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Comment aborder la double question de la différence culturelle et cultuelle ? Comment évoquer l'Angleterre brumeuse et stricte et la Jamaïque ensoleillée et paillarde ? Comment lier Pearline Portious et Adamine Bustamente ? Comment retisser le lien mère-fille incisé dès la naissance ?
C'est un même geste, l'enfant remplace les parents et tout se trouble dans un délire de personnalité. Adamine Bustamente va passer sa vie à revendiquer qui elle est et se heurter d'emblée à l'Etat Civil. Erreur de ligne ou de case, erreur administrative, sur ses papiers Adamine sera Pearline, et la crieuse de vérité, passerelle entre le monde des esprits et le monde des hommes en oubliera parfois jusqu'à son vrai nom.
Qui est-on ?
Lorsqu'on est jamaïcaine et qu'on débarque dans l'austère Angleterre ? Qui est-on lorsqu'on est revivaliste et que cet art est ici une folie, là-bas un don ? Qui est-on lorsqu'on crie les paroles de Dieu tout haut et qu'ici, c'est l'asile, là-bas le respect infini ?
Adamine va voyager pendant tout le roman et l'écrivain jouer avec elle, et nous. En chapitrant son livre en parties distinctes, d'abord au style direct, façon confession et ensuite par le recueil malin des paroles d'Adamine, Kei Miller brouille la perception. Il propose un récit aussi tarabiscoté que l'esprit de son personnage et montre combien le trouble de l'esprit est une souffrance infinie.
L'authentique Pearline Portious est un roman délicat dont l'écriture, fortement évocatrice, renvoie le lecteur à sa propre attention. Chaque mot pèse et chaque anecdote peut se révéler capitale par la suite.
Un dernier mot sur l'objet, quelle belle collection ! Format, couverture, papier, tout est parfait ! Bravo à Zulma pour ça, et merci pour le livre Masse Critique.
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J'ai franchement été emballée par ce livre, et, du coup, ce n'est pas franchement facile de dire pourquoi. Je vais quand même tenter de débroussailler le sujet.
Le ton, d'abord, qui ne s'embarrasse pas d'être poli, ou plutôt policé. Je tire mon chapeau à Nathalie Carré, la traductrice, qui a restitué un parler coloré, vivant dans toute sa vigueur, sans pour autant que le lecteur ait l'impression que l'auteur ait été écrit ainsi simplement pour faire « couleur locale ». Non, c'est à la création d'un personnage dans toute sa justesse à laquelle nous assistons.
Parce que, pour être « juste », il faut aussi prendre le risque de croiser les regards, celui d'Adamine mais aussi celui de Monsieur Gratte-Papyé, l'écrivain venu retracer la vie de « L'authentique Pearline Portious ». Qui était-elle, d'ailleurs ? La mère, morte en mettant au monde sa fille, ou la fille, à qui on a donné le nom de sa mère par erreur – les joies de l'état civil jamaïcain. Et pourtant, la filiation est importante, plusieurs mères, déjà, ont guidé les pas de Pearline, plusieurs mères veilleront sur Adamine, et que toutes deux vivront des situations inimaginables, comme un conte de fée inversé.
Inversé, parce que nous ne sommes pas dans un joli château, nous sommes dans une léproserie, que certains ont connu, ou pas, mais dont nul ne conteste la présence de pensionnaires à temps pleins, ignorés de tous ou presque, abandonnés par leur famille, quand elle ne s'est pas (un peu) servi d'eux. Les moments de joie, ou simplement de répit ne durent guère, même les bandages multicolores de Pearline ne sauraient assurer qu'un peu, juste un peu d'apaisement dans un monde qui ne le leur permet même pas.
Inversé, parce que la révélation que subit la jeune Adamine la conduit non pas vers le bonheur, mais vers un état qui n'est pas si facile que cela à définir. Bien sûr, pour les occidentaux, le mot « folie » est celui qui convient. Pour les Jamaïcains, c'est toute autre chose, du moins, pour ceux qui vivent en Jamaïque. En Angleterre, là où certains vont pour accomplir un rêve, changer de vie, d'autres ne trouvent que la vie en Angleterre, telle qu'elle pouvait être en ces temps-là – et le constat est tout sauf optimiste.
S'il faut chercher un vent d'espoir d'ailleurs, il est plutôt dans les derniers chapitres, dans les paroles de monsieur Gratte-Papyè, qui redéfinit les fonctions de l'écriture et le rôle de l'écrivain. Les derniers mots du roman sont d'une grande force, et laissent une impression tenace. L'authentique Pearlin Portious ou un roman qui laisse espérer d'autres traductions d'oeuvres de cet auteur.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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