Les Arabes étaient enchantés de recevoir l'or, qu'ils consacreraient à la parure de leurs femmes; les Noirs étaient tout aussi ravis d'obtenir ces perles pour parer les leurs. Sur le plan de l'utilisation, l'échange était équitable.
Mais tout le monde, au Karroo, partageait le même miracle, avec la même allégresse. Quand les pluies de printemps tombaient sur cette terre aride -en général au début de novembre- les plaines ondoyantes explosaient de fleurs par millions, en un tapis continu d'une infinité de nuances. On avait l'impression que la nature avait caché là toutes les couleurs qu'elle avait de reste, en attendant le moment opportun de les jeter à la face du monde. Au cours de l'un des ses sermons, Hilary s'écria : "Les étoiles au ciel et les fleurs du Karroo sont là pour nous rappeler que Dieu demeure auprès de nous".
Lentement, prudemment, les deux hommes se rapprochèrent. Au fond de son coeur, chacun était las de tuer. Tjaart ne voulait plus de deuil et de fleuve de sang ; Nxumalo avait fui les excès du roi Shaka et la violence mauvaise de Mzilikazi. Ils avaient pris de l'âge. Tjaart avait cinquante-quatre ans, Nxumalo un an de plus, et ils désiraient avant tout le repos, près d'un lac.....Le destin, au terme de guerres et de tribulations, les avait conduits au même endroit, et se battre pour cet endroit aurait été une folie.
Le bien le plus sacré d'un homme est sa langue maternelle.
pas d'exclaves, mais si un enfant noir demeure orphelin au cours d'une bataille, c'est un acte de charité de le prendre dans une maison de Blanc, où il aidera à toutes les tâches jusqu'à l'âge de vingt et un ans, sans salaire mais avec une éducation chrétienne et de la nourriture cafre en abondance. Après quoi, bien entendu, ce jeune Noir n'aura vraiment aucun endroit où aller, aussi sera-t-il logique pour lui de rester, quelle que soit la rétribution que le maître juge bon de lui offrir.
Un homme nu ne vaut pas beaucoup plus qu'une femme ne, mais il est plus facile à cacher.