-Sa femme est morte, si je puis me permettre.
-Eh bien, ça ne l’a jamais empêché de penser qu’il lui parle. D’après lui, la mort n’est pas une excuse pour mettre fin à une conversation.
-Etes-vous vraiment à la tête d'un gang?
-Pensez-vous qu'une femme ne pourrait pas l'être?
-Je pense que les femmes peuvent tout faire, souvent bien mieux que les hommes.
-Tiens donc?
-On vous sous-estime tout le temps. Cela vous donne un avantage stratégique.
Cet homme avait l’air de se trouver partout chez lui, et cela insupporta le maître des lieux. Il ne pouvait jamais y avoir deux rois sur le même trône.
Le notaire ne résista pas à l’envie de l’espionner. L’indiscrétion valait toujours mieux que l’ignorance.
Le syndrome post-guerre, soupira son interlocutrice. Les nations sortent à peine d’un conflit mondial qu’elles ne pensent qu’à se doter d’armes de plus en plus puissantes en imaginant que cela empêchera le suivant de se produire.
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- Je vais faire un effort. C’est juste que…
- Que ?
- Je ne sais pas. Jai du mal à croire que je pourrai aller au bout de ces études. C’est une idée tellement hors de ma portée. Jamais je n’y avais songé. Vous comprenez ?
- Non.
- Ce que je veux dire, c’est que, là d’où je viens, il n’était même pas concevable qu’on puisse faire de longues études, et encore moins des études aussi prestigieuses que médecine. Du coup, j’ai parfois l’impression de ne pas être à ma place.
- Vous venez de l’utérus de votre mère, mon petit, comme absolument tous les êtres de cette Terre. Votre raisonnement est donc irrationnel.
- D’accord, je vois qu’il est déjà tard, je ne vais pas abuser davantage de votre hospitalité et vous laisser faire… des choses, enfin, vaquer à vos occupations.
- Vous donnez l’impression de fuir.
- Sûrement parce que c’est un petit peu le cas.
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Evariste laissa planer un silence, ses yeux braqués sur son interlocuteur.
- Je ne sais pas comment je vais parvenir à réparer tout ça, avoua le politicien dans un souffle tendu. J’ai vraiment tout fait pour protéger ma famille. Même si j’ai cédé à la tentation classique des hommes influents : les filles, l’alcool, toutes ces excuses pour supporter la pression des autres et naviguer en eaux troubles. Ca ne fait pas forcément de nous des créatures totalement dénuées d’émotions. Je ne sais pas comment je vais pouvoir réparer tout ça… Non, vraiment pas.
- Vous ne pourrez pas. Vous pourrez seulement survivre, cicatriser, et sans doute boiter un peu.
- Êtes-vous en train de nous dire que vous êtes l’un de ses enquêteurs? interrogea Fidélia.
- Exactement, ainsi que mon associé que voici et qui fait ses débuts. Un peu chaotiques, mais très prometteurs.
- Je suis à côté, indiqua Isabeau sur un ton légèrement blasé.
- Heureusement, il est très beau, c’est un indéniable avantage stratégique.
- Je suis toujours à côté.
-N’y aurait-il pas eu un moyen plus simple et moins risqué de le faire ?
-On a déjà du mal à trouver qui a commis les meurtres, si en plus il faut jouer les auditeurs d’entreprise criminelle, on n’est pas sortis.
Siloe pensa qu’un russe qui faisait de l’humour, c’était comme un glaçon dans le vin rouge : contre nature.