Une lecture qui débute avec une proposition du narrateur (?....) de planer avec lui dans les cieux, tel un oiseau, avec une vue spectaculaire sur la Terre.....afin de suivre l'histoire qu'il va nous raconter ....magnifique sensation qui nous fait déjà pressentir la magie de ce qui nous attend.
Nous voici en compagnie de Ma Taffy, dans sa communauté à Augustown, un quartier pauvre de la banlieue de Kingston, Jamaïque, dans les années 80. Une
Calamity Jane vieillissante, quasi aveugle, assise dans sa véranda quelque soit le temps, sa cigarette au cannabis au coin des lèvres. Une Rasta lady qui vit avec sa nièce Gina et le fils de celle-là, Kaia, un garçonnet de six ans. Dans ce pays de misère, ou les gangs sévissent, où Babylon ( la police ou autre agent de contrôle ici en l'occurrence les Blancs, qui "assurent le maintien" de l'injustice structurelle sociale ) régit avec ses propres lois, où l'individu normal est condamné à survivre, Ma Taffy incarne la sagesse et la mémoire de la communauté. Une communauté « libérée de ses chaînes », dont les rastafaris, qu'on va découvrir à travers son histoire et ses récits, et la fameuse légende du “Prêcheur volant “.
Une étrange atmosphère présageant l'autoclaps ( Suite inattendue et désagréable provoquée par un incident, à un problème considéré deja clos, réglé, ici dans le contexte de l'histoire des Rastas de la Jamaïque ) est déclenchée par un professeur haineux qui coupe les dreadlocks ( tresses) de Kaia, sacrilège absolu pour un Rasta.....
Navigant entre passé et présent, Ma Taffy, entourée de personnages haut en couleur, Maas Bilby, son feu beau-père petit délinquant " respectable", aux principes rigoureux ( il se rachète en faisant don d'une partie de ses vols à l'église ), son "petit-fils" Kaia, victime du terrible sacrilège , sacrilège qui coûtera la vie à d'autres, Gina, sa nièce, le seul personnage du livre incarnant l'espoir , Soft-Paw, l'ado-Superman, chef de l'Angola gang, qui cache ses armes chez elle, Ian Moody, le petit laveur de voitures, chef rasta, .....elle raconte l'histoire d'Augustown, ville emblématique du mythe de l'émancipation de la Jamaïque (1838).
Des gens pauvres dont la seule richesse est leur croyance, leur seul trésor qu'ils peuvent garder au fond de leurs coeurs et même cela, Babylone leur arrachera.
Une communauté qui se mue, mais où les armes remplace l'obeah (la magie occulte), et où les descendants des asservies n'arrivent pas à se libérer du joug de la misère,de la violence et de leur complexe racial.
Une fable moderne pleine de surprises, dont je préfère le titre original "Augustown “.
Lu en v.o., une langue magnifique, poétique, colorée qu'on déchiffre très vite malgré le vocabulaire patois jamaïcain.
Une lecture émouvante et magique à l'humour discret ! Ne ratez pas la procession des bobos shanties et l'expérience unique de planer, ce serait dommage !
Thank you Sister !
« ...tiny moments change wide futures,....small axes fell big trees,... »