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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Dans not'monde, y a connaissance à foison, assez pour que t'en prennes et que t'en laisses. Si t'as envie, tu peux refuser de croire plein de choses et pas t'occuper de comment ces choses-là sont vraies-vraies. Je sais des choses que tu connais pas, et que tu connaîtras jamais. »

Et si ce livre était arrivé devant mes yeux comme une prophétie ? de celle qui prédit une lecture prenant possession de toute mon attention , sans temps mort tant ces deux voix sont envoûtantes. Je me suis posée sur le toit de la léproserie , y ai détricoté chaque page afin de ne pas en perdre un fil tant la couleur de ce roman est saisissante de beauté. Je me suis employée à profiter de chaque ligne tant l'écriture de Kei Miller est distinguée et éclatante , me suis nourrie de cette histoire délicieuse mettant en face à face le créole d'Adamine , précipice de lyrisme qui évoque le folklore et les rites de Jamaïque, face à un Occident hermétique , emprisonné dans un gouffre d'obstination bornée et arrogante. J'ai lu ce pouvoir des mots , celui qui sans détours nous procure un immense plaisir de lecture , y ai croisé le choc des cultures, dressé et inapprivoisé , retranscrit par cette découverte à ne pas laisser de côté. L'authentique Pearline Portious est une petite merveille et je baille pas des paroles en l'air...
Ainsi s'est arrêté mon immersion, là, à la dernière page , j'ai regardé une dernière fois Adamine se retirer , l'histoire est terminée , elle défilait encore dans ma tête alors que mon regard enregistrait Monsieur Gratte-Papyè , « Kei Miller»...

Un énorme coup de coeur !

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J'ai franchement été emballée par ce livre, et, du coup, ce n'est pas franchement facile de dire pourquoi. Je vais quand même tenter de débroussailler le sujet.
Le ton, d'abord, qui ne s'embarrasse pas d'être poli, ou plutôt policé. Je tire mon chapeau à Nathalie Carré, la traductrice, qui a restitué un parler coloré, vivant dans toute sa vigueur, sans pour autant que le lecteur ait l'impression que l'auteur ait été écrit ainsi simplement pour faire « couleur locale ». Non, c'est à la création d'un personnage dans toute sa justesse à laquelle nous assistons.
Parce que, pour être « juste », il faut aussi prendre le risque de croiser les regards, celui d'Adamine mais aussi celui de Monsieur Gratte-Papyé, l'écrivain venu retracer la vie de « L'authentique Pearline Portious ». Qui était-elle, d'ailleurs ? La mère, morte en mettant au monde sa fille, ou la fille, à qui on a donné le nom de sa mère par erreur – les joies de l'état civil jamaïcain. Et pourtant, la filiation est importante, plusieurs mères, déjà, ont guidé les pas de Pearline, plusieurs mères veilleront sur Adamine, et que toutes deux vivront des situations inimaginables, comme un conte de fée inversé.
Inversé, parce que nous ne sommes pas dans un joli château, nous sommes dans une léproserie, que certains ont connu, ou pas, mais dont nul ne conteste la présence de pensionnaires à temps pleins, ignorés de tous ou presque, abandonnés par leur famille, quand elle ne s'est pas (un peu) servi d'eux. Les moments de joie, ou simplement de répit ne durent guère, même les bandages multicolores de Pearline ne sauraient assurer qu'un peu, juste un peu d'apaisement dans un monde qui ne le leur permet même pas.
Inversé, parce que la révélation que subit la jeune Adamine la conduit non pas vers le bonheur, mais vers un état qui n'est pas si facile que cela à définir. Bien sûr, pour les occidentaux, le mot « folie » est celui qui convient. Pour les Jamaïcains, c'est toute autre chose, du moins, pour ceux qui vivent en Jamaïque. En Angleterre, là où certains vont pour accomplir un rêve, changer de vie, d'autres ne trouvent que la vie en Angleterre, telle qu'elle pouvait être en ces temps-là – et le constat est tout sauf optimiste.
S'il faut chercher un vent d'espoir d'ailleurs, il est plutôt dans les derniers chapitres, dans les paroles de monsieur Gratte-Papyè, qui redéfinit les fonctions de l'écriture et le rôle de l'écrivain. Les derniers mots du roman sont d'une grande force, et laissent une impression tenace. L'authentique Pearlin Portious ou un roman qui laisse espérer d'autres traductions d'oeuvres de cet auteur.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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On le sait, toute bonne histoire commence par il était une fois. Celle-ci ne déroge pas à cette règle, mais là où la suite de la phrase habituelle fait naître l'espoir de princesses et de princes, Kei Miller lui, écrit : "Il était une fois une léproserie en Jamaïque". le décor est alors planté, loin des contes de notre enfance. Et la suite ? Eh bien, excellente, ce n'est pas sans raison que je fais de ce roman l'un de mes coups de coeur. L'authentique Pearline Portious a été écrit avant By the rivers on Babylon, que j'ai chroniqué et aimé -ou vice-versa. J'y retrouve tout ce que j'ai décrit et qui m'avait emballé, cette langue magique et puissante, sorte de créole jamaïcain qui ravit mes sens. Lorsqu' Adamine s'exprime, c'est un festival et les images affluent, les mots ou expressions sont orthographiés bizarrement et c'est tant mieux :

"Mman Lazare et moi, on a aussi la même peau, noire comme le plus profond de la nuit. A l'école, les ti-gars disaient toujours : Adamine, tu peux pas la voir dans l'noir, sauf quand elle sourit. Mais bon, j'avoue : la chose vraie de Monsieur Gratte-Papyè qu'écrit mon histoire, c'est ce qu'il dit de Mman Lazare, ça, c'est vrai. Mman Lazare, c'était un très vieux ti-bout femme avec cheveux anpil qui portait toujours deux chemises l'une sur l'autre." (p.52)

Certains néologismes peuvent surprendre voire questionner, mais très vite on s'y fait et on en redemande. Lorsque c'est l'écrivain qui s'exprime, la langue est différente, plus classique. Un bel exercice de style, très convaincant.

L'histoire est folle, la vie d'Adamine peu commune et en plus de cela, Kei Miller y ajoute des personnages secondaires très particuliers eux-mêmes, un contexte religieux lui-même particulier : les Revivalistes, mouvement jamaïcain qui tente de relancer une foi chrétienne mâtinée de vaudou et des croyances locales, si j'ai bien compris (mais je ne parierai pas un kopeck là-dessus, d'autant plus que je n'ai rien trouvé comme info sur cette église). Adamine en devient une prophétesse, une "crieuse de vérité". L'ouvrage est foisonnant et il n'est pas une page qui n'apporte pas sa surprise, son moment d'engouement au lecteur. En outre, lorsque l'on sent la fin proche, le romancier nous prend à revers et la bâtit différemment de tout son texte précédent. On entre alors dans un roman à tiroirs, divers intervenants expliquant leurs rôles dans les vies de Pearline Portious et d'Adamine Bustamante. On n'est pas dans un polar, mais néanmoins, une interrogation tend ces dernières pages.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman surprenant, fou, magnifique, d'une beauté incomparable. Il existe dans sa version grand format parue en 2016 et dans sa version poche de 2017, les deux chez Zulma.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Kei Miller est jamaïcain, et il réussit à nous faire découvrir autre chose de cet île que le reggae et 'une nonchalance proverbiale. "L'authentique Pearline Portious" est un livre plein d'invention, de rires, d'images qui tissent le destin hors du commun d'un mère et de sa fille qui semblent ne choisirent qu'à moitié leur vie, mais l'assument intégralement, et dans tous ses excès. La langue très imagée de l'auteur, et pleine d'expressions locales et d'invention ne perd rien en passant au Français grâce à une traduction impeccable, et on se laisse porter par l'histoire de ces femmes souvent tragique, mais surtout incroyablement émouvante.
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La première folie ne vient-elle pas de celui qui la définit en premier?

Roman sur l'altérité avec un grand A. L'Autre est celui qui a tord, celui qui ment contrairement à Nous.
Pour ceux qui voudraient pousser plus loin la réflexion à lire de Gabel "Mensonges et Maladies Mentales" chez l'éditeur Allia.
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Un roman foisonnant de vie aux personnages très attachants.
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