perdre dans ce qui l'entoure…

Un chouette roman jeunesse qui réussit haut-la-main à entraîner son lecteur dans les souvenirs de la narratrice. Il a un côté addictif. Je m'imagine très bien le lire à voix haute aux ado !
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (37) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3205 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}