Citations sur La Montagne (84)
Aux Alpes, tout est concordant. Les nobles amphithéâtres qui envoient aux quatre mers le Pô, le Rhône, le Rhin et l'Inn (ce vrai Danube) ne sont pas tellement séparés qu'on ne puisse pour ainsi dire les embrasser d'un regard. La plupart à la naissance se touchent presque et sont frères, partant d'un même massif qui est le coeur du système, le coeur du monde européen.
Nous voyions avec respect ces vénérables résineux qui sont les aînés du monde, qui ont enduré tant de choses dans les âges les plus difficiles, et aujourd'hui encore soutiennent, défendent tant de lieux exposés. Ils semblent les frères naturels des populations souffrantes, méritantes, laborieuses. Nous fîmes avec eux amitié.
Cessons de profaner les Alpes. N'emportons pas dans la montagne les esprits grossiers de la plaine.
Derrière le poêle se cache discrètement un étroit petit escalier qui monte au paradis. J'entends par là un entresol où, quand l'hiver sévit, le mari et la femme se réfugient, se serrent, ont la vie des marmottes, juste au-dessus du poêle.
Elle était comme le pic, si difficile, du mont Viso, qui, débordant de tous côtés, décourage l'ascension et la rend presque impossible.
Ces filles de la lumière ne descendent point en plaine, ou, si elles y descendent, elles meurent. Monter à elles, et les voir dans leurs mystérieuses retraites, ce fut chez moi, de bonne heure, un vif et secret désir.
Bien avant d'avoir vu les Alpes, leurs fleurs des hauts sommets, leur Flore délicate et sublime, m'avaient flotté devant l'esprit.
Toute idée se juge à ses fruits.
Aux haies, la pervenche rouge l'entoure modestement et lui fait sa guirlande.
Les graminées à fleurs légères, les mélilots dorés, les trèfles rouges, les minimes géraniums violets, l'orobe aux grappes de sang, jouent l'arbuste, simulent en miniature la forêt vierge et, luttant sous vos pas, dégagent une aimable senteur.