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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
La première chose à vous demander avant de commencer ce bouquin c'est : « est-ce que j'aime les livres pervers ? » Parce que ça, c'est pervers. Sûrement pas le pire – loin de là – mais c'est déjà quelque chose.

Henry Miller s'est mis en tête de raconter sa vie en trois volumes de plus de 600 pages. Vu la taille de l'entreprise, c'est qu'il devait en avoir, des choses à dire ! Eh bien non. Résumé de ce premier tome : Miller n'aime pas son travail, n'aime pas sa femme ni sa fille, veut baiser Mona (une femme qu'il a rencontrée dans un dancing), et devenir écrivain. Sauf qu'il ne lit pas et qu'il n'a jamais écrit de sa vie. Voilà. Ça, c'est le fil rouge de l'intrigue – autant vous dire que j'ai été extrêmement déçue.
Mais c'est loin d'être le plus triste. Dans sa biographie, il se rend héroïque en mettant en avant à quel point c'est difficile de changer de vie (ce qui est vrai, je ne le nie pas), à quel point il est courageux de faire cela, et combien les autres sont stupides et faibles de continuer à travailler. (Mais si plus personne ne travaillait, il serait obligé d'enfiler ses peaux de bêtes et d'apprêter son arc et ses flèches pour aller chasser le lapin en hiver. Je ne suis pas sûre que ça lui plaise…)
À côté de cela, il se comporte assez égoïstement. Tout lui est dû : il s'invite chez la cousine de sa femme et squatte jusqu'à ce qu'elle lui offre à manger (bon gré mal gré), baise Maude, sa femme, alors qu'ils sont en instance de divorce, baise de toute manière une bonne partie des femmes qu'il croise alors que lui et Mona sont amoureux (dixit lui-même), déchire les pages des livres de la bibliothèque qui l'intéresse (sacrilège !!), etc.
Il ne parle que de ce qui le met en valeur, évoquant sa fille une ou deux fois à peine (n'a-t-elle donc aucune importance pour lui ?), soulignant le fait qu'il réussisse tout ce qu'il entreprend tandis que Mona échoue à faire du théâtre car elle n'est bonne qu'à séduire (je reviendrai sur ce point), et se comparant à des amis qui sont passés à côté de leur carrière artistique. Ulric, Kronski et tant d'autres ont voulu faire de l'art (que ce soit la peinture, l'écriture…) et ont finalement été rattrapés par le moule impitoyable de la société, qui consiste en cinq principes : travaille, gagne beaucoup d'argent, fonde une famille, vote et tais-toi. Miller se sent donc infiniment supérieur, mais il a peur aussi, car il y a un risque qu'il prenne ce chemin. (Mais bon, si on tient son livre dans sa main, c'est qu'on sait qu'il va y arriver, donc pas de souci…)

Parlons de Mona, maintenant ! C'est certainement le personnage le plus intéressant et ambigu de la trilogie… Elle est ce qu'on pourrait appeler un « personnage-caméléon », car elle s'adapte à chacun de ses interlocuteurs et porte sans cesse un masque, celui qui captivera le plus celui qu'elle veut séduire (elle arrive au début faire croire à Miller qu'elle est amatrice de littérature alors qu'elle n'y connaît rien). Elle fait cela de manière presque inconsciente, mais par conséquent, tout ce qu'elle dit n'a aucune valeur de vérité. Miller est ainsi incapable de savoir si elle a une famille, des frères, une soeur… Il ne sait rien de son passé car tout ce qu'elle lui dit ne peut être pris au sérieux.
Cependant, Mona a un rôle capital auprès d'Henry : c'est sa muse inspiratrice, une des rares personnes qui le soutiennent corps et âme dans son projet d'écriture. En cela, elle s'oppose complètement à Maude, qui le critique sans cesse. En fait, les deux sont opposées en tout : la première est une bohémienne (à ce qu'elle dit !), un être totalement libre qui n'a pas d'enfant et ne semble pas fait pour en avoir. Elle fascine complètement Henry, a une sexualité débridée et est infidèle. (Car oui, ce n'est pas dit explicitement, mais Mona trompe Miller plusieurs fois – mais bon, ce n'est pas très héroïque d'être cocu. Étant donné qu'elle est la seule source de revenu du ménage quand Henry divorce et quitte son travail alors qu'elle ne travaille pas, on comprend tout de suite comment elle arrive à payer le loyer.)
La seconde est une petite femme rangée qui n'aspire qu'à s'emprisonner dans moule de la société américaine, elle a une fille dont elle s'occupe à la place de son mari et n'attire pas (ou plus) ce dernier. Pour finir, elle est fidèle, elle, alors qu'elle a toutes les raisons de ne pas l'être.
On SUPPOSE que Mona aime Miller : ils s'installent ensemble, et ils finissent même par se marier – alors qu'ils sont tous deux contre toute forme d'autorité sociétale (religion, respect de l'ordre, de la justice, de la pudeur…), n'est-ce pas une jolie contradiction que voilà ? C'est bien une preuve que tout n'est pas dit – mais encore une fois, ça ne reste que de la spéculation, tellement ce personnage est insaisissable.

Le discours de Miller est contre-culturel : il s'oppose à la manière courante de voir les choses et ses critères de jugement sont différents de ceux promus par la société. Dans les années 20, aux États-Unis, le travail était extrêmement important. L'auteur, lui, dit grosso modo qu'il n'aime pas travailler parce qu'il ne peut pas faire ce qu'il veut : se lever tard, danser toute la nuit avec Mona, rester chez lui toute la journée, se promener... Il cherche clairement à choquer, et rabaisse tout ce qui nous paraît ne pas pouvoir être rabaissé : lors d'un entretien d'embauche, il coupe son possible futur employeur dans son speech et demande à aller aux toilettes, par exemple. Il n'a pas le job, bien sûr.

Je déteste Miller pour son égoïsme, sa perversité, sa critique de tout ce qu'a fondé la société (OK, c'est loin d'être parfait, je suis la première à le reconnaître. Mais des hommes se sont battus pour faire de leur mieux, et ça a mis plus de deux cents ans d'efforts pour créer tout cela). TOUT se rapporte au sexe : le titre du tome (Sexus), mais aussi celui de la trilogie : La Crucifixion en rose. Crucifixion parce qu'il meurt et renaît de ses cendres tel le Christ (en quittant son job, sa famille, sa vie puis en recommençant tout depuis le début) et en rose... Bah, parce que le sexe, quoi. Franchement, y a des fois où j'ai envie de la lui couper... Mais sa vie n'aurait plus aucun but, ce serait trop méchant.
Je dois tout de même reconnaître une chose : il écrit bien. La lecture est fluide et les pages se tournent facilement.

Mais pour ma part, j'ai eu ma dose et je m'arrête là. S'il voulait choquer, c'est réussi, et je repose, outrée, ce livre au fin fond de ma bibliothèque.
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Etrange bouquin que cette brique de plus de 650 pages. C'est une quasi autobiographie, que l'auteur nous livre par petits morceaux. Dans la vie réelle, Henry Miller a rompu un beau jour avec sa femme et sa fille, refusant une vie conventionnelle pour aller vivre « libre » en France, où il fut longtemps un « vagabond intellectuel » avant d'être reconnu comme écrivain de talent. Dans Sexus, Miller est séparé de sa femme qu'il voit encore de temps en temps, mais uniquement pour la baiser. C'est que Miller n'en fait qu'à sa tête, amoureux de l'insaisissable Mona, ce qui ne l'empêche pas de sauter sur toute femme qui bouge, car le sexe est pour lui une composante essentielle de l'existence. A cette époque il travaille encore, contre son goût car il voudrait devenir écrivain. Il n' a jamais un sou en poche et n'éprouve aucune gêne à taper ses amis, autres héros du livre, avec qui il se lance dans d'interminables discussions sur tout et sur rien, qui exigent du lecteur une grande patience, d'autant plus que le style est tout aussi embrouillé que le personnage. Ces pages ennuyeuses alternent avec celles où il décrit sa vie de tous les jours.
On le voit Henry Miller n'est pas facile à vivre. Egoïste, avec une haute conception de lui-même, il est incapable de faire la moindre concession, même pour des raisons morales, à ses pulsions, car pour lui tout compromis signifie lâcheté par rapport à son idéal de vie « libre ».
le livre a été longtemps interdit aux USA pour pornographie, accusation qui ne reflète pas la réalité : les passages crus ne sont que le reflet du caractère du personnage, entier dans tout ce qu'il fait.
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N'étant absolument pas une connaisseuse de l'auteur, je ne me sens pas légitime à critiquer négativement son écriture.
Mais je dois dire que je me suis profondément ennuyée pendant cette lecture.
Le rythme découpé, les phrases déstructurées, les parenthèses incessantes et interminables, ont eu raison de moi. Non pas que le contenu ne soit pas intéressant, la vie de l'auteur est plutôt folle et c'est ce qui m'a maintenu éveillée.
Les scènes crues peuvent en rebuter plus d'un (et elles ne sont même pas émoustillantes).
Je réitérai tout de même avec Henry Miller, et surtout je le ferai en version originale. Car je me demande si ce n'est finalement pas la traduction qui est la source de mes critique...
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