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Citations sur Un homme (27)

Il faut un froid de chien, dit l’homme à son caddie, ne reste pas dehors, tu grelottes. Ne reste pas tout seul, notre place nous contient, tu vois bien, viens plus prêt… Serre-toi, dit-il, serre-toi, l’endroit est blanc de gel mais notre place, dit l’homme, est toute rose de soleil.
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Qui court après l’avenir ne connaît pas comme nous les fabuleuses distances du présent.
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Il n’a pas de ticket, il est l’homme sans papiers, l’homme sans valises qui guette, un voleur, un fraudeur, un détrousseur de lits, qui glisse, qui se faufile, s’assoit clandestinement sur le terrain d’autrui, s’y installe, vole sa place, un saboteur en somme des dîners entre amis, des matinées tranquilles, du repos mérité, de la douceur de vivre, et un fauteur de troubles.
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Le réveil est ainsi, tous les jours de sa vie, une entrée dans le vif pour l’homme de la ruelle. Il doit recommencer, mettre son corps debout, extirper du néant son âme ratatinée. Il doit compter chaque jour sur l’état déplorable de ses pieds, repasser par l’exil, s’évader en sous-main, incessamment en fuite sur la ligne de départ et sans droit devant le mur.
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Ils ne savent pas non plus que nous nous réchauffons aux animaux qui passent, nous regardent, dit l'homme, puis s'en vont vivre leur vie. Un chat ..., un chien, une souris... Une colonne de fourmis - simplement ça, dit l'homme - est capable de nous bluffer. Ce n'est pas rien, tu sais. Des heures entières parfois. Aussi émerveillé par la course héroïque qui se joue devant nous que par ces petites pattes qui vont à toute allure et semblent n'appartenir qu'à un seul corps têtu. Il y a tant de beauté dans cette nécessité, tant de beauté, c'est vrai, et tant de cruauté. Parce qu'elle ne vaut plus rien celle qui s'est égarée au plus loin de la colonne, celle qu'un coup de vent trop fort a propulsée là-bas du côté du talus où se perdent les phéromones !... Quelle misère pour celle-là et quelle tristesse pour nous de la voir s'acharner sur le même bout de feuille, tourner pendant des heures, retracer plus de cent fois la même piste fermée...
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Les uns et les autres ne pensent pas que quand ils sont partis, les choses restent. Ils ont besoin de changements et toujours de nouveautés. Leur insatisfaction est permanente, tu vois. Et nous qui sommes ici, perpétuellement logés au bord du même fossé, nous avons la rareté. Nous avons la rareté, dit l’homme à son caddie, sans l’ennui, tu comprends ?
Alors ! De quoi nous plaignons-nous ?
Sans excès. Sans avenir. À force d’aller et venir, de refaire tous les jours ce qu’on a fait la veille, tout, nous le voyons mieux. Tout, nous le faisons mieux. Qui court après l’avenir ne connaît pas comme nous les fabuleuses distances du présent. Regarde ! Ils sont partis. Partis. Ils partent, tu vois, petit. Pour les autres, tu vois, rien n’est jamais ici. Rien n’est jamais maintenant. Ils s’en vont… ils s’en vont… D’ici, nous la voyons, l’évasion par petits groupes, les rues pleines tout à coup, et rien, et rien au bout…
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On t’avait jeté là. Et pourtant tu roulais, tu n’avais rien de cassé, rien du tout, quelle bêtise ! Rien de cassé bon sang et quand même te jeter !
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Et comme c’est difficile d’écarter simplement des bras qui sont pendus ! Qui n’ont plus de volonté ! Quant aux doigts, je le redis, il n’en est pas question, aucun n’est autonome.
Et on ne les sent plus.
Et le vent pendant ce temps qui ne se lasse jamais !... Mais à quoi bon, je dis, maudire ce qui revient. D’abord sous les aisselles, puis les poches de la veste. Une lutte sans merci. Presque perdue d’avance, mais on s’en est tiré. Le tissu. Quelle misère ! Se cogner au tissu. Le tissu. Le tissu. Au passage des deux poches. Pas un simple tissu. Un simple tissu de poche. Non. Du verre. Du verre coupant. Et c’est comme écarter deux rangées de tessons pour pénétrer dedans. Voilà, dit l’homme, voilà, l’étendue des horreurs qu’il nous faut endurer avant d’être tranquilles. Avant de se loger dans la moiteur d’un creux. Sous nos bras décharnés. Puis dans l’antre des poches…

***

J’ai le plaisir de vous informer qu’une rencontre autour de mon roman,
« Un homme », se tiendra à la librairie Jonas, le jeudi 18 novembre à partir de 20 heures.
Cette soirée sera animée par Joseph Danan qui a fait la préface du livre.
Je lirai quant à moi un extrait de mon texte et la soirée se poursuivra autour du verre de l’amitié.
Joie de vous rencontrer à cette occasion, peut-être...

Informations pratiques consultables sur mon site à la page « Actualités » dont voici le lien :

https://www.christinamirjol.com/actualit%C3%A9/
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Les uns et les autres ne connaissent pas, dit l’homme, la glace que nous portons la nuit sur nos épaules, qui croît pendant nos rêves, nous entoure d’une calotte d’un crépuscule à l’autre. Ils ne savent rien de ça, ils vont ici et là, se déplacent comme des bulles.
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Le réveil est ainsi, pour l'homme de la ruelle, tous les jours de sa vie la montagne se renverse, le fleuve sort de son lit, le vent emporte les toits, le feu noircit les bois des collines verdoyantes, chaque jour une avalanche, un orage qui approche, un impact de foudre. Puis, la montée du jour fait son oeuvre de sauvetage, débarrasse les décombres, dissout les dernières ruines, l'homme est déjà debout, il n'a pas le temps de pleurer et c'est un jour de plus, il est vivant, vivant et c'est encore la vie. Sa vie.
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