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Adamine Bustamante vous dira qu'elle est née en Jamaïque dans une léproserie où sa mère Pearline Portious a vécu.
Celle-ci tricotait des napperons multicolores qui peu à peu ont servi de bandage aux habitants de la léproserie. Elle a mis au monde sa fille et elle est décédée. Mman Lazare, déjà âgée s'occupa de Adamine jusqu'à ses cent cinq ans.
L'histoire nous est contée par Adamine, crieuse de vérité de Jamaïque, et par l'écrivain qui veut raconter sa vie.
Leur récit s'entremêlera et alternera. Adamine raconte son histoire et rouspète après l'écrivain dans une sorte de français créole et c'est un des points forts de ce livre. Elle nous livre des morceaux très drôles avec cet écrivain.
J'ai beaucoup aimé ce récit alterné par ces deux voix nous apportant chacun une partie de l'histoire.
Un beau livre et une belle langue qui invite à voyager dans son univers.
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Pearline Portious est une jeune jamaïcaine qui se fait embaucher dans une léproserie où elle ramène avec elle vie et couleur. Mais elle décède en couches et c'est Mman Lazare, déjà 90 ans au compteur, qui va élever la petite Adamine. C'est elle qui raconte son histoire, elle la Crieuse de Vérité, et l'écrivain bien sûr, qui cherche à remettre les éléments du puzzle de sa vie dans le bon ordre...

J'ai vraiment cru pendant une bonne centaine de pages (la première partie en fait) de Kei Miller ferait un doublé, cumulerait 2 must-read sur 2, une première en 11 ans de lectures pour moi. Car ce poète a une écriture douce, sensible, chatoyante, réjouissante ; car ses histoires sont un mélange de féérie dans un monde brut et brutal. J'ai été embarquée par l'histoire de Pearline Portious dans cette léproserie, les interventions de sa fille Pearline Portious, alias Adamine Bustamante, qui tente de remettre les pendules à l'heure quand l'écrivain part dans de grandes envolées historiques.
Mais j'ai commencé à moins être accaparée quand la première Pearline nous quitte et que le récit se concentre sur la vie pour le moins étrange d'Adamine qui voit les esprits et devient prophétesse. Certes, le récit est toujours aussi bien mené par l'auteur, mais Adamine, par sa force surprenante sans doute et son anticonformisme bourru, est beaucoup moins attachante que sa paisible mère qui vivait sur un arc-en-ciel vraiment apaisant.
L'intrigue que suit l'auteur, dont le grand mystère est révélé petit à petit dans les derniers chapitres, a un goût étrange qui colle moyennement avec l'ambiance installée dans le début du récit, se concentrant au fur et à mesure des pages sur une filiation perdue née d'un viol et de conditions de vie abusives. Adamine est aussi envoyée en Angleterre où elle va être prise pour folle parce qu'on n'y a pas les mêmes croyances qu'en Jamaïque en matière de superstitions et prophéties. C'est dans ce fait que le lecteur français lui-même européen se sent sûrement déconnecté de la magie qu'un tel personnage peut dégager dans les Caraïbes. La fin, attachée à ce point, m'a du coup carrément laissée de marbre et je me suis sentie éloignée du propos, non sans une certaine frustration, d'autant plus que la fin est longue à se mettre en place.
Néanmoins, ça reste un roman à lire, moins fort toutefois que son petit frère By the Rivers of Babylon. Kei Miller est un auteur incroyable avec un énorme talent de conteur et un style vrai et vivant. On ne peut s'empêcher de s'impatienter de voir un troisième roman publié...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Qui est vraiment Pearline Portious ?

Au fil du récit, mêlant les voix d'un narrateur enquêteur, qui veut connaître le fin mot de l'histoire de Pearline Portious, et d'une vieille femme qui lui raconte contre mauvaise fortune bon coeur cette histoire, se reconstituent des vies, banales, heureuses comme tragiques, menées par une intrigue qui oscille entre vérité et invention, racontées par une plume dense, à la rythmique travaillée pour de la prose – cela se ressent en effet déjà grandement avec la traduction –, au langage multiple qui syncrétise traditions jamaïcaines et culture occidentale.

Derrière cette histoire, c'est aussi toute la littérature, et la création littéraire, qui sont questionnées, dans leur capacité, ou non, à raconter la réalité des évènements, sans à aucun moment les modifier, que ce soit dans un but moral, ou plus encore esthétique.

Moi qui avais adoré By the rivers of Babylon, j'ai encore une fois été séduite par ce roman de Kei Miller, le premier publié en France. Je vais essayer de me procurer ses oeuvres poétiques en VO, elles m'interpellent en effet grandement.
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Ce roman est incroyable, l'histoire comme le style m'ont beaucoup marquée !
La langue utilisée par Kei Miller est tellement vivante et colorée, elle nous dépayse. Un grand bravo d'ailleurs à la traductrice qui a réussi à retranscrire les paroles d'Adamine en une sorte de créole jamaicain. Il faut noter que la lecture n'en est pas pour autant difficile, au contraire elle est fluide et pimentée par cette langue si ensoleillée.
Hormis le langage, j'ai également beaucoup aimé la double narration, et le fait qu'Adamine se joue de Monsieur gratte-papyè derrière son dos, nous rendant complice de son espièglerie.
Parlons maintenant de l'histoire, si atypique. Elle débute dans une léproserie aux couleurs de l'arc-en-ciel dans une Jamaïque inondée de soleil. Avez-vous déjà vu un début aussi original ? Kei Miller par la suite nous décrit certaines coutumes locales à travers le destin de l'authentique Pearline Portious et dans un récit très vivant.
J'ai été très intriguée par le revivalisme, qui semble être un mélange de religion et de pratiques vaudous, ainsi que par les "crieurs de vérité" sur lesquels j'aimerais me renseigner davantage.
Kei Miller souligne un point intéressant : l'Angleterre a catalogué un peu facilement certaines coutumes et pratique locales comme folie, n'essayant pas de comprendre leur religion et leur croyance.
Je ne rends malheureusement pas assez honneur à mon goût à ce roman qui m'a transporté. J'ai hâte de me lancer dans un autre livre de cet auteur !
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« Dans not'monde, y a connaissance à foison, assez pour que t'en prennes et que t'en laisses. Si t'as envie, tu peux refuser de croire plein de choses et pas t'occuper de comment ces choses-là sont vraies-vraies. Je sais des choses que tu connais pas, et que tu connaîtras jamais. »

Et si ce livre était arrivé devant mes yeux comme une prophétie ? de celle qui prédit une lecture prenant possession de toute mon attention , sans temps mort tant ces deux voix sont envoûtantes. Je me suis posée sur le toit de la léproserie , y ai détricoté chaque page afin de ne pas en perdre un fil tant la couleur de ce roman est saisissante de beauté. Je me suis employée à profiter de chaque ligne tant l'écriture de Kei Miller est distinguée et éclatante , me suis nourrie de cette histoire délicieuse mettant en face à face le créole d'Adamine , précipice de lyrisme qui évoque le folklore et les rites de Jamaïque, face à un Occident hermétique , emprisonné dans un gouffre d'obstination bornée et arrogante. J'ai lu ce pouvoir des mots , celui qui sans détours nous procure un immense plaisir de lecture , y ai croisé le choc des cultures, dressé et inapprivoisé , retranscrit par cette découverte à ne pas laisser de côté. L'authentique Pearline Portious est une petite merveille et je baille pas des paroles en l'air...
Ainsi s'est arrêté mon immersion, là, à la dernière page , j'ai regardé une dernière fois Adamine se retirer , l'histoire est terminée , elle défilait encore dans ma tête alors que mon regard enregistrait Monsieur Gratte-Papyè , « Kei Miller»...

Un énorme coup de coeur !

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J'ai franchement été emballée par ce livre, et, du coup, ce n'est pas franchement facile de dire pourquoi. Je vais quand même tenter de débroussailler le sujet.
Le ton, d'abord, qui ne s'embarrasse pas d'être poli, ou plutôt policé. Je tire mon chapeau à Nathalie Carré, la traductrice, qui a restitué un parler coloré, vivant dans toute sa vigueur, sans pour autant que le lecteur ait l'impression que l'auteur ait été écrit ainsi simplement pour faire « couleur locale ». Non, c'est à la création d'un personnage dans toute sa justesse à laquelle nous assistons.
Parce que, pour être « juste », il faut aussi prendre le risque de croiser les regards, celui d'Adamine mais aussi celui de Monsieur Gratte-Papyé, l'écrivain venu retracer la vie de « L'authentique Pearline Portious ». Qui était-elle, d'ailleurs ? La mère, morte en mettant au monde sa fille, ou la fille, à qui on a donné le nom de sa mère par erreur – les joies de l'état civil jamaïcain. Et pourtant, la filiation est importante, plusieurs mères, déjà, ont guidé les pas de Pearline, plusieurs mères veilleront sur Adamine, et que toutes deux vivront des situations inimaginables, comme un conte de fée inversé.
Inversé, parce que nous ne sommes pas dans un joli château, nous sommes dans une léproserie, que certains ont connu, ou pas, mais dont nul ne conteste la présence de pensionnaires à temps pleins, ignorés de tous ou presque, abandonnés par leur famille, quand elle ne s'est pas (un peu) servi d'eux. Les moments de joie, ou simplement de répit ne durent guère, même les bandages multicolores de Pearline ne sauraient assurer qu'un peu, juste un peu d'apaisement dans un monde qui ne le leur permet même pas.
Inversé, parce que la révélation que subit la jeune Adamine la conduit non pas vers le bonheur, mais vers un état qui n'est pas si facile que cela à définir. Bien sûr, pour les occidentaux, le mot « folie » est celui qui convient. Pour les Jamaïcains, c'est toute autre chose, du moins, pour ceux qui vivent en Jamaïque. En Angleterre, là où certains vont pour accomplir un rêve, changer de vie, d'autres ne trouvent que la vie en Angleterre, telle qu'elle pouvait être en ces temps-là – et le constat est tout sauf optimiste.
S'il faut chercher un vent d'espoir d'ailleurs, il est plutôt dans les derniers chapitres, dans les paroles de monsieur Gratte-Papyè, qui redéfinit les fonctions de l'écriture et le rôle de l'écrivain. Les derniers mots du roman sont d'une grande force, et laissent une impression tenace. L'authentique Pearlin Portious ou un roman qui laisse espérer d'autres traductions d'oeuvres de cet auteur.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Comment aborder la double question de la différence culturelle et cultuelle ? Comment évoquer l'Angleterre brumeuse et stricte et la Jamaïque ensoleillée et paillarde ? Comment lier Pearline Portious et Adamine Bustamente ? Comment retisser le lien mère-fille incisé dès la naissance ?
C'est un même geste, l'enfant remplace les parents et tout se trouble dans un délire de personnalité. Adamine Bustamente va passer sa vie à revendiquer qui elle est et se heurter d'emblée à l'Etat Civil. Erreur de ligne ou de case, erreur administrative, sur ses papiers Adamine sera Pearline, et la crieuse de vérité, passerelle entre le monde des esprits et le monde des hommes en oubliera parfois jusqu'à son vrai nom.
Qui est-on ?
Lorsqu'on est jamaïcaine et qu'on débarque dans l'austère Angleterre ? Qui est-on lorsqu'on est revivaliste et que cet art est ici une folie, là-bas un don ? Qui est-on lorsqu'on crie les paroles de Dieu tout haut et qu'ici, c'est l'asile, là-bas le respect infini ?
Adamine va voyager pendant tout le roman et l'écrivain jouer avec elle, et nous. En chapitrant son livre en parties distinctes, d'abord au style direct, façon confession et ensuite par le recueil malin des paroles d'Adamine, Kei Miller brouille la perception. Il propose un récit aussi tarabiscoté que l'esprit de son personnage et montre combien le trouble de l'esprit est une souffrance infinie.
L'authentique Pearline Portious est un roman délicat dont l'écriture, fortement évocatrice, renvoie le lecteur à sa propre attention. Chaque mot pèse et chaque anecdote peut se révéler capitale par la suite.
Un dernier mot sur l'objet, quelle belle collection ! Format, couverture, papier, tout est parfait ! Bravo à Zulma pour ça, et merci pour le livre Masse Critique.
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Une belle découverte que ce roman !
Une belle qualité d'écriture de l'auteur lorsqu'il fait parler Pearline et Adamine. J'ai trouvé cela tellement vivant, spontané, j'ai été embarqué ! Et leur histoire est belle. Triste mais belle. J'ai moins aimé lorsqu'il s'agit du gratt papyé qui écrivait car trop conventionnel. Dans tous les cas, que ce soit à la léproserie, ou à l'asile, ou en Angleterre, c'était émouvant et beau. Ces femmes sont formidables, vive Pearline !
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L'authentique Pearline Portious de Kei Miller m'a transporté jusqu'en Jamaïque. Île où les légendes affluent. Étrange roman qui vous envoûte et qui vous donne envie de retrouver Kei Miller pour de nouvelles aventures.

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Une complicité, un jeu s'installent entre l'écrivain " Gratte-Papyè " et Adamine Bustamante pour faire émerger les souvenirs de la vie de celle-ci.
Adamine s'exprime en créole ( difficultés à décrypter au début ! ) avec réalisme, beaucoup de poésie, d'originalité et des expressions atypiques..."Gratte-Papyè "est venu de Londres pour connaitre la véritable histoire de Pearline Portious ! mais..en fait :
Adamine est la fille de Pearline, elle est née en Jamaïque dans une léproserie ou sa mère tricotait des bandages " arc en ciel "...au décès de sa maman, elle va être prise en charge par Mman Lazare, puis par Mman L'Evéque et instruite dans la "pensée" revivaliste...
Elle va recevoir des " Mises en garde " ( prophéties ) qui vont la rendre célèbre et puissante comme " Crieuse de Vérités"...mais elle va être obligée de partir en Angleterre pour obéir au Capitaine Lucas ( son grand amour ! ) et épouser Milton...
Mariage malheureux, non consommé dans un pays qui lui est hostile et, qui va se terminer par un internement en asile psychiatrique...d'autres découvertes, aventures vont l'attendre ( en particulier celle avec un certain jardinier qui va jouer un rôle dans le récit ! ).
Adamine est une "hèroine" attachante, optimiste, authentique à la répartie facile et pleine de bon sens ...elle n'est pas si "tok-tok" que cela "pasque" elle se raconte par chemins "zig-zag-là" au "Gratte-Papyè"...j'ai adoré ce personnage et le style "parlé" de Kei Miller..
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